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256-bit encryption Exp 8 juillet 2020 |
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Robert Bowie Johnson
Le Code du
Parthénon
Traduit de l'américain par Michel Cabar
Le jardin des Livres
Ce livre comprend « Athéna et le Jardin d'Eden »
Remerciements
Je
remercie d'abord, pour leur immense contribution à ma
connaissance de l'antiquité grecque, les érudits
suivants : Bernard Ashmole, Sir John Beazley, Sir John Boardman,
T. H. Carpenter, David Castriota, Peter Connolly, B. F. Cook, Gregory
Crane (rédacteur en chef du projet Perseus) et ses collègues,
Hazel Dodge, Richard G. Geldard, Robert Graves, Peter Green, Evelyn
B. Harrison, Jane Ellen Harrison, Kristian K. Jeppesen et les
nombreux érudits ayant participé au Parthenon Kongress
en 1982, Carl Kerényi, Mary R. Lefkowitz, Jenifer Neils, J.
Michael Padgett, Olga Palagia, Carlos Parada, John Pinsent, J. J.
Pollit, Ellen D. Reeder et tous les érudits ayant contribué
à son admirable livre Pandora : Women in Classical
Greece, Noel Robertson, H. A. Shapiro, Erika Simon, Panayotis
Tournikiotis, Edward Tripp, Nicholas Yalouris, Froma I. Zeitlin, et
tant d'autres dont je ne peux citer le nom.
Merci
à la Perseus Library et à ceux qui ont rédigé
les descriptifs des peintures sur vases, notamment Deirdre
Beyer-Honga, Nick Cahill, Suzanne Heim, Kathleen Krattenmaker, Anne
Leinster, et Beth McIntosh.
Merci
à John Rothamel, Frank Bonarrigo, Michael Thompson et Mark
Wadsworth pour leurs précieuses indications, à Ric et
Patsy Davis, John Gauthier, Ron Pramschufer, Ian T. Taylor et Jamie
Zahn-Cohagen pour leurs encouragements, à Veronica Velines
pour l'exactitude de son assistance juridique.
Merci
au Dr Pierre Jerlström, éditorialiste de TJ : The
In-Depth Journal of Creation, publication de Answers in Genesis.
Le chapitre 2 de ce livre est paru dans le volume 17(3) de cette
revue internationale sous une forme légèrement
differente, sous le titre "Athena and Eve."
Pour
leurs critiques circonstanciées du manuscrit, je remercie
Stella Stershic, Frank Bonarrigo, Nancy Beth Johnson et Richard Elms.
Merci
également à Lisa Marone, Peter Perhonis, Richard Burt,
Don MacMurray, Peggy Griggs, Jay Joseph et Kelly Machande.
Enfin,
je dois des remerciements particuliers, pour leurs écrits
inspirés et éclairants, à Dean H. Hough et James
R. Coram, co-éditeurs de Unsearchable Riches, publication de
Concordant Publishing Concern.
[La
civilisation grecque finit par se montrer presque accueillante]
envers ces Romains conquérants, grâce à qui la
Grèce agonisante allait transmettre à l'Europe ses
sciences, sa philosophie, ses lettres et ses arts, base vivante de
notre monde moderne.
Will
Durant, The Life of Greece
Athènes
était l'étoile de l'ancien monde et dominait quasiment
tout le champ de l'activité humaine.
Peter Connolly, The Ancient City
Athènes
est le foyer originel de la civilisation occidentale.
John M. Camp, The Athenian Agora
Des
érudits ont écrit des livres profonds sur le bâtiment
qui se dressait devant nous. Chaque détail, ou presque, a fait
l'objet d'intenses batailles d'arguments ou d'opinions. Chacun de ses
blocs de marbre a été mesuré avec une précision
laborieuse, qui paraîtrait ridicule pour tout autre bâtiment
que le Parthénon. C'est que « l'ancien monde a
culminé en Grèce, la Grèce à Athènes,
Athènes sur l'Acropole et l'Acropole dans le Parthénon ».
Eugene P. Andrews, The Parthenon
(1896)
On
a toujours l'impression, en approchant de l'Acropole d'Athènes,
d'être en compagnie de l'humanité entière. C'est
l'un de ces lieux universels où l'âme et l'esprit
collectifs se rassemblent et s'unissent jusqu'à en être
perceptibles, et d'où le coeur le plus insensible ressort
transformé.
R. G. Geldard, The Traveler's Key
to Ancient Greece
L'Acropole
est le moment fort de la visite, et un circuit archéologique
commence nécessairement par le Parthénon, ce temple qui
symbolise l'architecture grecque et qui, dans sa structure et son
ornementation, représente la quintessence de la civilisation
grecque.
