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256-bit encryption Exp 8 juillet 2020 |
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Préface
Le Désordre des Siècles fut conçu au moment où je me suis rendu compte qu'un cataclysme s'était produit à l'époque de l'Exode biblique et que cette catastrophe pourrait bien être le lien entre les histoires d'Israël et celle d'Egypte, à la seule condition que d'anciens textes égyptiens contiennent des références à un événement similaire.
J'ai trouvé ces textes et élaborai en peu de temps la reconstruction de l'histoire antique depuis l'Exode jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand.
Dès le mois d'octobre de la même année, j'avais réalisé la nature et l'étendue de ce désastre. Au cours des dix ans qui suivirent, je menai de front deux tâches en écrivant parallèlement Mondes en Collision1 et Le Désordre des Siècles, ce qui me réclama un effort titanesque.
Le
Désordre des Siècles couvre largement la période
concernée par Mondes en Collision
Me
trouvant dans l'obligation de les classer, j'ai écrit ce livre
comme un roman policier : il est de notoriété
publique que dans le travail d'un détective, les associations
inattendues sont souvent construites sur d'infimes détails
comme les empreintes digitales sur le comptoir d'un bar, un cheveu
sur la tablette d'une fenêtre ou des allumettes dans les
buissons. Des détails de nature archéologique,
chronologique ou paléographique peuvent paraître
insignifiants, mais ils représentent en fait les empreintes
digitales laissées par l'histoire des nombreuses nations et
générations impliquées. Ces récits ne
sont pas inclus dans ce livre pour en rendre la lecture difficile,
mais parce qu'ils sont nécessaires pour poser les bases de la
thèse majeure de ce livre. Donc, toute tentative visant à
lire cet ouvrage de façon superficielle sera stérile.
Après
la publication de Mondes en Collision qui décrit les
deux actes d'un drame céleste et terrestre ( restitué
d'après la mémoire collective ), il eut été
sage de ma part de renforcer ma position en poursuivant par une étude
géologique et paléontologique des traces laissées
par ces mêmes événements sur la terre. Ce fut
donc une grande tentation de poursuivre la rédaction de Mondes
en Collision afin de prouver encore et encore, et sous de
nouveaux angles, que des cataclysmes se produisirent réellement
et modifièrent en profondeur la lenteur de l'évolution
naturelle, organique ou inorganique.
En
fait, depuis la publication de Mondes en Collision, j'ai
consacré mes efforts à mettre en ordre les preuves
généalogiques et préhistoriques afin de
renforcer l'évidence de la catastrophe cosmique. J'ai pu alors
écrire Les Grands Bouleversements Terrestres sans me
soucier de la tempête soulevée par mon premier livre.
Mais
je constatai que les thèses présentées dans ce
nouveau volume ne suscitaient pas un accueil favorable, ni même
une simple lecture, en particulier de la part de ceux qui s'y
opposaient le plus violemment. Etait-ce bien utile de fournir à
la hâte d'autres preuves ? Après d'autres
réflexions sur ma stratégie, je décidai d'écrire
Le Désordre des Siècles que je considère
majeur. Après avoir perturbé la complaisante
tranquillité d'un groupe puissant d'astronomes et de
scientifiques, je propose à présent un défi
majeur aux historiens avec Le Désordre des Siècles.
Ce travail leur posera autant de problèmes que Mondes en
Collision en créa aux astronomes. Les historiens auront
sans doute encore plus de difficultés psychologiques à
revoir leur position face au nouvel ordre de l'histoire antique
proposé ici. Un étudiant qui a suivi ce travail depuis
les premières ébauches fut du même avis. Il admit
n'avoir aucun argument solide contre cette reconstruction, mais
convint qu'il était pour lui presque impossible,
psychologiquement, de modifier des idées acquises au cours de
dizaines d'années de lecture, d'écriture et
d'enseignement.
La
tentative de remodeler radicalement l'histoire du monde antique, soit
1200 ans de la vie de nombreux royaumes, sera sévèrement
censurée par ceux qui, par leurs enseignements et leurs
écrits, se sont déjà profondément
impliqués dans la précédente conception de
l'histoire. Nombre d'entre eux qui cherchent à imposer leur
autorité, ne pourront croire qu'une vérité ait
pu demeurer si longtemps cachée, ce dont ils déduiront
par conséquent qu'elle ne peut pas être une vérité.
Aurais-je du tenir compte des propos abusifs dont fit
preuve un groupe de scientifiques en me condamnant en même
temps que Mondes en Collision ?
Incapables
de prouver que Mondes en Collision contenait des erreurs, ou
que les documents cités étaient faux, les membres de ce
groupe se permirent des colères indignes d'un statut de
scientifique. Ils arrachèrent le livre de mon premier éditeur
en menaçant de boycotter toute sa production scolaire. Et,
alors que Mondes en Collision était déjà
sous presse, l'éditeur avait consenti à le soumettre à
la censure de trois éminents scientifiques qui l'avaient
approuvé. Quand le nouvel éditeur reprit le livre, le
même groupe usa des mêmes menaces pour l'en empêcher.
Ils obtinrent même le renvoi d'un scientifique, ainsi que celui
d'un directeur littéraire qui prenait ma défense. En
conséquence, de nombreux membres des facultés
académiques furent contraints à la clandestinité
pour lire Mondes en Collision et correspondre avec son auteur.
Les
gardiens du dogme furent et sont toujours vigilants pour écraser
un nouvel enseignement par des exorcismes et non par de réels
motifs. Mais voici une règle simple qui permet de savoir si
oui ou non un livre est une imposture : jamais dans l'histoire
des sciences une oeuvre frauduleuse n'a soulevé une telle
tempête parmi les scientifiques. Comme toujours lorsqu'une
nouvelle idée révolutionnaire a été
proposée. A présent, aucun chapitre de Mondes
en Collision ne requiert d'être corrigé, ni aucune
de ses thèses révoquée.
Les
changements proposés dans Le Désordre des Siècles
sont totalement stupéfiants.
Je
réclame le droit à l'erreur dans les détails et
accueille chaleureusement la critique constructive. Cependant, avant
de proclamer que la structure entière de
l'oeuvre doit s'effondrer parce qu'une objection peut
être faite contre un point ou un autre, le contestataire devra
peser soigneusement ses arguments vis à vis de l'ensemble du
schéma, les étayant de toutes les preuves nécessaires.
