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256-bit encryption Exp 8 juillet 2020 |
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DES ANGES DANS LA VIE QUOTIDIENNE
Un après-midi de janvier à Fremont en plein coeur de la Silicon Valley, je venais de terminer la visite de l'usine d'assemblage des ordinateurs portables Grid. Avec mon amie, nous reprîmes notre voiture de location et après avoir cherché pendant dix minutes, finîmes par trouver le chemin de la Highway 101 qui nous ramenait à San Francisco. Sur l'autoroute, tout paraissait normal, calme. La journée était ensoleillée et, ne conduisant pas, je regardais les gros camions bien américains, étincelants de tous leurs chromes que nous doublions, lorsque soudain, sans même réfléchir, je me jetai sur ma gauche. Dans la seconde qui suivait, une balle traversait le pare-brise, exactement en face de la place passager. Ma place. Une heure plus tard après le constat (obligatoire pour l'assurance) de la Highway Patrol qui nous a rassurés en précisant qu'il s'agissait d'un incident (sniper) relativement courant (sic), je me demandais pourquoi je m'étais jeté sur la gauche AVANT l'impact de la balle sur le pare-brise. Plus tard, en discutant avec d'autres journalistes, je découvris que je n'étais pas le seul à qui ce genre de phénomène était arrivé. D'autres confrères -journalistes ou photographes de presse- me racontèrent comment au moment même de la mort impossible à éviter, quelque chose d'inexplicable leur avait sauvé la vie, quelque chose qui n'avait pas une chance sur un million d'arriver. Et la plupart d'entre eux m'expliquèrent que le temps s'était soudain suspendu et qu'ils avaient commencé à revoir leur vie, mais comme "hors du temps". Phénomène inexplicable, donc on le range dans un coin de la mémoire. Mais l'anecdote resurgit au hasard d'un dîner lorsqu'une autre personne en parle "Tiens, justement un truc comme ça m'est arrivé au Liban, en Irak, etc." Moi aussi j'avais oublié. Puis après une enquête sur le phénomène de la vie après la mort, je ne pus m'empêcher d'établir un rapprochement entre les expériences aux frontières de la mort et ces anecdotes de journalistes, de photographes et de pilotes sauvés in extremis par une voix ou une action inexpliquée. Tous avaient en commun soit le "temps suspendu", soit le "défilement de leur vie en trois dimensions", parfois les deux. Alors je me plongeai dans les expériences aux frontières de la mort, ou de la vie, au choix. Un entretien avec le Dr Devawrin allait définitivement me convaincre: ce médecin avait passé sa thèse de médecine sur le sujet dans un lieu d'observation particulièrement propice, le service de réanimation de l'hôpital de Garches ( Banlieue de Paris. ) qui hérite des accidentés graves du périphérique parisien. Pour aller plus loin, je proposai même le sujet lors d'une conférence de rédaction du "Quotidien de Paris" et il fut accepté. Cette fois-ci, l'enquête sur les expériences aux frontières de la mort, NDE ( De l'anglais Near Death Experience, signifiant expérience aux frontières de la mort. ) , était devenue un leitmotiv. Je voulais vraiment savoir ce qui se passait au moment de la mort. Après quelques semaines d'investigation, j'étais plus que troublé: en acceptant le principe d'une vie après la mort à la suite de cette enquête, je me trouvai confronté à un dilemme: si la vie ne cesse pas après la mort, alors les textes religieux que je considérais comme des histoires de vieux barbus n'étaient pas si idiots que cela. J'étais bien ennuyé. Avant cet article, la résurrection du Christ ne signifiait rien de plus pour moi qu'un week-end prolongé grâce au pont de Pâques. Or que représentaient finalement toutes ces expériences aux frontières de la mort, sinon des histoires de résurrections modernes? Cela m'agaçait tant que je fis comme tout le monde, je préférai oublier. Cela m'obligeait à trop réfléchir et le dolorisme des catholiques m'avait toujours horrifié.
Cependant, tout finit par me retomber dessus un soir,
en écoutant une chanson de Jean-Louis Murat à propos de son
Ange gardien. Je me suis bêtement demandé si j'avais moi
aussi un Ange gardien et cette idée me sembla aussi idiote
que romantique. Mais moins d'une heure plus tard, dans une
librairie, je trouvais, par hasard, un livre sur les Anges.