Furio Durando, Ancient Greece
Pour
moi, quant à la gloire des combats guerriers, je ferai cette
ville illustre parmi les mortels.
Eschyle,
Les Euménides
Notre
cité est l'instructeur de la Grèce... Les âges
futurs nous admireront comme l'âge présent nous admire
aujourd'hui.
Périclès
Plus
on contemple les Grecs, qui ont une part si grande aux structures de
notre vie, plus on s'interroge sur la façon dont tout cela
commença.
Michael Grant, The Rise of the
Greeks
Nous
avons de plus en plus conscience que la Grèce classique est
non seulement le fondement de la civilisation occidentale, mais une
passerelle vers les temps préhistoriques.
Ellen D. Reeder, Pandora
Oui,
et qui, de ma génération, ne se rappelle que la
démocratie a tellement orné la cité [Athènes]
de temples et d'édifices publics qu'aujourd'hui encore, les
visiteurs étrangers pensent qu'elle mérite de
gouverner, non seulement la Grèce mais le monde entier ?
Isocrate, L'Aréopagitique
mythologie grecque ?
Accompagné
de mon ami Mike Thompson, j'ai récemment assisté à
une conférence sur le Parthénon au musée de
Baltimore. L'oratrice avait reçu pour ses travaux de
prestigieuses et nombreuses récompenses 
exposé n'éveillait rien en nous. À entendre ses
obscures interprétations de certaines sculptures, on aurait
dit que ces Grecs qui ont créé la base vivante de notre
culture, ces artistes et architectes qui ont produit le plus glorieux
des monuments, venaient d'une autre planète. Le moment des
questions arrivé, j'essayai d'en trouver une qui, tout en
respectant l'érudition de la conférencière,
puisse éclairer le sens véritable des sculptures du
Parthénon et montrer leur actualité. Tandis que je me
creusais vainement la cervelle, une collégienne, assise au
milieu de ses camarades, se leva et lança : « d'où
vient la mythologie grecque ? »
Embarras
de la conférencière. Après un petit rire
condescendant et un court silence, elle expliqua que la mythologie
grecque était « dynamique », « en
constante évolution » et « largement
métaphorique ». Ne connaissant pas la réponse,
elle évita la question, que personne ne lui avait probablement
posée auparavant.
L'instruction
n'apporte pas toujours la lumière 
à l'occasion mettre une chape opaque sur la vérité.
L'art grec, heureusement, ne visait pas les classes instruites mais
l'ensemble des Grecs pensants. Et cela nous permet d'espérer
le comprendre aussi bien qu'eux.
L'art
grec et la mythologie grecque sont indissociables. L'art grec dépeint
la mythologie grecque, qui réciproquement explique l'art grec.
Et il s'avère que la mythologie grecque n'est que l'histoire
de l'humanité, racontée selon le point de vue religieux
grec. Il en résulte que les vestiges de l'art grec nous
offrent rien moins que des images d'archives de l'histoire de la
race humaine. Et le plus extraordinaire, c'est que nous
possédons la clé du décodage des anciennes
images peintes et sculptées
Le
code des
artistes
grecs
SNIP
Quand
on s'interroge sur notre civilisation, on se rend compte que la
civilisation grecque en est le fondement essentiel. Au coeur de
celle-ci, il y a le Parthénon. Cet imposant monument
classique, construit à l'apogée du premier âge de
notre culture, s'enorgueillissait de posséder la plus riche
décoration sculpturale des temples grecs antiques. Voilà
plus de 2000 ans, pourtant, que sa signification réelle se
cache sous des mythes et explications, divertissants certes, mais
éprouvants pour notre crédulité. On y voit
l'infirme Héphaïstos ouvrir de sa hache la tête de
Zeus et en faire jaillir Athéna (fronton Est), Athéna
et Poséidon s'opposer pour le contrôle de l'Attique
(fronton Ouest), les dieux se battre contre des Géants
(métopes Est), les Grecs se battre contre des Amazones
(métopes Ouest), les Lapithes lutter avec les Centaures
(métopes Sud), les Grecs détruire Troie (métopes
Nord), et Athéna, revêtue d'un manteau brodé,
conduire un grand cortège (frise). Tout cela nous échappe 
n'est-ce pas aberrant ? C'est comme si le chêne disait au
gland : « je ne sais pas qui tu es, je ne te
reconnais pas ».
