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256-bit encryption Exp 8 juillet 2020 |
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Art Bell & Whitley Strieber
Le
Grand
Dérèglement
du
Climat
Traduit
de l'américain par Michel Cabart
Le
jardin des Livres
Paris
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14 rue de Naples, Paris 75008
Attachée
de Presse : Marie Guillard 01 44 09 08 78
ISBN
2-914569-26-2 EAN 9782 914569 262
Toute
reproduction, même partielle par quelque procédé
que ce soit, est interdite sans autorisation préalable.
Une copie par xérographie, photographie, support
magnétique, électronique ou autre constitue
une contrefaçon passible des peines prévues
par la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1995, sur la protection
des droits d'auteur.
Préface
Quand
nous avons écrit ce livre, en août 1999, nous ne
pensions pas voir les bouleversements climatiques qu'il annonce avant
au moins 15 ou 20 ans. Aucune donnée scientifique ne suggérait
le contraire. Les climatologues disaient - si tant est
qu'ils disaient quelque chose - que des changements
significatifs n'étaient pas à craindre avant des
décennies.
Les
critiques ne nous ratèrent pas. Oser laisser entendre que nous
pourrions être à l'aube d'une catastrophe climatique,
pensez ! Matt Lauer nous invita à son émission
Today et, se conformant à l'attitude générale
des médias, nous taxa d'alarmistes irresponsables cherchant à
gagner de l'argent en exploitant la peur des gens. La plupart des
médias américains, y compris sur le câble,
refusèrent de nous donner la parole.
Au
moment de la parution de notre livre, pourtant, cela faisait déjà
plusieurs mois que l'évolution climatique confirmait la
validité de notre théorie, révélant même
une situation bien plus grave que nous le pensions nous-mêmes.
Que disions-nous alors, que disons-nous toujours ? Que la fonte
accélérée des glaces polaires va modifier les
courants océaniques et occasionner un changement climatique
brutal 
de chaos sans précédent, à un climat mondial si
différent de l'actuel que les conséquences à
long terme seront dévastatrices.
Tous
autant que nous sommes, nous préférons ne pas penser à
cette catastrophe écologique qui nous pend au nez parce que
nous nous sentons totalement impuissants face à elle, et les
médias flattent notre attitude par leur indifférence
- voire leur hostilité - à
débattre de cet enjeu. C'est bien pire aux États-Unis,
où le problème s'est politisé sous l'influence
de conservateurs comme George W. Bush, Rush Limbaugh ou le
révérend Jerry Falwell, lequel affirme sans
ambages « ne pas croire » au
réchauffement climatique. Plus ouverts, les démocrates
n'en sont pas moins conscients de l'indifférence du
public, d'où leur prudente réserve sur le sujet
pendant la campagne présidentielle.
La
mise au ban médiatique de notre livre n'a été,
c'est triste à dire, qu'un frein de plus à l'adoption
généralisée de méthodes simples et
puissantes permettant de réduire les émissions de gaz à
effet de serre et de ralentir ce processus.
Amère
ironie ! Il nous suffirait de suivre les méthodes
indiquées dans ce livre pour nous assurer un réel
contrôle sur les émissions de gaz à effet de
serre, et cela, sans qu'il en coûte rien à
l'industrie. À une condition toutefois : que cet
effort soit international et que nous soyons très nombreux à
l'accomplir. Voilà précisément où
les médias avaient un rôle à jouer, et où
ils s'en sont abstenus.
Si
nous n'agissons pas, dès aujourd'hui s'entend,
la rupture climatique se produira inévitablement, bien plus
tôt, semble-t-il, qu'on l'imaginait, et sans que la
science ait rien vu venir.
En
fait, le processus est déjà lancé.