Le sujet éveilla mon intérêt, un intérêt purement
intellectuel cependant. Mais plus je me passionnai pour le
sujet et plus les signes, dans un enchaînement de
coïncidences invraisemblables, fusaient. Cette première
question avait allumé la mèche d'une bombe qui me coûtait
une fortune en livres. Petit à petit, j'eus le sentiment
étrange qu'un dialogue invisible s'était instauré entre ce
supposé Ange et moi. Un dialogue que Jung a nommé
synchronicité. Il ne s'agissait pas de dialogues au sens
propre du terme, mais plus exactement de signes qui n'ont de
sens que pour vous et personne d'autre. Par exemple, vous
marchez dans la rue et vous vous demandez très sérieusement
si l'Ange gardien n'est pas simplement un produit de votre
imagination et de celle des autres, et juste à ce moment-là,
une fille passe devant vous, portant un T-shirt avec des
ailes dans le dos!
La première fois, vous vous dites qu'il s'agit d'un pur
hasard. La deuxième fois, lorsque quelqu'un vous offre un
livre d'art sur les Anges, vous pensez que c'est une
véritable coïncidence. La troisième fois, vous recevez une
lettre commençant par "tu as été mon Ange gardien" d'une
personne que vous avez connue bien avant votre soudaine
passion et vous vous dites que c'est une simultanéité
incroyable. A la quatrième fois, vous ne trouvez plus de
mots. Au bout de la dixième fois, vous déclarez forfait et à
la vingtième, vous parlez très sérieusement à votre Ange. A
ce moment-là, ses réponses vous surprennent au détour d'une
rue, d'un livre, d'une personne, d'une lettre ou d'un coup
de téléphone. Je me souviens qu'un jour je décrochai le
téléphone et au bout du fil, une personne que je devinais
âgée me demanda si elle était bien à l'église Sainte-Marie
des Anges. J'en restai quasiment sans voix.
Ensuite l'Ange prend l'habitude de vous "parler" en
permanence, toujours par signes interposés. Parfois la
raison cartésienne vous rappelle à l'ordre et, à nouveau,
vous vous demandez très sincèrement si vous n'êtes pas
devenu fou et si vous ne voyez pas des signes là où il n'y
en a aucun. Vous commencez même à douter de votre santé
psychologique. A ce moment là, un signe encore plus
impressionnant vous assomme littéralement. Je me trouvais
dans ce cas précis, en 1990 à Las Vegas où "Le Quotidien"
m'avait envoyé couvrir le Comdex, une exposition
informatique. Plus que jamais je "doutais", persuadé d'être
bon pour l'asile. Un matin, je marchais donc sur le "Strip"
lorsque la croix d'un clocher attira mon attention. Bien
qu'en étant à mon cinquième séjour consécutif à Las Vegas,
je n'avais jamais remarqué une église. Et c'est vraiment par
curiosité que je me dirigeai vers elle, voulant savoir à
quoi ressemblait une église dans la capitale du jeu et de la
prostitution. A la lecture de son nom, "Guardian Angel
Cathedral, Bishop of Nevada", je demeurai paralysé pendant
une bonne minute. C'était incroyable. C'est même la seule
église aux Etats-Unis qui porte ce nom.