Formulons
cela autrement. Dans The Greek Achievement (La réussite
grecque)
Elle
est toujours là. Elle est même étonnamment facile
à reconquérir. Elle est sous nos yeux, dans ces
sculptures survivantes du Parthénon et d'autres temples, dans
ces milliers de vases peints dont les messages simples, qu'à
tort nous appelons « mythes », nous parlent de
l'histoire et de la religion grecques.
~ Qu'est-ce
que le Code du Parthénon ?
Le
Code du Parthénon est une méthode simple inventée
par les anciens artistes grecs pour communiquer des idées
religieuses et des informations historiques à leurs
compatriotes. La peinture et la sculpture permettaient aux artistes
de transmettre des idées bien plus simples et bien moins
abstraites que l'écriture. On peut les comparer à
d'autres supports visuels comme les vitraux du Moyen Âge, les
bandes dessinées ou encore les scénarimages
(« storyboards ») de la télévision.
J'appelle
cela le Code du Parthénon parce que c'est sur le temple
d'Athéna que ce mode d'expression a atteint sa forme la plus
haute et à bien des égards la plus directe et la plus
simple. Les sept thèmes sculpturaux (à l'extérieur)
et la statue d'or et d'ivoire d'Athéna (à l'intérieur)
offrent tout un réseau d'informations historico-religieuses
sur les origines grecques, informations qu'on retrouve, semblablement
traitées, sur des vases peints et d'autres sculptures de
temples. Les artistes grecs se sont donné une peine infinie
pour nous dire qui ils étaient et d'où ils venaient. Il
est temps de les écouter.
Une
énorme masse d'informations historico-religieuses a survécu
au monde grec. Les artistes antiques apprenaient l'histoire dans les
œuvres de leurs prédécesseurs et,
distillant l'information reçue des générations
précédentes et des anciens poètes, ils
présentaient ce qu'ils savaient à l'aide des images les
plus simples possible. Parfois même, nous le verrons, ils
concouraient entre eux à qui trouverait la façon la
plus claire ou la plus créative d'exprimer un fait historique
ou une idée religieuse. Les artistes grecs me rappellent les
bandes dessinées classiques des années 1940 et 1950
comme Ivanhoé
Les
artistes antiques peignaient sur les vases comme dessinent
aujourd'hui les auteurs de bandes dessinées. Comme ces
illustrateurs, forcément imprégnés du livre
original, les artistes grecs ne s'attaquaient pas au thème
classique des débuts de l'humanité sans une solide
connaissance de l'histoire originale. Dans leurs sculptures et leurs
peintures, il n'y a ni tromperie ni symbolisme abscons : les
artistes nous y donnent simplement leur version de l'histoire
originale – leur histoire – sous la forme
visuellement la plus simple.
Entrons
donc sans détour dans la véritable histoire religieuse
des Grecs, cette chronique artistique et mythologique dont les
sculptures du Parthénon donnent l'expression la plus aboutie.
Il nous faut tout d'abord cerner l'identité d'Athéna,
la déesse pour qui les Grecs ont construit leur temple le plus
admirable. Comprendre qui elle est et ce que les artistes grecs
tentent de nous dire avec leur code simple, suppose un cadre de
référence extérieur à la mythologie et à
l'art grecs. Ce cadre essentiel est le Livre de la Genèse,
plus précisément son début où sont
décrits les premiers moments de l'humanité. En
rapprochant la mythologie et l'art grecs des événements
bibliques, nous allons constater que les poètes et artistes
grecs racontent la même histoire, mais d'un point de vue
opposé. Pour eux, le serpent n'a pas trompé Adam et Ève
mais leur a apporté la lumière. Athéna
représente Ève, elle est Ève, non
toutefois l'Ève originelle, qui s'identifie à Héra
( nous y reviendrons au chapitre suivant et au chapitre 15 ),
mais l'Ève nouvelle de l'âge grec, vénérée
pour avoir ramené à l'humanité, après
le Déluge, la lumière du serpent. Le chapitre suivant,
qui rappelle les principaux éléments de la religion
grecque et leur signification, va vous montrer que tout cela est
étonnamment évident.
Athéna, le
serpent et l'arbre (vase endommagé, env. -450).