Le
11 juillet 2000, le site internet Discovery.com publiait les
résultats d'une étude réalisée par
la revue scientifique norvégienne Cicerone. Révélant
que la calotte glaciaire arctique aurait probablement disparu dans
les 15 ans à venir, les chercheurs soulignaient en outre un
point capital également analysé dans ce livre :
les émissions humaines de gaz à effet de serre ne sont
pas la seule cause du réchauffement mondial, elles sont la
seule sur laquelle nous puissions agir. Il importe de comprendre que
le basculement climatique fait partie du fonctionnement écologique
de la terre. La science nous apprend, comme nous l'expliquons
dans ces pages, que ce basculement s'est déjà
produit, et cela bien avant que l'atmosphère soit
soumise au « forçage anthropique ».
Citons Discovery.com : « les dernières
estimations montrent que les glaces fondent nettement plus vite que
ne peut l'expliquer le seul effet de serre ».
À
peine quelques semaines plus tard, le 25 août 2000, des
excursionnistes revenaient du pôle Nord avec une histoire à
dormir debout : le pôle avait fondu. Là où,
depuis la nuit des temps, il n'y avait que glaces, l'eau
s'était installée. Sans surprise, certains
chercheurs se firent rassurants. Mark Serreze, de l'université
du Colorado, déclara le 25 août sur CNN : « ce
genre de choses s'est déjà vu par le passé ».
Il se garda, cependant, de préciser quand 
bien car personne, dans l'histoire de l'humanité,
n'a jamais vu d'eau au pôle. La dernière
fois que le pôle s'est retrouvé vierge de glace,
c'était à l'Éocène, ère
qui s'est terminée voilà 50 millions d'années.
L'argument
clé de notre livre est que la fonte rapide des glaces polaires
va entraîner l'arrêt de certains courants
océaniques essentiels, et qu'il en résultera une
accélération brutale, et dévastatrice, du
changement climatique.
Les
deux pôles fondent aujourd'hui à une vitesse qui
était totalement imprévisible lors de la sortie du
livre en 1999. Les glaciers du monde entier fondent aussi, déversant
des avalanches d'eau douce dans des océans dont la
salinité, en favorisant l'existence d'eaux
froides, contribue directement à la formation des courants. De
l'Himalaya à l'Antarctique, la quasi-totalité
des glaciers est en recul. Le problème le plus grave se situe
au Groenland dont l'inlandsis, en fondant, rejette annuellement
50 milliards de tonnes d'eau douce dans l'océan.
Pire, les marges glaciaires de cet inlandsis s'amincissent de
deux mètres par an, ce qui signifie que les glaciers sont en
train de devenir instables et risquent de glisser brutalement dans la
mer.
« Nous
voyons se multiplier les signes que quelque chose de ce genre est en
cours et accélère le mouvement des marges glaciaires »,
commente William Krabill dans une étude publiée en
juillet 2000 par la revue Science. La fonte du Groenland
devrait élever le niveau de la mer de 6,40 mètres 
bien avant d'être terminée, elle aura un effet
majeur sur le climat.
Dans
l'Antarctique, la situation est tout aussi critique. Depuis dix
ans, la banquise antarctique se désagrège. En mars
2000, deux icebergs colossaux se sont détachés de la
plate-forme de Ross, dont le plus gros, avec ses 296 x 37
kilomètres, était presque aussi vaste que deux
départements français.
Il
ne s'agit pas d'un événement isolé.
D'énormes
blocs de glace quittent régulièrement l'Antarctique
depuis 1987, date où un iceberg grand comme un département
et demi s'est détaché de la plate-forme de Ross. Le 9
février 1988, le New York Times signalait « deux
années exceptionnelles de morcellement des glaces ».
La plate-forme de Larsen est d'ores et déjà totalement
détruite, tandis qu'une instabilité grandissante menace
celle de Ross.
En
septembre 2000, John Lowe, professeur à l'université
de Londres, a estimé que le réchauffement mondial
risquait de provoquer un mini-âge glaciaire en Grande-Bretagne
d'ici quelques décennies 
sont « accablantes ».