Cependant, plus j'obtenais de signes et moins j'y
croyais, m'entêtant à penser qu'il ne s'agissait que de
pures coïncidences. Un jour pourtant, je crus sincèrement
être devenu fou. J'avais trouvé dans une librairie
d'occasions un magnifique missel en latin de la fin du XIXe,
appelé "Missel des Anges". Voulant dater et surtout obtenir
plus de précisions sur le ou les auteurs de cet ouvrage
enluminé, je demandai à l'archevêché de Paris le nom d'un
bibliothécaire qui pourrait m'éclairer. On m'indiqua le nom
d'un moine dont je tairai ici l'appartenance. Au téléphone,
il me fixa rendez-vous pour le dimanche suivant, après
l'office. Le jour dit, après une messe célébrée par un
prêtre qui ne cessa de parler d'Anges, je demandai à un
religieux de me présenter le frère X. Lorsqu'il me le
désigna, je découvris avec une agréable surprise qu'il
s'agissait justement du prêtre, un homme d'une trentaine
d'années au visage souriant, avec un je ne sais quoi de
féminin. Il m'emmena dans son bureau, prit le missel,
l'examina avec une loupe et me donna des renseignements
intéressants, précisant toutefois qu'il ne connaissait pas
cet ouvrage. Je n'étais pas vraiment avancé. Quand je voulus
l'orienter sur les Anges, le frère X m'arrêta. Il se leva,
signifiant la fin de l'entretien et me dit: "les Anges, les
apparitions de la Vierge et toutes ces stupidités, je n'y
crois pas". Ce fut le coup de grâce que j'attendais
inconsciemment. Je m'installai au volant de ma voiture en me
demandant pourquoi je devais croire aux Anges si même un
prêtre ordonné n'y croyait pas lui-même...
Pourtant, quelque part, (curieuse cette expression
"quelque part", où?) cela m'avait attristé. Je m'étais
attaché sinon à mon Ange, du moins à l'idée d'en posséder
un. Et après ce rendez-vous, c'était comme s'il s'était
évanoui en fumée. C'était la fin d'une belle amitié
invisible.
Mais on ne se débarrasse pas comme ça d'un Ange
gardien. Cet incident fut une sorte de boomerang, un
révélateur. L'Ange se comporte comme une jeune fille
éconduite qui vous guette à la sortie de votre appartement.
Trois jours plus tard, en sortant d'un restaurant où j'avais
déjeuné avec mon ami Gérard Adamis, auquel j'avais relaté
l'incident avec le moine, l'Ange m'attendait, foudroyant.
Je m'assis dans la voiture de Gérard et au démarrage,
une cassette sortit de l'auto-radio (pourquoi cette cassette
ne glissa pas à l'aller? mystère..). J'y jetai un coup
d'oeil machinal et, stupéfait, je lus le titre "Saint Michel
Archange". A ma question sur l'origine de la cassette,
Gérard Adamis me répondit que dimanche (donc le même jour
que mon expertise) après la messe, il avait vu cette
cassette qui réunissait des sermons sur l'Archange et me
l'avait prise, connaissant mon intérêt pour le sujet. Mais,
après avoir écouté la face A, assez ennuyeuse, il avait
totalement oublié de m'en parler. Par curiosité, j'engageai
alors la face B dans le lecteur et appuyai sur "play". Après
un bruit de souffle, une voix masculine pleine d'énergie
emplit l'habitacle et les premiers mots me firent l'effet
d'un coup de poignard. C'était une réponse directe à ce que
m'avait dit ce prêtre et ce, en utilisant SES propres mots!
"Je ne vais pas perdre mon temps à vous prouver qu'il y
a des Anges" déclamait la voix.
"Ouvrez n'importe quelle page des Saintes Ecritures, il
y en est question abondamment; il a fallu toute la
stupidité des progressistes pour les réduire à de
simples pensées et je n'ai pas de temps à perdre avec
ce genre de stupidités" ( Sermon du 29
septembre 1991. ) .
Jamais je n'avais imaginé qu'un prêtre pouvait
s'exprimer d'une façon aussi directe, traitant ses
homologues progressistes de "stupides". C'était vraiment
très drôle et tout de même assez surprenant. Pire, le sermon
venait de l'église Saint-Nicolas du Chardonnet, fief
parisien des traditionalistes, mouvement sur lequel je
nourrissais plus que des doutes. Mais cette voix parlait des
Anges avec une poésie, une foi et une certitude telles que
j'en restai abasourdi. La situation était vraiment étrange.
Gérard Adamis, aussi étonné et fasciné que moi, avait garé
la voiture à l'ombre d'un acacia afin que nous puissions
écouter tranquillement ce sermon à mi-chemin entre le cours
de philosophie et le cours de théologie. Pas de doute, la
réponse du frère avait visiblement énervé les occupants de
"là-haut"; cela avait fait des vagues.