Athéna
entretient avec le serpent une tendre et indéniable
familiarité qui renvoie directement à l'Eden. Tout son
être est indissolublement lié au serpent : c'est la
déesse du serpent de sagesse. Cette pièce rare et
éloquente montre Athéna, reconnaissable à son
égide bordée de serpents, fièrement campée
près d'un arbre. Le serpent a visiblement l'oreille de la
déesse à qui il paraît donner des instructions :
Athéna est la femme qui accueille la lumière du
serpent. Qu'ont voulu dire les artistes en bordant l'égide de
serpents ? Que l'égide symbolise l'autorité et
qu'ainsi les serpents délimitent, englobent la source de
l'autorité d'Athéna, message simple qui ignore les
barrières du langage. Athéna est presque toujours
représentée avec une lance, son arme distinctive. C'est
le cas sur ce vase, à un détail près : la
lance qu'elle tient est en réalité une branche de
l'arbre au serpent. Que tente ainsi de nous dire l'artiste ?
Tout simplement que la puissance d'Athéna, que symbolise son
arme, prend source dans l'arbre au serpent.
~ 2 ~
Quelques
rappels
sur
la religion grecque
La
religion grecque, que nous qualifions de mythologie, raconte la même
histoire que la Genèse, à la différence que le
serpent n'y est pas l'enjôleur de l'humanité mais son
illuminateur. Zeus et Héra, à la fois époux/épouse
et frère/soeur, sont les homologues d'Adam et Ève.
Athéna aussi représente Ève, mais une Ève
venue renaître
L'admirable
temple d'Athéna, le Parthénon, est le monument national
de la Grèce. De -447 à -432, pendant la période
dite classique, les Athéniens ont construit en l'honneur
d'Athéna l'une des merveilles architecturales de l'antiquité.
Plus richement sculpté que tout autre temple grec, le
Parthénon dominait l'Acropole, haut lieu de la cité. À
l'intérieur se dressait, haute de 12 mètres, la statue
d'or et d'ivoire d'Athéna. Nous reviendrons plus loin sur
cette statue fameuse dont une réplique existe à
Nashville aux
~ Le
premier couple
Il
n'y a pas de dieu créateur dans le système religieux
grec : c'est un système qui bannit le Dieu de la Genèse
et exalte l'homme, mesure de toute chose. Il vous semble que les
Grecs exaltaient plutôt des dieux que des hommes ? Alors,
demandez-vous pourquoi les dieux grecs sont si exactement pareils aux
hommes. La réponse est évidente : parce qu'aux
yeux des Grecs, la plupart des dieux représentaient simplement
leurs ancêtres humains, de sorte que la religion grecque
n'était qu'une forme sophistiquée de culte des
ancêtres. On lit par exemple dans un
dialogue de Platon intitulé Euthydème
Héra et Zeus
sur la frise Est du Parthénon (env. -438).
~ Héra,
la reine des dieux, est l'Ève primitive
D'après
la Genèse, Ève est la femme d'Adam et la mère de
tous les hommes. Dieu étant le père d'Adam et Ève,
certains les considèrent aussi comme frère et
sœur. Après qu'ils eurent mangé le fruit
défendu, Adam nomma sa femme Ève (en
hébreu : « vivante »), ce que la
Genèse 3:20 explique ainsi : « car
elle a été la mère de tous les vivants
On
lit au chapitre 2 de la Genèse qu'Ève fut créée
adulte à partir d'Adam. Avant de s'appeler Héra,
l'épouse de Zeus avait porté le nom de Dioné
qui est la forme féminine de Dios ou Zeus, et renvoie
donc à la création d'Ève à partir d'Adam.
Cela suggère que Zeus et Héra étaient, comme
Adam et Ève, le premier couple homme-femme.
Héra
est souvent représentée assise sur un trône et
tenant dans sa main droite un sceptre, l'attribut qui lui est le plus
fréquemment associé dans l'art antique. Elle est à
jamais la reine de l'Olympe. Sœur-épouse de Zeus, elle
est la déification de l'Ève originelle, la mère
sans mère de l'humanité entière, la détentrice
naturelle, par sa naissance, du sceptre du pouvoir.
Du
point de vue judéo-chrétien, Ève et Adam ont
fauté en cédant au serpent et prenant un fruit car ils
ont transgressé l'ordre de Yahvé. Du point de vue grec
au contraire, ils ont accompli un acte triomphant et libérateur
qui a transmis la lumière du serpent à l'humanité.
Le serpent, pour les Grecs, a délivré l'humanité
d'un Dieu oppresseur et est à ce titre le sauveur et
l'illuminateur de notre race. C'est aussi comme sauveur et
illuminateur que les Grecs vénéraient Zeus, qu'ils
appelaient Phanaïos, celui qui apparaît comme la
lumière, qui apporte la lumière reçue du serpent
en mangeant le fruit de son arbre.