La
fonte des glaces flottantes telles que les banquises arctique et
antarctique ne fera pas monter le niveau des mers, et on ne voit
guère de signes annonçant une disparition brutale des
inlandsis groenlandais et antarctique à brève échéance.
L'enjeu n'est donc pas le niveau des mers mais l'apport massif d'eau
douce que reçoivent en ce moment les océans polaires.
Telle fut précisément la cause du dernier grand
bouleversement climatique, que nous étudions en détail
dans ce livre 
démarra par une série de tempêtes sévères
et que celles-ci amenèrent un refroidissement qui devait durer
deux siècles dans l'hémisphère nord, et se
prolonger jusqu'aujourd'hui au-dessus du cercle arctique.
Il
existe, semble-t-il, un vaste cycle climatique où alternent
longues périodes de stabilité et ruptures brutales.
Nous nous trouvons presque certainement aujourd'hui à un point
de rupture : le changement se produira quand l'injection massive
d'eau douce dans les océans polaires, combinée à
l'augmentation de la température de l'air, aura tellement
élevé la température de l'eau que les grands
courants régulateurs du climat s'arrêteront.
Lorsque
nous avons écrit ce livre, nous pensions que ce processus
prendrait des années. Au vu des douze derniers mois, il est
désormais clair que le basculement peut démarrer à
tout moment, et il est sans doute même déjà en
cours.
Le
27 novembre 1999, la prestigieuse revue britannique The New
Scientist publia un article intitulé « L'Europe
face à un nouvel âge glaciaire : des preuves
alarmantes », qui corroborait les avertissements
formulés dans ce livre. On pouvait y lire : « Les
courants océaniques responsables du doux climat européen
sont en train de changer... Des chercheurs ont découvert que
le réchauffement mondial pourrait entraîner un vaste
refroidissement en détournant un courant appelé la
Dérive Nord-Atlantique ». L'article expliquait
que l'injection d'eau douce dans les mers nordiques, due à la
fonte rapide des glaces polaires, avait déjà modifié
radicalement les courants qui régulent le climat, et que
certaines données montraient même qu'un courant arctique
profond s'était carrément inversé.
Comme
notre livre était à la veille de paraître, nous
appelâmes notre attaché de presse, qui envoya des
communiqués. La plupart des médias restèrent de
marbre devant cette preuve claire, nette et concrète que nos
avertissements étaient, non seulement appropriés mais
terriblement actuels.
Pas
tous, cependant. La journaliste Liz Smith fut particulièrement
impressionnée par le livre : « Je suis
tombée sur ce livre au moment même où les
tempêtes du Nouvel An ravageaient l'Europe et tuaient près
de 100 personnes 
zéphyr en comparaison de ce qui nous attend, d'après
les auteurs, si nous continuons à ne rien faire ».
Les
tempêtes en question, c'est vrai, avaient de quoi faire peur.
Soufflant à plus de 200 km/h, elles ravagèrent l'Europe
en deux vagues dont la deuxième, le 28 décembre 1999,
détruisit des centaines de millions d'arbres en France, semant
le chaos dans les lignes électriques, les routes et les
habitations. Plus de cent personnes trouvèrent la mort. En
Espagne et en Italie, les tempêtes montèrent à
une altitude invraisemblable, faisant tomber, à la stupeur des
scientifiques, des grêlons de plus de 3,5 kg. « Je
suis le premier surpris par ce phénomène »,
avoua le géologue Jesus Martinez Frias, responsable d'une
équipe chargée de recueillir et analyser les blocs de
glace. Quelques mois plus tard, les chercheurs annoncèrent que
la glace avait effectivement été produite par les
intempéries.