La synchronicité de cet événement nous plongea dans des
abîmes de réflexion. Le prêtre spécialiste ès missel, un
progressiste, avait utilisé le terme "stupidité"DEBUT
NOTEBQuelques mois plus tard, je découvrais que l'écrivain
italien Giovanni Sienna se heurta à cette même "stupidité":
"Un religieux de nos amis", raconte-t-il dans son livre
"Padre Pio, voici l'heure des Anges", "avait traduit mon
livre dans sa langue. Et, avant de le mettre sous presse, il
le soumit à une révision ecclésiastique. Ce livre possédait
déjà les imprimatur de Milan et de Paris. Il a été refusé
avec ce commentaire précis: "Finissons-en avec ces
stupidités"". ) . Le prêtre de la cassette utilisait
le même mot et reprochait aux progressistes leur
stupidité... Je n'en revenais pas. Du coup, la foi en mon
Ange gardien, tombée à zéro, remonta en fléche. Je venais de
découvrir que les Anges n'aimaient pas du tout qu'on les
prenne pour des chimères.
Or, les histoires folles de ce genre, dont la
synchronicité extraordinaire semble être réglée à la seconde
près, ne s'expliquent que par la puissance des Anges, ravis
sans doute que l'on s'intéresse à eux. Alors, je recommençai
à dévorer tous les livres sur les Anges. Cependant je fus
déçu de ne pas trouver un ouvrage qui donnât des "preuves"
de leur existence. Dans ces livres, il s'agissait toujours
de commentaires basés sur les textes de la Bible (où et
quand les Anges apparaissent dans les textes), ou bien de
témoignages rapportés ("j'ai été sauvé par un Ange") ou
encore d'écrits spéculatifs (sur le sexe des Anges, bien
sûr) suffisants pour ceux qui ont la foi, mais totalement
insuffisants pour ceux qui ne croient en rien, et
insignifiants pour ceux qui aimeraient bien y croire mais
désirent une sorte de "démonstration" matérielle, palpable.
En général les Anges sont traités soit par des prêtres tout
ce qu'il y a de plus "nihil obstat", soit par des auteurs
"new age" du channeling ("l'Ange Saaparvada m'a dit
que..."), soit par des kabbalistes (invocation des Esprits
du Bien), soit par des inconnus qui eurent une expérience
"angélique", soit par des universitaires théologiens, dans
la majorité abscons. Pour comprendre leur livre, il faut
s'armer d'un dictionnaire théologique. Tous apportent des
détails intéressants mais peu me donnaient le sentiment
qu'ils pouvaient convaincre un homme d'affaires pressé ou
quelqu'un qui tâtonne, qui cherche, mais qui n'a nulle envie
de se confier à un prêtre. La position de ces derniers est
simple: "l'Eglise dit que les Anges existent, donc il faut
croire aux Anges" selon les progressistes qui ne les ont pas
classé au rayon des dogmes dépassés. Or, s'il y a bien une
démarche intellectuelle qui me gênait, c'était bien
celle-là: l'Eglise dit que... L'Eglise a proféré tellement
d'âneries que justement on est porté à surtout ne pas la
croire. Et d'ailleurs, n'avait-elle pas mis le Grand
Larousse Universel à l'index?
En tant que journaliste, je cherchais donc un livre
reposant sur des bases un peu plus solides, un peu plus
musclées. Mais après de vaines recherches, je dus me rendre
à l'évidence: ce livre n'existait pas. Pourtant, mon côté
rationnel s'obstinait à trouver des preuves matérielles de
l'existence de l'Ange et/ou des témoignages de personnes
au-dessus de tout soupçon. Finalement, après quatre ans de
lecture de sujets extrêmement variés, je me rendis compte
que je pouvais rédiger ce livre. Mais un problème se posa:
comment aborder ce sujet sous l'angle journalistique, donc
effectuer une enquête pluridisciplinaire sans trop me
ridiculiser en tant que rédacteur d'un quotidien national
(j'imaginais les commentaires des attachées de presse "ah,
c'est lui l'idiot qui croit aux Anges", etc.).