L'historien qui focalise son attention sur la remise en cause d'un
détail, au point de négliger l'oeuvre dans son
ensemble et d'ignorer les nombreuses évidences qui la
soutiennent, fera simplement la démonstration de son
étroitesse d'esprit dans son approche de l'histoire. Il sera
semblable au « savant consciencieux »,
le professeur Twist en expédition avec sa femme dans la jungle
sur les rives de l'Ogden Nash. Un jour, un guide l'informa qu'un
alligator avait mangé sa femme. Le professeur ne put
s'empêcher de sourire : « Vous voulez dire
un crocodile ? ».
Je crois
que les preuves réunies dans Le Désordre des Siècles
garantissent la reconstruction historique proposée.
Tôt
ou tard, et peut être demain, de nouvelles découvertes
archéologiques confirmeront la thèse principale de ce
livre. Il deviendra alors incontournable, même au plus
paresseux des lecteurs pour lequel seule une prophétie déjà
réalisée est un argument valable.
La
récente découverte de textes bilingues ( hébreu
ancien et pictogrammes hittites )
et par conséquent d'une clé pour traduire les textes
indéchiffrables d'Asie Mineure et de Syrie, permet d'espérer
la révélation de faits extrêmement intéressants.
N'est-ce
pas l'occasion de constater qu'une idée neuve est tout d'abord
jugée fausse, et qu'ensuite, lorsqu'elle est acceptée,
n'est plus considérée comme neuve ?
Immanuel Velikovsky
Introduction
Ceci
n'est pas une narration historique au sens usuel du terme. C'est une
suite de chapitres dont chacun est similaire à un procès
où des témoins conduits à la barre doivent
réfuter une vieille théorie et certifier l'exactitude
d'un nouveau concept de l'Histoire antique.
En
effet, l'ancienne Histoire de l'humanité, jamais contestée
jusqu'à présent, est mise en accusation et une
reconstruction nouvelle est présentée. La période
concernée couvre plus de 1000 ans et se termine avec l'arrivée
d'Alexandre le Grand.
Quand la
perspective historique est déformée, des choses
étonnantes se produisent : imaginez ce qui se passerait
si on étudiait l'histoire de l'Europe et des Etats-Unis avec
un décalage de 600 ans dans les dates anglaises !
L'Europe et l'Amérique se trouvant par exemple en l'an 1940
alors que la Grande Bretagne serait en... 1341. Du coup, le Winston
Churchill de 1341 n'aurait pas pu visiter l'Amérique puisque
Christophe Colomb ne la découvrit qu'en 1492. Il aurait donc
visité un autre pays ( dont la localisation serait un
sujet de querelle d'étudiants ) et y aurait rencontré
le chef du gouvernement.
Un autre
chef d'état américain ( et plus le Franklin
Roosevelt de Washington ) aurait vécu dans l'histoire
comme cosignataire d'une charte avec le Churchill de Grande Bretagne
en 1341. Mais comme les registres américains ont parlé
d'un Churchill traversant l'océan au début des années
quarante du XXe siècle, l'histoire britannique
aurait également mentionné un Churchill II, 600 ans
après le premier. Cromwell se serait dédoublé
grâce au même procédé. Il aurait vécu
300 ans avant Winston Churchill mais aussi 300 ans après lui,
autrement dit 300 ans avant Churchill II.
On se
serait battu deux fois lors de la Première Guerre mondiale
ainsi que de la Seconde. Après 575 ans, la Première
Guerre mondiale ( dans sa seconde version ) aurait succédé
à la Seconde Guerre dans sa première version.
Dans la
même veine, le développement de la Constitution, la vie
culturelle, les progrès de la technologie et des arts
apparaîtraient chaotiques. Newton en Angleterre, au lieu de
suivre Copernic, en serait devenu l'ancêtre. Jeanne d'Arc
aurait vécu l'ancienne tradition des suffragettes de l'ère
post-victorienne 
deux fois à 600 ans d'intervalle 
confusion grandissante de l'histoire, elle aurait dû faire face
aux mêmes risques pour souffrir de la même mort quelques
siècles avant le nôtre.
Dans le
cas présent, non seulement les îles britanniques
auraient eu leur histoire dédoublée et déformée,
mais l'histoire du monde entier aurait subi le même sort.
Naturellement, cela aurait soulevé des difficultés mais
elles auraient été balayées comme des
exceptions. Des théories compliquées auraient été
proposées et discutées. Si elles avaient été
acceptées, elles seraient devenues elles-mêmes de
nouveaux et puissants obstacles à une perception correcte de
l'histoire.
L'histoire
antique est déformée de la même manière :
la synchronisation perturbée transforme de nombreux
personnages historiques en
C'est
l'histoire égyptienne qui comporte l'erreur principale 
son ancienneté la coupa de tout contact réel avec les
histoires des autres peuples. Et c'est à partir des annales
égyptiennes que les peuples d'Assyrie, de Babylone et de Médie
relatèrent les événements où ils furent
confrontés à l'Egypte 
sources conservées par ces autres peuples que l'histoire
égyptienne reprit, pour la seconde fois, la description des
mêmes événements. C'est ainsi que
l'histoire de l'Assyrie, de Babylone et de Médie furent
perturbées et gâchées 
« l'empire hittite
Rétablir
la chronologie exacte de l'histoire des peuples antiques est
excitant. Sous un nouvel éclairage, on peut voir comment de
nombreux documents, présentés dans une perspective
historique incorrecte, sont mal interprétés. On lira
ainsi l'histoire des plaies d'Egypte du temps de l'Exode racontée
par un témoin oculaire égyptien et préservée
sur un papyrus.
On
sera capable d'établir l'identité des mystérieux
Hyksos. On pourra également indiquer le site de leur
forteresse Auaris, probablement la forteresse la plus importante de
l'ancien temps.
On
lira le récit que fit la reine de Saba de son voyage à
Jérusalem à l'époque de Salomon. On verra des
illustrations représentant ce voyage ainsi que les habitants,
animaux et même les plantes palestiniennes.
On
aura sous les yeux des photos de la vaisselle, des meubles et des
ustensiles du Temple de Salomon, gravés dans les bas-reliefs,
par un artiste contemporain.
Suivront
ensuite des lettres écrites par les rois juifs de Jérusalem,
Jehoshaphat et Achab, le pécheur de Jézabel, ainsi que
des lettres signées par des chefs militaires dont nous
connaissons les noms grâce aux textes bibliques.