Dans
Zeus et Héra, le mythologue Carl Kerényi avance
que le sens profond de Zeus/Dios serait « le moment
effectif, décisif, dynamique où la lumière se
fait ». Par leurs noms, Dios et Dioné renvoient
ainsi à cet instant où, mangeant le fruit de l'Arbre de
la Connaissance du Bien et du Mal, il reçurent pour la
première fois l'illumination du serpent. La foudre, force
naturelle, symbolise parfaitement ce qu'est Zeus et ce qu'il a
apporté à l'humanité, et l'on ne s'étonne
donc pas que l'art antique en ait fait l'attribut par excellence de
Zeus, presque toujours représenté avec la foudre dans
la main droite. Du point de vue grec, s'il existe dans l'histoire
humaine un « moment effectif, décisif, dynamique où
la lumière se fait », c'est celui où Adam et
Ève ont reçu la lumière du serpent, et rien ne
le symbolise mieux que la foudre de Zeus.
Zeus
tenant la foudre et le sceptre du pouvoir (vase d'env. -410).
Un
vase grec montre Zeus nu, tenant le sceptre royal dans sa main gauche
et la foudre dans sa main droite. C'est le roi de l'Olympe, dans sa
libre nudité. Le fruit de l'arbre, lumière du serpent,
lui a été transmis : c'est la source véritable
de sa puissance.
Dans
les Travaux et les Jours
La
Genèse affirme qu'Adam vécut 930 ans. Elle est muette
sur la longévité d'Ève mais rien ne permet de
douter qu'elle ait été du même ordre. Cela seul
suffirait à leur donner une stature divine. Qui les avait
précédés ? Personne. Il n'est que trop
naturel, par conséquent, que les Grecs aient vénéré
Adam et Ève en Zeus et Héra : ceux qui ne croient
pas au Créateur n'ont rien à exalter, sinon la nature,
eux-mêmes et leurs géniteurs.
D'un
côté nous avons la tradition grecque qui affirme que
Zeus et Héra furent le premier couple, de l'autre la tradition
judéo-chrétienne qui affirme qu'Adam et Ève
furent le premier couple. Une même base de faits unit ainsi ces
deux perspectives spirituelles opposées, et l'on est tenté
de penser que les Grecs ont cherché à relier Zeus et
Héra à un paradis, un serpent et un arbre fruitier.
C'est exactement ce qu'ils ont fait.
Vase
représentant le serpent et le pommier du jardin des Hespérides
(env. -410).
Les
Grecs avaient le souvenir d'un paradis originel qu'ils appelaient le
jardin des Hespérides, et ils associaient à Zeus et
Héra ce lieu délectable et le pommier entortillé
d'un serpent qui s'y trouvait. Les Hespérides, entités
spirituelles associées à l'arbre, aux pommes et au
serpent, tiraient leur nom du mot grec Hespere, qui
signifie le soir et par extension le couchant. Cela rejoint la Genèse
qui affirme que la civilisation s'est développée à
l'est de l'Eden. Retrouver l'Eden supposait donc d'aller à
l'ouest, et c'est justement en Extrême-Occident que les Grecs
situaient le jardin des Hespérides et son pommier entortillé
d'un serpent.
Des
mythologues ont voulu faire des Hespérides les gardiennes de
l'arbre, ce qu'elles n'étaient certainement pas. Leur langage
corporel, leur aisance, leur nom même, tendent au même
but : montrer que ce jardin était un lieu merveilleux, un
lieu d'insouciance. La figure ci-dessus représente un pot à
eau sur lequel est peint le jardin des Hespérides. Le serpent
s'enroule sur le pommier aux fruits d'or. Les noms des personnages
sont inscrits sur le vase. Deux Hespérides, Chrysothémis
(ordre d'or) et Astérope (visage d'étoile) se tiennent
à gauche de l'arbre. Chrysothémis avance vers l'arbre
pour cueillir une pomme, tandis qu'Astérope s'appuie
plaisamment sur elle avec ses bras. À gauche, Hygeia (santé),
juchée sur un monticule, tient un long sceptre symbolisant le
pouvoir et se tourne pour regarder l'arbre.
À
droite du pommier, Lipara (peau brillante) tient des pommes dans le
pli de son vêtement et dégage son épaule de son
voile. Les noms des Hespérides nous renseignent sur le jardin.
C'est un lieu où la lumière des étoiles est
douce, où l'or surabonde, où la santé est
parfaite, où la beauté émerveille. Apollodore,
écrivant au IIe siècle av. JC, cite quatre
noms d'Hespérides : « Eglé (lumière
éblouissante), Erythie (terre rouge), Hespérie (étoile
du soir) et Aréthuse (fontaine). Il est difficile d'imaginer
bruit plus paisible que celui d'une fontaine : quel lieu
enchanteur ce devait être ! Le mot hébreu Eden
signifie, quant à lui, « être doux,
agréable », et au figuré « se
délecter ». On n'en peut guère douter :
le jardin des Hespérides est le jardin de la Genèse.