Un autre problème surgit aussitôt: ce livre, pour être
crédible, impliquait de nombreux interviews aux Etats-Unis,
signifiant des voyages dans l'ensemble du pays, etc. A ce
moment-là, Paris m'envoya en Californie, ce qui régla mes
problèmes d'intendance. Je pus donc pu rencontrer les
meilleurs spécialistes des expériences aux frontières de la
mort comme le Dr Elisabeth Kubler-Ross, le Pr Kenneth Ring,
le Dr Melvin Morse, ceux des différents niveaux de
conscience comme le Dr John Lilly, des sorties hors du corps
comme Robert Monroe ou encore des Anges comme Terry Taylor
et compléter mon enquête commencée en France.
Les recoupements effectués dans ces divers domaines
m'ont apporté un éclairage original sur les Anges auxquels
je ne m'attendais absolument pas et ont fourni des
témoignages assez extraordinaires, parfois des preuves
accablantes comme nous le verrons dans le chapitre "Des
mystiques et des Anges". Je n'ai plus qu'un seul espoir, que
ce fruit de plusieurs années de recherche passionnée puisse
réconcilier le lecteur avec son Ange gardien qui n'attend
que cela. En effet, nombreux (peu importe la confession)
sont ceux qui jugent Dieu trop lointain, trop inaccessible
et le rendent responsable d'horreurs et d'injustices. En
revanche, l'idée de posséder son propre Ange gardien nous
séduit plus, parce que c'est le nôtre et qu'on ne le partage
avec personne (égoïstes que nous sommes...) contrairement à
Dieu, qui, Lui, appartient à tout le monde, et que tout le
monde invoque et brandit pour n'importe quoi.
C'est la raison pour laquelle une relation avec l'Ange
gardien est la plus simple à développer, la plus intime et
surtout la plus efficace car elle transforme, métamorphose
immédiatement une vie, aussi bien spirituelle que
matérielle: un Ange gardien recèle une puissance immense,
puissance dont nous n'avons qu'une très vague idée.
C'est Philippe Faure, parlant de l'écrivain
Rainer-Maria Rilke, qui a résumé en quelques lignes la
puissance d'un Ange et de ce qui se passe lorsque les deux
se rencontrent: "La nostalgie de l'Ange qui saisit le poète
autrichien se traduit par une prise de conscience de la
distance considérable qui sépare désormais l'homme de
l'Ange, dont il entend restituer toute la dimension: l'être
céleste est terrible, éclatant, sa rencontre avec l'homme ne
peut-être que violente" ( In "Les Anges", Cerf, page
68-69. ) . Il ne reste qu'à organiser la rencontre
avec son Ange gardien. Au début, cela risque de passer par
des larmes. Mais ensuite, tout s'enclenche, comme par
miracle. Constatation de ceux qui entretiennent une relation
privilégiée avec leur Ange gardien, leur humour. Les Anges
aiment faire des farces, sortes de blagues célestes
constituées de paradoxes et de synchronicités uniques. Par
exemple, un jour de mars 1992 à Paris, j'avais téléphoné à
René Laurentin, auteur de nombreux ouvrages et journaliste
au "Figaro", pour lui demander quelques conseils et
adresses. Il me reçut entre deux rendez-vous et m'expliqua
qu'il avait rencontré un peintre, une femme, qui ne
dessinait que des Anges. Il ne se souvenait absolument pas
de son nom parce que cela remontait à trois ou quatre ans,
mais seulement de celui de son agent, un certain
Malerbe-Navare, habitant dans une rue voisine du jardin du
Luxembourg à Paris. Même l'orthographe du nom n'était pas
sûre. Muni d'un plan de Paris et du Minitel, j'entamai mes
recherches sur les Malherbe, Malsherbes, Navare, Navarre,
etc. Mes coups de fil tombèrent tous à l'eau: on me prenait
pour un fou: "Bonsoir monsieur, je vous prie de m'excuser,
je suis journaliste au "Quotidien de Paris" et je cherche un
monsieur Malerbe-Navare qui connaît un peintre qui ne
dessine que des Anges. Est-ce vous par hasard?" Au bout
d'une demi-journée de recherche, j'abandonnai définitivement
l'idée de retrouver cet artiste mystérieux. Le soir, je
recevais un coup de téléphone de Los Angeles de mon confrère
-et surtout voisin- Emmanuel Joffet qui avait la lourde
tâche de garder mon Bobtail de 40 kilos en mon absence et me
demandait de rendre une visite à ses grands parents.