La
révision des histoires égyptienne, assyrienne et
babylonienne ainsi que celle de la Grèce antique provoque des
conséquences d'une envergure plus extraordinaire encore. La
chronologie modifiée, sans altérer l'ordre des
événements vécus par les Hébreux,
enrichit considérablement leurs récits. La durée
de l'histoire de l'Egypte puis celle de Babylone, de l'Assyrie, de la
Médie, de la Phénicie, de la Crète et de la
Grèce, en est modifiée. Le monde antique restructuré
présente ainsi des architectures correctement ordonnées
dans le temps et l'espace. Et on se rend compte que des rois furent
transformés en leurs propres arrière, arrière
petits-fils. On décrivit des empires chimériques et on
ouvrit des musées afin d'exposer les oeuvres d'art issues
de royaumes qui n'ont jamais existé : ces objets d'art
datant d'un autre siècle, ou même d'un autre millénaire.
C'est le cas de l'empire Hittite et de son art. C'est le cas du
peuple Hurrian et de sa langue.
Des
universitaires, après de laborieux efforts, ont enregistré
des réussites en ignorant leur véritable nature. La
langue chaldéenne fut déchiffrée sans que les
linguistes réalisent qu'ils lisaient du chaldéen 
de nombreux manuels concernant la langue carienne furent rédigés
sans que les habiles philologues sachent que c'était du
carien.
Quand
les faits sont remis à leur place exacte dans l'histoire, une
brève introduction ne permet pas de mettre en exergue tout ce
qui apparaît alors dans de nouvelles perspectives. Quand les
gonds de l'histoire mondiale sont déverrouillés, les
faits concernant peuples et pays, leur art et leur religion, leurs
batailles et leurs trahisons affluent comme d'une corne d'abondance.
Ce
livre a sans doute omis de citer quelques réalités et
autant d'analogies, mais un travail de pionnier peut difficilement
éviter ce genre de défaut.
Chronologie
de l'Egypte
par
les historiens « classiques »
- 5000
à - 3000 Préhistoire égyptienne
- 3000
à - 2700 Epoque Thinite
- 3000
à - 2900 Ière dynastie
- 2900
à - 2700 IIe dynastie
- 2700
à - 2200 Ancien Empire
- 2700
à - 2600 IIIe dynastie
- 2600
à - 2500 IVe dynastie
- 2500
à - 2400 Ve dynastie
- 2400
à - 2200 VIe dynastie
- 2200
à - 2060 Période Intermédiaire N°1
- 2200
à - 2150 VIIe et VIIIe dynastie
- 2150
à - 2100 IXe dynastie
- 2100
à - 2060 Xe dynastie, début de la XIe
- 2060
à - 1785 Moyen Empire
- 2060
à - 2000 fin XIe dynastie
- 2700
à - 1785 XIIe dynastie
- 1785
à - 1580 Période Intermédiaire N°2
- 1785
à - 1730 XIIIe dynastie et XIVe
dynastie
- 1730
à - 1680 XVe dynastie et XVIe
dynastie des Hyksos
- 1680
à - 1580 XVIIe dynastie vassaux des Hyksos
- 1580
à - 1070 Nouvel Empire
- 1580
à - 1300 XVIIIe dynastie avec les 4 Aménophis,
dont Akhenaton, les 4 Touthmosis et Toutankhamon.
- 1300
à - 1200 XIXe dynastie avec les Ramsès
I et II
- 1200
à - 1070 XXe dynastie avec les Ramsès
III à XI
- 1070
à - 715 Période Intermédiaire N°3
- 1070
à - 950 XXIe dynastie
- 950
à - 730 XXIIe et XXIIIe dynasties
libyennes
- 730
à - 715 XXIVe dynastie
- 715
à - 656 XXVe dynastie éthiopienne
- 656
à - 332 Basse Epoque
- 656
à - 525 XXVIe dynastie saïte
- 525
à - 404 XXVIIe dynastie perse
- 404
à - 343 XXVIIe à la XXXe:
fin des rois égyptiens
- 343
à - 332 domination perse puis Alexandre
- 332
à - 30 Epoque Grecque
- 30
à 395 Epoque Romaine
395 à 617 Epoque Byzantine
~ chapitre
1 ~
A la recherche d'un lien
entre
l'histoire de l'Egypte
et
celle d'Israël
~ Deux
terres et leur passé
La
Palestine et l'Egypte sont des pays voisins. L'histoire de l'Egypte
remonte à l'antiquité la plus reculée. Quant au
peuple Juif, il possède un récit qui ambitionne de
décrire la naissance même de sa nation ainsi que son
parcours à travers les siècles. D'après ce
texte, à l'aube de leur histoire, les Israélites, une
simple tribu nomade, migrèrent de Canaan en Egypte où
ils se multiplièrent et formèrent un peuple. C'est en
Egypte également qu'ils furent soumis à l'esclavage.
Leur fuite mouvementée demeure pour eux un souvenir
inestimable : leur tradition la cite un nombre incalculable de
fois.
D'après
les textes égyptiens, aucune trace du séjour des
Israélites, ni de leur départ, ne subsiste. Nul ne sait
quand l'Exode survint, ni même s'il se produisit vraiment.
Selon certains scientifiques, le séjour des Israélites,
leur esclavage et leur fuite sont des récits purement
mythologiques. L'absence de référence directe à
ces événements, que ce soit sur les monuments, ou les
papyrus égyptiens, semble en effet confirmer cette théorie.
On lui opposa cependant qu'aucun peuple n'inventerait des légendes
d'esclavage destinées à nuire au prestige de la nation
et que ce récit devait donc posséder une base
historique. Les historiens sont divisés sur la
date de l'Exode. De nombreuses hypothèses ont été
proposées. Depuis plus de 2000 ans cependant, on admet que
l'Exode eut lieu durant la période nommée selon
l'actuelle terminologie : « le Nouvel Empire
1 ) La période
prédynastique située au néolithique ou à
la fin du dernier Age Glaciaire.
2 ) L'Ancien Empire qui vit
la construction de la plupart des pyramides : celle de Khéops
sous la IVe dynastie, celle de Phiops sous la VIe,
qui sont parmi les plus célèbres.
3 ) Durant le premier
interrègne, ce fut le chaos : au cours de cette sombre
période, l'autorité centrale fut abolie. On ne connaît
donc pratiquement rien de la VIIe à la Xe
dynastie.
4 )Le Moyen Empire suivit. Il
inclut les XIe, XIIe et XIIIe
dynasties. C'est sous la XIIe dynastie que l'Egypte
féodale fut unifiée. La littérature égyptienne
atteignit alors son apogée.
5 ) Vint
ensuite une période de désordre qui fut exploitée
par des envahisseurs appelés par les Egyptiens Amu, et Hyksos
par les auteurs Grecs2.
Les rois Hyksos furent les Pharaons de la XIVe à
la XVIIe dynastie et leur règne fut impitoyable3.