Si
Adam et Ève sont devenus Zeus et Héra dans le système
religieux grec, on doit trouver des traces littéraires de leur
présence dans ce jardin. Tel est bien le cas. Apollodore, par
exemple, écrit que les pommes des Hespérides « furent
offertes à Zeus par Gaïa [la Terre] après
qu'il eut épousé Héra ». Cela
concorde avec la Genèse : Ève devient la femme
d'Adam après avoir été créée à
partir de lui (Genèse 2:21-25), et aussitôt après,
le premier couple cueille le fruit. Reliés aux Hespérides,
Zeus et Héra sont par là même reliés au
serpent et à l'arbre fruitier avec lesquels ils sont toujours
représentés. Euripide de même, dans sa pièce
Hippolyte, évoque le « rivage des
Hespérides, où les pommes poussent », où
d'éternelles fontaines coulent « près du
séjour de Zeus, et où la terre sacrée, répandant
ses bénédictions, fait croître la prospérité
des dieux ». Ainsi, Euripide place lui aussi Zeus dans
le jardin et affirme textuellement que c'est de là qu'il est
venu.
Vous
avez certainement entendu dire qu'Ève a mangé la pomme.
En fait, le mot hébreu utilisé dans le chapitre 3 de la
Genèse signifie fruit 
grecque que nous vient l'idée de pomme.
Dans
le jardin des Hespérides, disent les poètes grecs, se
trouvait aussi un personnage nommé Atlas. Hésiode écrit
dans la Théogonie :
Sa
présence dans le jardin éclaire la position religieuse
grecque : son rôle était d'éloigner des
Hespérides l'autorité du ciel. Sur l'assiette de la
figure suivante, on le voit repousser le ciel (dont on distingue les
étoiles), et par là le Dieu qui s'y trouve et qui est
l'objet véritable de ses efforts.
Atlas
repoussant les cieux, et avec eux le Dieu des cieux.
Tout
le système grec tend à bannir le Créateur, à
l'éjecter du tableau, à annuler son influence afin que
les hommes deviennent libres de croire et faire ce qu'ils veulent. La
voie religieuse grecque, qui n'est autre que la voie de Caïn
dont parlent les Écritures, est celle d'une vie où Dieu
ne se mêle plus des désirs de l'homme. Pour que
réussisse la religion de Zeus, le Créateur doit être
rejeté et ignoré. Yahvé, dans la Genèse
3:14, maudit et condamne le serpent : « tu
marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous
les jours de ta vie ». Dieu chassé du royaume
de l'humanité, la malédiction cesse et le serpent
s'élève, comme le montre cette illustration, au rang
d'illuminateur de la race humaine.
Si
Zeus et Héra correspondent à Adam et Ève, ils
doivent avoir, comme eux, deux fils ennemis. Ces deux fils existent
effectivement. L'aîné s'appelle Héphaïstos,
le second Arès. Et ils s'opposent aussi violemment que Caïn
et Seth.
Adam
et Ève ont eu trois fils : Caïn, Abel et Seth. Caïn
ayant tué Abel avant que celui-ci ait eu une descendance, on
peut considérer qu'Adam et Ève ont eu deux fils, Caïn
et Seth. La lignée de Seth, disent les Écritures, est
celle dont est issu le Christ. L'Evangile de Mathieu fait remonter la
lignée du Christ, via David, jusqu'à Abraham, et
l'Evangile de Luc la fait remonter d'Abraham à Adam en passant
par Seth 
au dieu créateur, ou lignée de la foi. Par contraste,
les Écritures définissent la lignée de Caïn
comme celle de la non-croyance au dieu créateur : « Caïn,
qui était du malin », lit-on dans I Jean 3:12,
expression qui fait écho au « serpent ancien,
appelé le diable et Satan, qui séduit toute la terre »
dont parle l'Apocalypse 12:9.
Les
Grecs firent de Caïn leur Héphaïstos, le dieu de la
forge. Pour Seth, le cadet, ils en firent Arès, le turbulent
dieu de la guerre. Dans la tradition judéo-chrétienne,
Caïn est le mauvais, celui dont il faut éviter la voie.
Chez les Grecs au contraire, c'est Arès, le Seth de la Genèse,
qui est le traître et qui apporte ruine et désolation.