En arrivant le surlendemain dans un appartement du XVI
e arrondissement de Paris, je fus accueilli par une dame
charmante, Marguerite Bordet qui était justement peintre. En
parcourant l'un de ses catalogues, je découvris, halluciné,
que c'était elle que j'avais cherchée désespérément à
travers le nom de son agent, Malherbe-Navarre Roger, deux
jours plus tôt!
La grand-mère de mon voisin à 12.000 kilomètres de
Paris!! C'était incroyable. Nous eûmes vraiment le sentiment
tous deux que les Anges nous avaient monté une immense
blague intercontinentale.
Bref, après quelques mois de discussion avec l'Ange, on
remarque qu'en fait il ne désire qu'une seule chose, une
communion parfaite avec son protégé puisqu'il connaît mieux
que quiconque ses désirs et ses problèmes. L'Ange s'efforce
de répondre aux désirs et jamais je n'ai ressenti dans cette
relation "invisible" autre chose qu'une immense complicité.
Pourtant, on lit partout que les Anges ne sont que des
messagers de Dieu, en quelque sorte des instruments
parfaits, inhumains, sans sentiments et encore moins de
liberté d'action. Rien de plus inexact, car une relation
entre un Ange gardien et son protégé peut être exempte de
Dieu, ce qui ne pose aucun problème puisque le rôle de
l'Ange consiste justement à emmener son protégé
progressivement vers Dieu, en respectant son libre arbitre.
Croire en l'Ange, c'est déjà un immense pas vers Dieu.
L'écrivain et poète français Charles Péguy expliqua un jour
sous le sceau de la confidence à son ami Joseph Lotte qu'il
possédait un Ange gardien incroyable: "Il est encore plus
malin que moi, mon vieux!" disait Péguy, "Je suis gardé. Je
ne puis échapper à sa garde. Trois fois, je l'ai senti
m'empoigner, m'arracher à des volontés, à des actes médités,
préparés, voulus. Il a des trucs incroyables".
En effet, qui n'a jamais entendu dans la bouche d'un
ami "Tu sais, parfois j'ai l'impression d'être protégé" ou,
"A croire que je suis gardé par le Ciel" ou, "Par miracle,
je ne suis pas monté dans cet avion", etc. La personne en
prend conscience mais ne cherche pas cependant à
approfondir, à expliquer ce sentiment mystérieux, de peur de
se rendre ridicule, ou, plus rarement, de perdre cette
"protection" en essayant d'en percer le mystère.
Autre phénomène curieux, celui de l'incrédulité de
l'entourage. Si vous dites à quelqu'un "Je crois en Dieu",
même s'il est athée, il ne jugera pas cela anormal. En
revanche, si vous lui expliquez que vous croyez en votre
Ange gardien, il vous regardera avec des yeux ronds comme si
vous lui aviez dit très sincèrement "je crois au Père No‰l".
Cela m'est arrivé de nombreuses fois, principalement dans
des librairies catholiques où, demandant à une vendeuse ou
au propriétaire du magasin "Qu'avez-vous sur les Anges?", je
n'eus pour toute réponse qu'un sourire gêné du genre "Pauvre
fou" alors que dans les librairies "new age" ou ésotériques,
on me répondait "Bien sûr, tenez, c'est juste derrière vous
sur le rayon à gauche".
Plus curieuse encore est la réaction des catholiques
pratiquants, surtout traditionalistes, qui, dès qu'on leur
parle d'Anges, répondent en brandissant le diable:
"Etes-vous sûr que vous n'êtes pas induit en erreur par le
Malin?", comme si le fait de m'intéresser aux Anges à la
place de Dieu représentait la preuve formelle de ma
possession diabolique. Les Anges ne sont-ils pas le
dénominateur commun des plus grandes religions? On les
trouve aussi bien dans l'Ancien Testament que dans le
Nouveau, dans le Coran, La Torah et chez les Hindous qui les
appellent "les brillants", les Devas. Ne sont-ils pas aussi
"les outils, avec lesquels Dieu s'amuse et se meut, par
lesquels et avec lesquels il révèle les forces et les
merveilleuses éternelles, les mène en un jeu
d'amour...?" ( Page 139 in "L'Ange et l'homme",
ouvrage collectif, Albin Michel, 1978. )
Du coup, mon intérêt pour les Anges, ces "êtres
immatériels, purs esprits, intermédiaires entre l'homme et
Dieu" nous dit le dictionnaire, "qui seraient sans cesse à
nos côtés, chargés de nous garder et de nous guider" se
transforma en acharnement. Lorsque le Dr John Lilly, dont
les travaux sur les dauphins ont fait le tour du monde,
raconte le plus simplement du monde dans son autobiographie
qu'il a rencontré son Ange gardien et parlé avec lui
lorsqu'il était enfant, il y a de quoi se poser des ques-tions.