On ne sait pas quelle était leur race.
6 ) Sous le Premier Empire,
ils furent expulsés par Ahmôsé ( Amosis I )
qui fonda la XVIIIe dynastie, la plus intéressante
de toutes. Elle comprenait la dynastie de Touthmosis I 
célèbre reine Hatchepsout 
plus grand des conquérants égyptiens 
II ; Touthmosis IV 
des magnifiques temples de Louxor et Karnak 
IV que se fit appeler Akhenaton, le fameux hérétique.
Leurs descendants suivirent 
fut le jeune roi Toutankhamon, non pas qu'il se soit distingué
par son règne, lequel fut obscur, mais grâce à la
richesse de son tombeau découvert au début du XXe
siècle et au mystère qui entoure le lieu de sa
sépulture. Les conditions du déclin de la XVIIIe
dynastie sont peu connues. L'histoire rapporte qu'elle fut
suivie par la XIXe dynastie, celle de Séti le
Grand, de Ramsès II ( le Grand ) et de Merenptah.
Mais la période de transition entre la XIXe et la
XXe dynastie reste confuse. Ramsès III fut le plus
important des rois de la XXe dynastie et le dernier grand
empereur de l'ancienne Egypte.
7 ) Les
pharaons de la XXVe à la XXXe dynastie
furent de petits rois qui n'enregistrèrent rien d'important.
Leur époque est appelée la « Basse
époque
8 ) La dynastie
ptolémaïque, issue de Ptolémée qui fut un
Général d'Alexandre, expira avec Cléopâtre
en - 40.
Ce livre
couvre la période allant de la fin du Moyen Empire à la
conquête de l'Egypte par Alexandre ( voir les paragraphes
5, 6 et 7 ci-dessus ), soit plus de 1000 ans d'histoire du Moyen
Orient. On peut observer, à juste titre, que la
division en
On
dit que le Nouvel Empire fut constitué vers - 1580 ( lors
de l'expulsion des Hyksos sous Kamôsé et Ahmose ) 
selon toute vraisemblance, Akhenaton régna de - 1375 à
- 1358 
de - 1300 à - 1234 
partir de cette dernière année. Ramses III de la XXe
dynastie débuta son règne en - 1200 ou
quelques années plus tard. On considère ces datations
très importantes pour établir le moment de l'Exode.
Selon la
tradition, à partir de l'Exode, l'histoire d'Israël se
répartit ainsi : tout d'abord, 40 années de
nomadisme dans le désert, ensuite environ 400 ans couvrant la
période de Josué, des Juges et de Saül, le premier
roi, et enfin l'époque des rois de la Maison de David. A
partir de - 1000, David constitua son royaume qui demeura unifié
durant une centaine d'années environ sous les règnes de
Saül, David et Salomon.
A
l'époque des héritiers de Salomon, il fut divisé
en deux : Israël au nord et Juda au sud. Vers - 722,
après la capture de leur capitale Samarie par Sargon II
d'Assyrie, les Dix Tribus d'Israël furent exilées et ne
revinrent pas. En - 587 ou - 586, le peuple de Juda, après
la destruction de sa capitale Jérusalem par Nabuchodonosor,
fut expatrié à Babylone d'où quelques
groupuscules de nationaux purent revenir après que la capitale
eut été envahie par Cyrus le Perse. D'autres groupes
retournèrent en Palestine au cours du siècle suivant.
Et Alexandre le Grand, en route pour l'Egypte, conquit la Palestine
en - 333.
Malgré
la proximité de l'Egypte et de la Palestine,
On
trouve étrange que durant plusieurs centaines d'années,
aucun lien réel n'ait existé entre les histoires
d'Egypte et de Palestine. Au moins, l'Exode des Israélites
devrait faire partie des deux récits et fournir ainsi un lien
entre eux. Il nous faudra donc déterminer à quelle date
il s'effectua. Ou bien l'Exode précéda David de 100 ou
200 ans, ou alors de 300, 400 ou 500 ans. Tout dépend de la
durée de l'errance dans le désert et du temps des
Juges. En d'autres termes, si les Israélites ont quitté
l'Egypte au XVIe, XVe, XIVe, IIIe
ou IIe siècle, l'événement se
produisit sous le Nouvel Empire. Aucun doute à ce sujet.
Cependant, les universitaires se demandent toujours sous quel roi du
Nouvel Empire placer l'Exode. Bien que les documents historiques
officiels de l'Egypte n'aient fourni aucune précision, ainsi
que je l'ai noté plus haut, certains détails prêtent
à discussion.
~ Quelle
est la date historique de l'Exode ?
La
théorie la plus ancienne situe l'Exode à la date la
plus récente : on assimila les Israélites aux
Hyksos et l'Exode fut confondu avec l'expulsion des Hyksos, lesquels,
selon Manéthon, le prêtre cité plus haut,
gagnèrent ensuite la Syrie et construisirent Jérusalem6.
Flavius
Josèphe, l'historien juif du Ier siècle,
bien que critiquant les opinions d'Apion le grammairien et de
Manéthon ( sa propre source ) accepta néanmoins
et soutint l'idée que les Israélites étaient les
Hyksos. Jules l'Africain, l'un des Pères de l'Eglise, se
référant à Apion, nota qu'au temps d'Ahmose, les
juifs, guidés par Moïse, se révoltèrent7.
Un autre Père de l'Eglise, Eusèbe, qui fit dans son
canon l'éloge de Cenchéres, l'un des dernier rois de la
XVIIIe dynastie ( dont on ignore l'identité ),
écrivit :
La
similitude des Israélites et des Hyksos10
fut fréquemment reconnue mais rejetée encore plus
souvent. Aujourd'hui, certains historiens maintiennent que l'Exode se
produisit au début de la XVIIIe dynastie. Pour eux,
ce récit n'est rien de plus que l'écho de l'expulsion
des Hyksos11.
Mais en observant l'esclavage des Israélites en Egypte et
celui des Egyptiens sous les Hyksos, il paraît évident
qu'assimiler les esclaves martyrisés aux cruels tyrans fut une
hypothèse outrée. On proposa donc une variante :
selon cette nouvelle théorie, la nation Israélite ne
séjourna jamais en Egypte, ce sont les Hyksos qui, en
revanche, s'y établirent avant leur départ. On ajouta
que les Israélites, ayant eut connaissance des traditions de
ce peuple étrange, les adaptèrent aux événements
de leur propre passé.