Héphaïstos,
le Caïn déifié, est le dieu de la forge et de la
fonderie, comme le rappelle son nom romain de Vulcain. D'après
la Genèse 4:22, les descendants de Caïn furent les
premiers à forger « tous instruments d'airain et
de fer », parmi lesquels certainement le marteau, la
hache et les pincettes, outils les plus fréquemment associés
à Héphaïstos dans l'art grec. Le « mythe »
d'Héphaïstos banni de l'Olympe (lieu d'où le
Créateur est exclu), puis y revenant, est un élément
essentiel de la religion grecque que les périodes archaïque
et classique évoqueront sans relâche, dans la peinture,
dans la pierre et dans le bronze. Ce bannissement fait écho à
l'ordre donné par Yahvé à Caïn dans la
Genèse 4:12 : « tu seras vagabond et
fugitif sur la terre ».
Dans
les sources grecques, c'est tantôt Zeus, tantôt Héra,
tantôt les deux qui bannissent leur fils aîné 
rejetant le dieu créateur, les Grecs attribuaient fort
logiquement le bannissement d'Héphaïstos à ses
parents.
Selon
la Genèse, Caïn erra quelque temps puis finit par se
fixer, désobéissant ainsi à Yahvé :
« Puis Caïn connut sa femme, qui conçut et
enfanta Hénoc 
ville Hénoc, du nom de son fils (Genèse 4:17) ».
Ignorant l'ordre de vagabonder donné par Yahvé, Caïn
bâtit une cité, point de départ d'une lignée
arrogante qui suivra les préceptes du serpent. À son
exemple, l'Héphaïstos grec regagne l'Olympe. Il y reçoit
comme épouse, pour fêter son retour, la belle et
sensuelle Aphrodite qui est aussi sa sœur – tout
comme la femme de Caïn était probablement sa sœur.
Zeus est en effet le père d'Aphrodite et d'Héphaïstos,
et la mère d'Aphrodite, Dioné, s'identifie à
Héra bien qu'appartenant à une tradition orale
différente et plus ancienne.
Dans
un dialogue de Platon intitulé Cratyle
Zeus
(Adam), Héra (Ève) et leur fils aîné
Héphaïstos (Caïn),
le
« seigneur et prince de la lumière »
(peinture sur vase, env. -500).
Zeus
aimait son fils Héphaïstos qui remplissait la fonction
indispensable et appréciée d'armurier des dieux. Par
contraste, il considérait son benjamin Arès comme sans
valeur et le qualifiait de « haineux »,
de « pestilent » et de « renégat ».
L'ancien poète Homère appelle Arès le « fléau
des mortels ». Si Arès figure au panthéon
grec, c'est uniquement parce qu'il est fils de Zeus et l'un des deux
enfants du premier couple Adam et Ève dont Zeus et Héra
sont la déification. Zeus déteste Arès mais se
reconnaît responsable de l'avoir engendré : « tu
es mon enfant, et c'est de moi que ta mère t'a conçu ».
Puis il s'emporte et lui dit que s'il était né d'un
autre dieu, il y a beau temps qu'il se serait retrouvé « plus
bas que les fils du ciel ». Certains érudits
disent la religion grecque anthropomorphe. En réalité,
il s'agit d'un système reposant sur des ancêtres humains
réels qui, tout en gardant leur identité, ont pris un
caractère divin. Arès, le Seth déifié,
est en quelque sorte piégé par une histoire qui
contraint son père Zeus à le haïr et les héros
grecs à tuer ses enfants.