De même pour Françoise Dolto, la célèbre
psychanalyste d'enfants qui n'a jamais caché qu'elle
demandait toujours à son Ange gardien de lui trouver une
place de parking. Si ces affirmations provenaient d'un
inconnu, personne n'y prêterait attention. Mais venant de
John Lilly ou de Françoise Dolto, qui n'avaient strictement
aucune raison de raconter des balivernes, ne s'explique que
par une expérience inoubliable, malgré le temps. Au cours
d'un entretien dans sa maison de Malibu en Californie,
Lilly, qui eut plus d'une fois affaire à ces "êtres",
toujours dans des circonstances dramatiques, m'a déclaré:
"Je les ai appelés Anges, mais c'est une réminiscence de mon
éducation catholique. Aujourd'hui, le mot le plus exact à
utiliser est "Etre d'une dimension supérieure à la nôtre".
Et le vieux scientifique se moque bien du fait que l'on
puisse douter de ses facultés mentales; par ses travaux pour
l'US Air Force, l'US Departement of Health et surtout par
ses observations sur le système de communication cérébral
des dauphins, il n'a plus rien à se prouver et encore moins
à prouver aux autres car ce qui ressort globalement de son
expérience, c'est ce sentiment d'être protégé, parfaitement
traduit par l'expression française "être né sous une bonne
étoile". Or, est-ce un hasard?, les gravures du XIXe
représentent toujours l'Ange gardien avec une étoile
rayonnante au-dessus du front.
Mais que signifie être né sous une bonne étoile? Avoir de la chance, gagner au jeu ou échapper régulièrement à des accidents, sortir indemne d'une collision épouvantable, voire à des tentatives d'assassinat? Comment expliquer ces actes totalement irréfléchis qui sauvent la vie, ces voix intérieures qui mettent soudain en garde, ce rêve prémonitoire, cette série insensée de coïncidences qui fait qu'un ami ou un inconnu, qui n'aurait jamais du se trouver là au moment du drame, a pu intervenir et vous éviter une catastrophe? Pressentiment, chance, hasard, coïncidence? En français, on utilise souvent l'expression "quelque chose me dit que..". Mais qu'est-ce que ce quelque chose? Est-ce quelqu'un?
Personne n'est en mesure de donner une explication naturelle et objective à ces phénomènes. Et si l'on admet ne serait-ce que la prémonition, cela ouvre aussitôt la porte à d'autres réalités. Pourtant, il nous est impossible de nier l'expérience vécue par des millions de personnes sous prétexte que nous ne pouvons l'expliquer matériellement et scientifiquement. Ceux qui ont vécu une telle expérience sont marqués à jamais par cette "aide" surgie de nulle part dont l'explication la plus élégante, puisque nous n'en avons pas d'autre de plus logique, se résumerait alors par l'intervention bien réelle de ce que l'on appelle l'Ange gardien.
Mais d'abord, est-ce que les Anges existent vraiment?
La réponse est négative puisque nous ne les voyons pas. En revanche, dès que l'on effectue un sondage auprès des malades ou accidentés dont le coeur s'est arrêté de battre, la réponse devient positive. Comme nous allons le découvrir, le domaine extrêmement vaste et surtout parfaitement documenté de la Near Death Experience, les expériences aux frontières de la mort, ne permet aucun doute, parce qu'il n'a pas été développé par des religieux ou des ésotériques, mais bien par des médecins et des universitaires, on ne peut plus sérieux, de notre époque.
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TABLES DES MATIERES
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
Fin du Premier Chapitre |
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