Pour
nous, ce n'était là qu'un début. C'était
la preuve que des nuages sommitaux peuvent atteindre les altitudes
extrêmes indiquées dans notre livre 
apparaît alors, grossit dans sa chute et vient pilonner la
terre en blocs énormes. La raison ? Les températures
grimpent en surface car la chaleur y est piégée par les
gaz à effet de serre, et elles baissent au-dessus de la
stratosphère car la chaleur rayonnée vers le haut est
de plus en plus faible. Cet effet a été signalé
par des scientifiques en mai 1999. La mésosphère, qui
s'étend au-dessus de la stratosphère ( entre 50 et
80 kilomètres d'altitude ), se refroidit de 0,6°C par
an depuis dix ans, soit dix fois plus vite qu'on le pensait
autrefois. Gary Thomas, du Laboratoire de Physique Atmosphérique
et Spatiale de l'université du Colorado, estime que c'est
peut-être, en matière de changement climatique,
l'équivalent du « canari du mineur »,
allusion au canari qu'emmenaient jadis les mineurs dans les mines
parce qu'il mourait avant eux en cas d'émanation de gaz, les
sommant de remonter.
L'écart
de température entre haute et basse atmosphère
augmentant, la possibilité de tempêtes extrêmes
augmente de même. De fait, elles ont été
omniprésentes en 1999 et 2000. L'Europe n'en a pas eu le
privilège : le Venezuela, la
Chine, l'Inde, l'Asie du Sud-Est les ont également subies. Le
20 décembre 1999, des pluies torrentielles ont inondé
Caracas et tué 30.000 personnes. En mai de la même
année, une tornade de l'Oklahoma a établi un nouveau
record avec des vents soufflant à 509 km/h. En novembre 1999,
un supercyclone monstrueux, ressemblant fort à celui décrit
dans ce livre a tué au moins 12.000 personnes en Inde, faisant
des millions de sans-abri et obligeant les survivants à brûler
200.000 carcasses d'animaux pour éviter la propagation de
maladies.
Le
23 novembre 1999, le New York Times publia un article allant
exactement dans notre sens. Il portait sur le dernier bouleversement
climatique en date, que nous analysons également dans cet
ouvrage et qui amena le chaos vers la fin du dernier âge
glaciaire. Gerard Dickens, de l'université James Cook
( Australie ), y comparait la progression du réchauffement
à la mise sous tension d'un élastique : « Petit
à petit, l'élastique s'étire. Puis, d'un seul
coup, il casse ». L'article, essentiellement consacré
au changement climatique brusque survenu il y a 55 millions d'années,
illustrait on ne peut plus clairement notre thèse :
« Sous l'effet de facteurs naturels, la terre peut
changer radicalement et brutalement ». Si l'on ajoute
aux processus naturels actuellement à l'oeuvre, le coup
de pouce donné par les hommes, on obtient une situation
potentiellement explosive.
Nous
voici en octobre 2000. Nous avons assisté à une cascade
d'événements dévastateurs et pour la plupart
totalement imprévus. Le climat est devenu hyperviolent,
imprévisible, dangereux à l'extrême.
Le
31 janvier 2000, le magazine U.S. News and World Report a publié
un article sur le changement climatique imputant l'essentiel de la
situation actuelle à des phénomènes océaniques
comme El Niño et la Niña, phénomènes
cycliques de réchauffement et refroidissement du Pacifique qui
ont une profonde influence sur le climat de l'Amérique. Et
l'article de conclure : « Il est trop tôt
pour s'affoler ».
Trop
tôt ? Ce n'est pas notre avis. À l'heure où
j'écris ces lignes, le climat de la planète s'enfonce
dans un chaos de plus en plus profond. Plus de 2 millions d'hectares
de terres arides ont déjà brûlé dans
l'ouest américain, qui devraient devenir 2,5 millions d'ici la
fin de l'année. Le 27 août 2000, les feux du Montana ont
fusionné en un incendie unique de 100.000 hectares, le plus
grand jamais vu aux États-Unis - et c'est alors que
le vent s'est levé. Tandis qu'à l'ouest le feu faisait
rage, le midwest et le nord-est connaissaient l'un des étés
les plus humides jamais enregistrés, prolongement d'une
situation apparue en janvier où l'on avait vu les températures
tomber à -26°C à New York, et parallèlement
s'envoler jusqu'à 27°C au sud du Texas.