Mise à
part l'incongruité d'identifier les Hyksos aux Israélites
et les tyrans aux opprimés, une difficulté de plus
surgit, due au fait qu'aucun moment favorable ne se présenta
aux Israélites fuyant l'Egypte, pour envahir la Palestine qui
se trouvait alors occupée par des rois puissants, les pharaons
successeurs d'Ahmose. On utilisa le même argument pour soutenir
que l'Exode se produisit en - 1580, date de l'expulsion des
Hyksos :
A
l'époque où régnaient les pharaons dans toute
leur puissance, il fut impossible aux Israélites d'entrer en
Palestine 
joug de l'esclavage sous des pharaons tout aussi importants ?
De
nombreux érudits pensent qu'une autre époque offre la
clé permettant de préciser la date de l'Exode. Au XIXe
siècle dans la vallée du Nil, en un lieu nommé
Tell el-Amarna, les archéologues mirent au jour des tablettes
d'argile contenant une correspondance datée de l'époque
d'Aménophis III et de son fils Akhenaton. Certaines d'entre
elles étaient des lettres anxieuses provenant de Jérusalem
( Urusalim ). Elles avertissaient le pharaon de l'invasion
des « Habiru
En
admettant que les Habiru soient les Hébreux, cela place ipso
facto l'Exode une ou deux générations plus tôt14.
La Bible rapporte en effet ( I Rois 6:1 ) que le Temple de
Salomon fut construit 408 ans après l'Exode, ce qui pointe le
milieu du XVe siècle. On fixe parfois la date de
l'Exode à - 1447. Cette année correspondrait au
règne d'Aménophis II, et les invasions de la Palestine
en - 1407 coïncideraient avec l'époque des lettres
d'el-Amarna.
Les
résultats des fouilles de Jéricho apportèrent la
preuve de l'agression des Hébreux par les Habiru. Les murs de
l'antique cité révélèrent des traces de
tremblements de terre et des signes d'incendie que les archéologues
datèrent d'environ - 1407, c'est-à-dire l'époque
de la correspondance d'el-Amarna15.
Ce séisme pourrait avoir causé la chute des murs de
Jéricho assiégé par les Israélites après
qu'ils eurent traversé le Jourdain.
On
tenta d'aménager ces deux propositions : d'une part,
Israël quitta l'Egypte au moment de l'expulsion des Hyksos et
atteignit la Palestine, comme le firent les Habiru, sous le règne
d'Akhenaton. Mais cette hypothèse nécessite plus de 200
ans de nomadisme dans le désert, au lieu des 40 ans cités
par les Ecritures, ce qui la rend hautement improbable16.
D'autre part, un Exode sous Aménophis II ne présente
pas ce genre de difficulté et pourrait donc convenir à
la chronologie de la Bible. Néanmoins, selon les égyptologues,
cette même époque ne semble pas du tout adaptée à
une telle aventure : « Les égyptologues
estiment en effet que parmi toutes les théories
proposées, celle qui consiste à placer l'Exode sous le
règne d'Aménophis II, afin qu'il coïncide avec les
dates traditionnelles, semble la moins probable
On
mit également l'accent sur le fait que la Palestine fut
assujettie à l'Egypte jusqu'aux désordres de - 1358
qui mirent fin au règne d'Akhenaton :
L'idée
fit son chemin dans l'esprit de Sigmund Freud, qui, à la suite
de certains historiens20
tenta de démontrer que Moïse fut un prince égyptien,
pupille d'Akhenaton, lui-même fondateur de l'idéal
monothéiste. Au terme de son règne, quand son schisme
fut condamné, Moïse sauva ses enseignements en les
transmettant aux esclaves et s'enfuit d'Egypte avec eux. Une autre
théorie fait remonter la date de l'Exode à une période
ultérieure : la stèle de Merenptah en est la
pierre angulaire. Ce roi de la XIXe dynastie a dit de la
Palestine
La
tradition israélite ne relate pas ces circonstances, mais,
puisqu'il s'agit de la première mention d'Israël, on
considère Merenptah comme le Pharaon de l'Exode
Cependant,
d'autres érudits pensent que la présence du peuple
d'Israël en Palestine non seulement ne confirme pas, mais réfute
l'idée que Menerptah fut le Pharaon de l'Exode22.
Comment aurait-il pu en être témoin et guerroyer en même
temps contre Israël en Palestine ?
On
mit en exergue un nouvel obstacle concernant la date de l'Exode sous
Merenptah. Si ce dernier fut vraiment le pharaon de l'Exode, les
Israélites entrèrent en Palestine une génération
plus tard, entre - 1190 et - 1180 au moins. Sous cet angle,
un siècle seulement demeure alors disponible pour les
événements décrits dans les Juges :
« Jusqu'ici, situer l'Exode sous le règne de
Merenptah
D'autres
scientifiques soutinrent que l'Exode se produisit par vagues
successives24.
Une combinaison des
Le
fait que les Israélites aient atteint la Palestine sous le
règne de Merenptah ou, plus improbable encore, sous celui de
Ramsès III après sa campagne en - 1186, ne laisse
aucun espace de temps disponible pour les événements
situés sous les Juges. Ceux-ci guidèrent le peuple
durant les 400 ans précédant Saül et David
( - 1000 ). Une école d'historiens argumenta en
faveur de la théorie suivante : « L'arrivée...
n'a pu s'effectuer qu'après la dernière guerre des
Egyptiens par Rameses ( Ramsès ) III, 1186 av. JC.
Ce qui laisse peu de place à l'incertitude28
Des
considérations archéologiques soutinrent ce point de
vue. On prétendit que les fouilles de Bethel en Palestine
Les
désaccords s'accentuèrent. On estima la date de l'Exode
sous le règne de Merenptah
L'expulsion
des Hyksos, l'invasion des Habiru, la défaite d'Israël
sous Menerptah, ce sont les trois événements qui
servent de base aux diverses écoles d'historiens pour appuyer
leurs théories respectives. Chaque groupe souligne les
distorsions que se permettent ses rivaux : 200 ans dans le
désert détruit une théorie 
la période des Juges en sape une autre, et ainsi de suite.
Chacune d'entre elles doit surmonter le même et unique
obstacle :
Mais
s'il en est ainsi, comment les Israélites parvinrent-ils à
quitter l'Egypte, et, l'ayant quittée, comment réussirent-ils
à entrer en Palestine ?
De
plus, pourquoi les Livres
de Josué
On
parvint à expliquer pourquoi Israël avait quitté
l'Egypte sous la domination de puissants pharaons, mais on ne
découvrit aucune raison à l'étrange silence des
Livres de Josué et des Juges. Les Pharaons étaient très
influents, et l'Exode ne fut sans doute que le simple passage
quotidien de Bédouins à la frontière égyptienne.