SUITE
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Table
des Matières
Remerciements
5
Préface 9
D'où vient la
mythologie grecque ? 9
Chapitre 1: Le code des
artistes grecs 11
Chapitre 2: Quelques
rappels sur la religion grecque 15
~ Le premier couple
~ Héra, la
reine des dieux, est l'Ève primitive
~ Zeus, le roi des
dieux, est Adam
~ Zeus et Héra
premier couple décrit par la Genèse
~ Le jardin des
Hespérides, équivalent grec de l'Eden
~ Les deux fils
ennemis de la première famille
~ Héphaïstos/Caïn
~ Arès/Seth
~Le Déluge efface
la voie de Caïn
~ La résurgence
de la voie de Caïn après le Déluge
~ Athéna :
la renaissance d'Ève après le Déluge
~ La statue
d'Athéna, un élément clé du code du
Parthénon
~ La malédiction
de la gorgone Méduse
~ Conclusion
Chapitre 3: Noé
et ses enfants dans la céramique, l'histoire grecque, et sur
le Parthénon 35
~ Noé
~ Nérée,
le Noé grec
~ Nérée
et la naissance d'Athéna
Chapitre 4: Héraclès
dessaisit Nérée/Noé du pouvoir 43
~ Héraclès
s'en prend à l'autorité de Nérée/Noé
~ Héraclès
vainc Triton-Noé et lui enlève son pouvoir
Chapitre 5 Le Déluge
tel que le décrit le Parthénon 49
~ Le fronton
Ouest
~ Le Déluge
revisité par les Grecs
Chapitre 6 Avant le
Déluge, les Centaures se mêlent aux femmes de la lignée
de Caïn 57
~ Les Centaures
battent les Lapithes et prennent leurs femmes
~ Seth, Caïn
et la sujétion
~ Les Grecs
accusaient les Centaures d'avoir éradiqué la lignée
de Caïn à l'époque du Déluge
~ Réémergence
du monde de Caïn après le Déluge
~ Les mystérieuses
métopes centrales de la façade Sud
~ La vengeance de
Caïn après le Déluge
Chapitre 7 La chute des
fils yahvistes de Noé 75
~ Les Dieux
anéantissent les Géants
~ L'autel de Zeus à
Pergame
Chapitre 8 Le manteau de
Noé 85
~ La frise du
Parthénon
~ Le manteau de Noé
~ Le manteau de Noé
et Chiron, Centaure de la transition
~ Chiron-Cham,
Hermès-Kouch et Héraclès-Nemrod
~ Les Panathénées
et la Pâque
Chapitre 9 Pélée
enlève Thétis, la fille de Nérée/Noé
101
~ Les métopes
Nord
~ De l'autel du
dieu de Noé à celui de Zeus
~ Nérée
est forcé d'assister au mariage de sa fille
~ Thétis
devient partie intégrante de la religion grecque
~ L'enlèvement
de Thétis, du point de vue des Écritures
Chapitre 10 Les
Amazones : des filles de Noé devenues des guerrières
111
~ Les métopes
Ouest
~ Face à
l'enlèvement de Thétis, ses sœurs opposent
détermination et action
~ Le vase de
Cléophradès
Chapitre 11 Les pièces
du puzzle 119
~ Reconstitution du
fronton Est : les éléments disponibles
~ Brève
histoire du Parthénon et de sa façade Est
~ Le côté
gauche du fronton Est
~ Détails du
côté gauche du fronton Est
~ Le côté
droit du fronton Est
Chapitre 12 Les figures
centrales 125
~La naissance d'Athéna
telle que la décrivent les vases
~ Les fragments
d'Héra
~ Zeus debout au
centre du fronton
Chapitre 13 Zeus, le
serpent transfiguré en une image d'Adam 131
Chapitre 14 Athéna,
la nouvelle Ève au serpent 139
Chapitre 15 Héra,
l'Ève primitive 147
Chapitre 16 Héphaïstos,
le Caïn déifié 153
Chapitre 17 Nyx,
l'Obscurité 159
Chapitre 18 Les
Hespérides, une image du paradis 167
Chapitre 19 Atlas
repousse les cieux et le Dieu des cieux avec 173
~ Atlas,
les Hespérides et Nyx.
~ Atlas est l'image
d'Adam avant qu'il ait mangé le fruit, et de l'humanité
en général.
Chapitre 20 Hermès,
Kouch déifié, relie l'Eden à la renaissance de
l'Ève au serpent 179
~ Le côte
droit du fronton
~ Un potier grec
nous livre une image
Chapitre 21 Hélios :
le soleil levant annonce la naissance d'Athéna et le nouvel
âge grec 183
Chapitre 22 Héraclès
l'immortel : Nemrod transplanté sur le sol grec 187
~ L'immortel
Héraclès
~ Héraclès
partage la lumière d'Hélios.
~ Le festin
d'Héraclès.
~ L'apothéose
d'Héraclès.
~ Le mariage
d'Héraclès et d'Hébé.
~ Selon une autre
tradition grecque
~ Quand les Grecs
regardaient Héraclès
Chapitre 23 Les trois
Destinées : la mort chassée par l'immortelle
Athéna l'Ève primitive 199
Chapitre 24 Niké
amplifie la victoire de Zeus et Athéna 203
~ Niké n'est
pas la déification d'un humain du passé mais une
abstraction.
~ La Niké
d'Athéna détourne Atropos
~ La Victoire ailée
de Samothrace.
Chapitre26 Le manteau de
Noé, le Parthénon et le Christ 217
Crédits
Photographiques 221
Bibliographie 233
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