Des
extrêmes de ce genre se sont produits un peu partout dans le
monde et l'été 2000 promet, comme ceux de 1997 à
1999, de figurer au palmarès des étés les plus
chauds. Début juillet, une vague brûlante d'air saharien
a envahi le sud-est de l'Europe et la Turquie, faisant exploser les
températures et voler en éclats tous les records. Il a
fait 45°C en Turquie et en Grèce, 44°C dans les
Balkans. Les routes, dont le bitume fondait, sont devenues
impraticables. Des feux se sont déclarés dans toute la
région. En septembre, la mousson a causé des
inondations en Inde, faisant 15 millions de sans-abri.
Un
événement plus inquiétant encore s'est produit
le 21 août au nord de l'Angleterre, où les villes de
Hull et York ont été surprises par des tempêtes
paradoxales que les météorologues n'avaient pas vu
venir et qui ont amené pluies torrentielles, grêle,
forte tornade et douze centimètres de neige. À trois
cents kilomètres de là, le nord du pays de Galles a
connu des intempéries similaires, des routes bloquées
par la grêle et des températures en chute libre.
Exactement le genre de temps qu'on attendrait si le flot d'eau chaude
qui remonte habituellement du sud était en train de se tarir,
sans être encore complètement arrêté.
Tous
ces effets, notre livre les avait prédits, comme il prédit
ce qui nous attend au cours des prochaines années - et
il apparaît que ce sera un changement climatique nettement plus
drastique que prévu.
Au
contraire des médias américains, partagés entre
un parfait dédain et une franche hostilité, la presse
britannique a réservé un accueil globalement favorable
à ce livre. Une de nos thèses n'a toutefois été
analysée par aucune grande revue dans le monde : c'est
l'idée qu'une société bien plus évoluée
et bien plus ancienne que ne l'admet la science conventionnelle a
presque certainement existé dans le passé, idée
qui cadre de mieux en mieux avec les dates des réalisations
clés de l'humanité, qu'une série de découvertes
effectuées en 2000 n'ont cessé de repousser toujours
plus loin dans le passé.
Cette
société antique, selon nous, fut dramatiquement
emportée par un bouleversement climatique. Qu'elle ait existé
ressort d'un rapide inventaire des structures anciennes dont on ne
sait aujourd'hui expliquer ni l'origine, ni la construction. L'un des
cas les plus frappants se trouve en plein Pacifique, près de
la petite île japonaise de Yonaguni. Une énorme
structure gît là, que de solides éléments
permettent d'attribuer à la main de l'homme et qui s'est
engloutie dans l'océan il y a 9000 ans - date
approximative du dernier chamboulement climatique. Mais la science
préfère croire à une origine géologique,
justement et surtout à cause de cette date : car une
civilisation capable de construire une si vaste structure ne saurait
avoir existé au Japon il y a 9000 ans.
En
novembre 1999, pourtant, les fonds marins proches du monument ont
livré des gravures d'origine indiscutablement humaine. D'où
une nouvelle théorie : l'objet aurait émergé
de la mer il y a 5000 ans, aurait été gravé puis
aurait de nouveau été recouvert par la mer.
Le
fin mot de l'histoire reste très probablement à
trouver. Ce qui en ressort, en tout cas, c'est que nos vues sur le
passé de l'humanité ont été jugées
tellement dérangeantes qu'il a paru préférable
de passer sous silence l'ensemble de notre thèse. Par voie de
conséquence, le public a été tenu dans
l'ignorance du caractère critique de la situation actuelle
ainsi que des moyens dont nous disposons pour la contrôler - et
ce contrôle pourrait s'avérer crucial.