Quand la sécheresse poussa les Israélites vers la
frontière, ils y furent accueillis mais durent travailler au
bénéfice de l'Etat pour payer l'hospitalité dont
ils jouirent ainsi que leurs troupeaux. Quand ils quittèrent
l'Egypte, un officier leur délivra une autorisation, et il se
peut qu'il en ait pris note, mais c'était un événement
trop insignifiant pour être inscrit sur un monument :
« Dans l'histoire de cette période, l'Exode fut
apparemment un fait journalier banal, si mineur en vérité
que l'Egypte, la nation la plus concernée après les
Juifs eux-mêmes, ne prit jamais la peine d'en parler32»
~ Plaies
et présages
Selon la
Bible en revanche, le départ d'Egypte ne fut pas un fait banal
mais plutôt un événement rarissime accompagné
de violents bouleversements de la nature. De graves
signes et des mauvais augures précédèrent
l'Exode : des nuages de poussière et de fumée
obscurcirent le ciel 
rouge sang. La poussière écorcha la peau des hommes et
des bêtes 
de vermines et de reptiles se mirent à pulluler et envahirent
aussi bien l'air que les terres 
blessées par le sable et les cendres sortirent du désert
et s'approchèrent des maisons. Une pluie terrible de grêlons
tomba et un feu sauvage courut sur le sol 
souleva des essaims de sauterelles 
soufflèrent vague après vague, jour et nuit, nuit et
jour, l'obscurité provoqua une nuit prolongée et sa
noirceur éteignit toute lumière. Alors vint la 10e
plaie, la plus mystérieuse : l'Ange du Seigneur « passa
au-dessus des maisons des enfants d'Israël (...) frappa les
Egyptiens et épargna nos demeures
Après
une analyse purement réaliste, on découvrit la
technique intelligente des narrateurs : « Selon
les érudits : la grêle ne détruisit que le
lin et l'orge, car ils étaient déjà mûrs,
le blé et le seigle qui arrivaient à maturation plus
tard furent épargnés. Cette astuce fut ajoutée
afin que la plaie suivante laisse aux sauterelles quelque chose à
dévorer : etwas zu fressen haben39».
La maîtrise de ces conteurs inventifs fut parfois prise en
défaut, ainsi que le démontre l'histoire des
furoncles : « les
furoncles ne se répandent pas dans l'air comme les cendres, et
cependant... Moïse fut chargé de faire jaillir les
cendres de la fournaise et ''d'en arroser le ciel''40
L'autre
interprétation s'efforça de donner aux plaies une
explication naturelle 
printemps que souffle le sirocco 
aussi appelé khamsin, signifiant « cinquante »
car ce souffle du désert soulève des nuages de
poussière 50 jours par an. Nous avons des images du ciel
obscurci quand souffle le khamsin. Le vent du désert
peut aussi soulever des nuages de sauterelles 
alors le ciel comme un écran, si bien que durant leur passage,
le disque solaire est obscurci. Les touristes connaissent bien le ton
brunâtre des eaux du fleuve, surtout avant ses crues. On
décrivit par ailleurs en détails certaines observations
intéressantes faites auprès des cataractes du Nil41.
Des
auteurs respectés étudièrent attentivement
insectes, mouches et grenouilles de l'Egypte contemporaine. Ils
insistèrent sur le fait que l'ordre des plaies décrit
dans le Livre de l'Exode est exactement similaire à
l'ordre des inconforts annuels provoqués par le climat et les
insectes sous le règne des Turcs, et que cela reste largement
identique aujourd'hui. L'étude du problème posé
par les plaies d'Egypte conclut à leur répétition
annuelle. Ce n'est donc pas surprenant qu'elles n'impressionnèrent
pas plus les Egyptiens que les arrivées et les départs
réguliers de quelques Bédouins avec leur troupeaux.
Au
cours de centaines d'années, des milliers d'érudits ont
dû s'incliner devant l'histoire des plaies. Pieux, ils ne
posèrent pas de questions 
que les merveilles racontées dans le récit n'étaient
que des événements ordinaires 
nièrent l'histoire, l'expliquant comme un mythe d'origine
relativement récente.
Le
Livre de l'Exode décrit la poursuite des Israélites
par l'armée du roi qui regrettait leur fuite. C'est alors
qu'ils furent pris en étau entre les montagnes et la mer. La
nuit fut effrayante. Un lourd nuage obscurcissait le ciel strié
d'éclairs incessants. Un ouragan fit rage toute la nuit et à
l'aube la mer fut fissurée, les eaux déchirées
par un double courant de force gigantesque. Les esclaves
traversèrent 
mais les eaux refluèrent et les Egyptiens périrent
noyés avec leur roi. On tenta aussi d'expliquer cette histoire
par un phénomène naturel. Il semblait difficile
d'ajouter foi à son côté miraculeux 
la vivante description de la nuit, l'ouragan et les vagues hautes
comme des montagnes laissent supposer qu'un événement
se produisit dont le souvenir fut plus tard enjolivé de
fantastiques complications42.
Au fil des siècles, le retour récurrent des juifs à
l'idée d'une expérience vécue au bord de la mer,
suggéra que l'histoire entière n'aurait pu être
inventée. Selon les historiens, la tradition la plus
inappréciable du peuple naquit sur les rives du Jam-Suf,
généralement traduit par
« mer Rouge
Un
passage ouvert au milieu d'une rivière ou d'une mer est un
fréquent motif de folklore. Les poursuivants furent
probablement confrontés à une catastrophe, non pas à
cause du partage de la mer en deux, mais à la suite d'une
énorme vague gonflée par la tempête. Mais il est
évident qu'une explication basée sur les flux et reflux
des eaux n'est pas valable. Ou bien la Mer du Passage fut le Golfe de
Suez ou le Golfe d'Aqaba sur la mer Rouge, ou le Lac Sirbonis
( Serbon43)
relié à la Méditerranée, ou quelque autre
lac ( le Lac des Crocodiles ) le Lac Salé, dont les
eaux permettent aujourd'hui le passage des bateaux de la Méditerranée
à la mer Rouge ( aucun mouvement de flux et reflux
n'étant perceptible à la surface de ces eaux ) 
ou bien il s'agit de la Méditerranée ou de la mer Rouge
ou, naturellement, des lacs intérieurs.
Une explication plus logique ignorerait donc la marée et se
contenterait de la tempête. Dans leur course, les Egyptiens
perdirent quelques chars qui s'enfoncèrent dans l'eau quand la
mer déferla sur le rivage. C'est alors que les Israélites
entonnèrent leur chant de délivrance, ou reçurent
l'inspiration qui donna naissance plus tard à une image
exagérée de la catastrophe.
Comment
pourrait-il en être autrement quand les annales égyptiennes
ignorent tout d'un roi et de ses chars engloutis dans la mer et quand
les descendants des fugitifs se glorifient d'une histoire de tempête
miraculeuse dont l'Egypte n'a laissé aucun témoignage ?
Est-ce utile alors de démontrer qu'un fort vent d'est,
soufflant du matin au soir, contraignit la mer à se retirer,
et qu'un changement dans la direction du vent perturba une armée
en marche ? Quelle étrange obstination en effet du peuple
juif à s'accrocher à ce récit, l'utilisant comme
le début et en même temps le plus dramatique épisode
de son histoire nationale.
Après
leur fuite, ils arrivèrent dans le désert, une terre
désolée. Le Livre de l'Exode raconte qu'une
colonne de nuée se tint devant eux le jour et une colonne de
feu la nuit. On trouva une explication simple à cette
légende : à la tête des caravanes, on élève
en général une torche pour indiquer la route aux
marcheurs.
Etant
donné la chaleur du jour, les caravanes préfèrent
se déplacer la nuit, et les signaux de flamme et de fumée
sont destinés à empêcher que certains s'égarent
et aussi à effrayer les animaux sauvages44.
Bien que cette explication soit unanimement reconnue et citée
dans de nombreux dictionnaires de la Bible, elle est trop simple :
la colonne de nuée et de feu impressionna profondément
les Israélites 
Dieu. Ne connaissaient-ils pas les coutumes des caravanes voyageant
dans le désert ? Furent-ils à ce point
impressionnés par de banales habitudes et tellement avides de
merveilleux qu'une torche dans la main d'un conducteur devint pour
eux un Ange ? Il se pourrait que non seulement la colonne de
nuée et de feu ne fut pas une illusion, mais plus grave
encore, qu'elle fut inventée par des affabulateurs.
Au
siècle dernier, Charles Beke, un Anglais aux idées
originales publia un pamphlet intitulé Mount Sinaï, a
Volcano45.
Sur la page de garde, il plaça deux citations, l'une tirée
du Livre de l'Exode, l'autre du poète grec Pindare. Le
verset de l'Exode 13:21 déclare :
Selon Beke, la colonne de feu fut simplement une éruption
volcanique formée de cendres et de vapeurs. Il cita des
exemples de régions où ces phénomènes
produisent des nuages de cendres noires balayés parfois à
de grandes distances et accompagnés de grondements provenant
des entrailles de la terre.
Tremblements
de terre et éruptions surviennent généralement
ensemble. Si un séisme secoue le fond de la mer, il crée
un raz-de-marée qui peut se retirer de la rive pour revenir
ensuite engloutir les terres en ne laissant que destruction sur son
parcours. D'après cette théorie, les rives de la Mer du
Passage auraient été ravagées par un tremblement
de terre. La mention des chariots incapables de bouger ( Exode
14:25 ) est similaire à la description du séisme
qui accompagna l'éruption du Vésuve en l'an 79, quand
Pompéi et Herculanum furent englouties. Une description en fut
préservée dans une lettre de Pline le Jeune à
Tacite ( Epîtres, 6:20 )
Les
érudits bibliques s'opposent avec vigueur et mépris à
l'idée que les merveilleux événements de la Mer
du Passage et du Mont Sinaï soient interprétés
comme des phénomènes de nature sismique et volcanique :
Selon
Beke, les hauteurs du Sinaï ne sont pas le Mont Sinaï de la
Bible. Il avait déjà publié un travail défendant
la notion fallacieuse que le Mizraïm des Ecritures n'était
pas l'Egypte, mais un royaume disparu de la péninsule du
Sinaï 
la pointe du Golfe d'Aqaba pour arriver sur la rive arabe de ce
golfe. Il annonça qu'il risquait sa réputation de
voyageur et de spécialiste de la Bible, et qu'avec la
permission de l'assistance, il placerait le Mont Sinaï dans le
Harra Radjla, « qui fut autrefois en activité,
mais se trouve éteint depuis des âges
Sa
confession dénuée d'humour fut publiée dans un
volume doré sur tranche, d'aspect très différent
du Mont Sinaï, un volcan. Dans un compte rendu de son
voyage, il écrit :
~ Cataclysme
Si nous
dépassons les commentaires du Livre de l'Exode
prétendant que le Mont Sinaï fut un volcan dont
l'activité impressionna les Israélites, et si nous
prêtons attention aux descriptions de l'Exode faites dans les
textes saints, nous serons contraints d'avouer que, les mots
signifiant ce qu'ils disent, l'envergure de la catastrophe excéda
de loin les ennuis provoqués par une simple volcan en
éruption. L'activité volcanique se répand vite
et loin, et le Mont Sinaï ne fut qu'une fournaise dans une
immense plaine couverte de brasiers fumants. Terre, mer et ciel
participaient au bouleversement. La mer inondait les terres, la lave
jaillissait des failles du sol. La Bible décrit le tumulte des
éléments déchaînés :
« La
terre s'ébranla et chancela 
frémirent et furent secouées... Fumée... et
feu... des charbons s'enflammèrent... les lits des mers
apparurent et les fondations du monde furent mises à jour53! »
Lors de
cette grande catastrophe géologique, le fond des mers
s'effondra. Les eaux se ruèrent dans les abîmes. La
terre trembla, les volcans lancèrent feux et flammes, des
falaises furent arrachées, de la roche fondue coula dans les
vallées, la terre ferme se transforma en mer, les entrailles
des montagnes grondèrent, et les cieux tonnaient sans cesse :
« Ses éclairs illuminèrent
le monde : la terre les vit, et trembla... Les montagnes
fondirent comme la cire54
« Dans
la nuit, mon chant implore ton souvenir... Est-ce pour les siècles
que le Seigneur me rejette ? Dieu a-t-il oublié d'être
favorable ? Je me souviens... Tes merveilles passées...
Les abîmes aussi s'agitaient... Les éclairs illuminaient
le monde : la terre se secouait et tremblait... Tu guidas ton
peuple comme un troupeau par la main de Moïse et d'Aaron58».
Une
nuit, le poète auteur de ce psaume eut une vision du passé,
quand des merveilles se déroulaient dans la mer et dans les
étendues sauvages, sous les yeux d'un peuple ayant fui
l'esclavage. Les fugitifs furent émus jusqu'à
l'exaltation par les turbulences et les grondements de la nature dans
le désert :
Tu en fis voir des dures à ton peuple, tu nous fis boire un
vin de stupeur59
Sous
le ciel déchaîné du désert, déchiré
d'éclairs incessants, quand coulaient les laves enflammées,
que les collines se diluaient, les nuits furent inoubliables. Durant
les longues années passées ensuite sur leur terre, les
Israélites se souvinrent toujours des convulsions du désert,
de l'explosion des montagnes en flammes, de la furie des eaux. Les
événements endurés au cours de ces semaines ou
mois, alors que la surface de la terre subissait de violents
changements dans sa structure tectonique, formèrent la
tradition la plus importante de cette nation. Les Ecritures
persistent à dire qu'avant qu'ils aient quitté
l'Egypte, celle-ci fut assaillie par des plaies, précurseurs
d'un grand holocauste causé par les éléments au
comble de la frénésie. Lors de leur départ, les
Israélites furent témoins d'un gigantesque
raz-de-marée 
subirent les mouvements spasmodiques de la surface de la terre, et
une activité volcanique à grande échelle, avec
la lave jaillissant des fissures du sol ouvert sur des abîmes
béants60;
et les sources disparaissaient ou devenaient amères61.
On
peut poser avec logique, la question suivante : ce témoignage
est-il entièrement faux ? Et s'il n'est pas une
collection d'inventions trompeuses, comment est-ce possible que rien
n'ait été mentionné par les Egyptiens ? Si
un désastre s'abattit sur leur terre, sommes-nous sur la bonne
voie en cherchant à synchroniser les histoires juives et
égyptiennes ? Un désert proche de l'Egypte fut
convulsé par des tremblements de terre. Ces désordres
sismiques de grande magnitude furent-ils confinés à une
surface relativement exiguë ? Les annales égyptiennes
ne relatent-elles aucun séisme ? Aucune mention de séisme
ni de plaie n'est inclue dans les travaux sur l'histoire de l'Egypte.
Néanmoins,
nous considérons que quelque chose d'important est en jeu et
cela renforce notre obstination. Si nous pouvions aider le témoin
à la barre ( les annales de l'Egypte antique ) afin
qu'il se souvienne d'une catastrophe, nous pourrions, avec un peu de
chance, résoudre un problème obscur dont on discute
depuis plus de deux mille ans sans parvenir à une solution.
~ Un
Egyptien, témoin oculaire des plaies
Dans ce
procès de l'Histoire, le jugement dépendra des
déclarations suivantes et sa fiabilité de leur examen
serré. Ce fut un gigantesque cataclysme naturel dont les
conséquences perdurèrent des années. Il marqua
profondément les esprits. Son histoire fut transmise de
génération en génération. Il résonna
et retentit dans la Bible et de nombreux autres textes. Les documents
égyptiens n'y font-ils vraiment aucune référence ?
L'Exode
ne fut-il rien d'autre que le récit d'une traversée
insignifiante des frontières par un simple groupe de nomades
sous le contrôle de collecteurs d'impôts royaux ?
S'il en est ainsi, comment devint-il le souvenir le plus passionnant
du peuple juif ? D'où leur vinrent ces visions d'un
bouleversement qui remua mer et terre ? Les tablettes
égyptiennes ne confirment-elles pas les troubles qui agitèrent
la terre, les rivières, la mer et le désert ? Que
les catastrophes naturelles n'aient pas été mentionnées
dans les travaux effectués sur l'histoire de l'Egypte démontre
un échec qui nous conduit à étudier les sources
anciennes.
On
ignore dans quelles circonstances le Papyrus d'Ipuwer fut découvert.
Selon son premier propriétaire ( Anastasi ), on le
trouva à
Le
texte d'Ipuwer se trouve à présent dans un livre de 17
pages avec en général 14 lignes par page de signes
hiératiques, l'écriture courante des scribes,
différente des hiéroglyphes classiques. Sur la première
page, la dernière partie de 11 lignes est conservée 
les pages 9 à 16 sont en très mauvais état
puisqu'il n'y a que quelques lignes en haut et au bas des pages, et
sur la 17, il ne subsiste que le début des deux premières
lignes.
La
première interprétation du texte d'Ipuwer, présentée
ici63,
considère que 8 pages du recto relatent des proverbes, et que
les pages suivantes seraient des extraits d'un ouvrage philosophique.
L'auteur qui tenta ensuite de traduire le texte ( les 9
premières pages seulement ) les interpréta comme
une collection de proverbes et dictons à usage didactique64.
Un autre scientifique65
décréta que le papyrus était une collection de
devinettes. Au début de ce siècle, on fit quand même
l'effort de traduire le texte entier d'Ipuwer66.
On lui attribua un caractère prophétique : il
prédisait une période de malheur au peuple de l'Egypte.
Mais le prophète aurait pu s'inspirer de situations similaires
s'étant produites avant l'inauguration de la XIIe
dynastie. En 1909, le texte fut traduit à nouveau et publié
par Alan Gardiner sous le titre Les Admonitions d'un Sage
égyptien selon le Papyrus Hiératique de Leiden67.
D'après Gardiner, le texte signale le caractère
historique de la situation. La détresse avait envahi
l'Egypte ; le système social était désorganisé 
la violence régnait partout 
attaquaient la population sans défense 
étaient dépouillés et dormaient dehors, et les
pauvres les dépossédaient :
« On
ne décrit pas ici quelques simples ennuis localisés
mais un désastre national, écrasant et démesuré68».
Gardiner,
à la suite de Lange, interprète le texte comme si les
paroles du Sage nommé Ipuwer s'adressaient directement à
un roi, le blâmant pour son inaction qui conduisait à la
confusion, l'insécurité et la souffrance du peuple.
~ L'Egypte
et le Cataclysme
Le
Papyrus Ipuwer n'est pas une collection de proverbes selon les dires
de Lauth et de Chabas, ni de devinettes ( Brugsch ) 
il n'est pas non plus une prophétie ( Lange ), ni un
sermon sur les profonds changements de la société
( Gardiner, Sethe ). C'est la version égyptienne
d'une grande catastrophe. Le Papyrus est un récit de
lamentations, une description de ruines et d'horreur ( papyrus
2 ):
« En
vérité, la terre se retourna comme la roue d'un potier.
Les
villes sont détruites.
La
haute Egypte est asséchée ( gâchée ? )
Tout
est en ruine !
La
résidence s'est retournée d'un coup.
Des
années de vacarme. Le bruit n'en finit pas ».
Que signifie « vacarme » et |