Que
la civilisation évoquée ci-dessus ait existé ou
non, le basculement climatique qui se produisit alors fut une rupture
consécutive à un pic de réchauffement identique
à celui que nous connaissons aujourd'hui 
la science conventionnelle fournit des preuves abondantes et quasi
irréfutables. Les preuves ne manquent pas, non plus, pour
montrer que ce basculement s'opéra en une saison, et dans le
plus effroyable chaos. Un tel événement, aujourd'hui,
nous tuerait par milliards, d'abord sous les coups de la catastrophe
initiale, puis, bien plus nombreux encore, par la faute du meurtrier
désastre agricole qui s'ensuivrait.
Le
11 juillet 2000, le journaliste Bob Herbert rapportait cette formule
de Michael Oppenheimer, responsable scientifique d'un organisme
américain de recherche environnementale nommé
Environmental Defense : « La dernière fois
que le monde a été aussi chaud qu'il le sera à
la fin du siècle, c'était il y a plusieurs millions
d'années. Nous n'avons aucun moyen d'être sûrs que
nous saurons nous y adapter ». À l'époque
où il a prononcé ces mots, il ignorait que le pôle
Nord s'apprêtait à fondre quelques semaines plus tard.
L'eût-il su, il n'aurait sans doute pas parlé de la fin
du siècle et aurait plutôt dit, avec quelque chance
d'être exact : « à la fin des
prochains mois ou des prochaines années ».
Nous
n'avons pas voulu écrire un livre de vague futurologie mais un
livre appelant à agir contre des événements qui,
n'en doutons plus, nous pendent littéralement au nez. En ce
mois d'août, le changement climatique que nous décrivions
nous paraît beaucoup plus proche que nous ne l'envisagions en
rédigeant ces pages... il y a un an à peine.
Whitley
Strieber
La
super-tempête
est
peut-être beaucoup
plus
proche que nous
le
pensons
Depuis la première
édition de ce livre, une série d'événements
dramatiques est venue suggérer qu'un brutal changement
climatique pourrait être déjà en cours :
- les
scientifiques ont découvert que des courants océaniques
vitaux sont en train de décliner et de se transformer.
- en France,
une vague de chaleur meurtrière a fait des milliers de morts.
- des grêlons
de 3,5 kg sont tombés en Espagne.
- le plus gros
iceberg jamais vu, grand comme deux départements français,
s'est détaché de l'Antarctique.
- aux
États-Unis, la National Oceanic and Atmospheric Administration
a confirmé que les océans se réchauffent à
une vitesse sans précédent.
- des
scientifiques britanniques ont confirmé le scénario de
la super-tempête.
Que va-t-il se passer
maintenant ?
L'événement
le plus dangereux qu'ait jamais affronté l'humanité
est-il déjà en cours ?
Prologue
Le premier signe fut si infime
qu'il passa quasiment inaperçu.
La bouée 44011 ancrée
sur le banc Georges1,
à 275 kilomètres à l'est de Hyannis
( Massachusetts ), envoya une information d'apparence
anormale. Ce fut le seul signe, dans le monde entier, qu'émirent
les instruments scientifiques pour indiquer que deux milliards
d'hommes se trouvaient désormais en danger de mort.
L'avertissement aurait pu venir des semaines auparavant. Des années
auparavant, à vrai dire. Certains climatologues plus
conscients que d'autres avaient commencé à étudier
la création d'un système d'alerte. Mais les budgets
n'avaient pas suivi. Le Congrès américain, enlisé
dans les vains débats sur la réalité du
réchauffement mondial, n'était pas prêt à
financer des études sur la circulation du courant
Nord-Atlantique2,
pourtant l'artère vitale de la planète.
Que s'était-il passé
sur le banc Georges ? La température de l'eau relevée
par la bouée était brusquement passé de 8,9 °C
à 2,4 °C. Une baisse pareille, en l'espace d'une
nuit, c'était tout simplement trop énorme. Le Centre
Américain des Bouées Océaniques ( NDBC ),
à qui elle appartenait, décréta qu'elle était
en panne et adressa à la NOAA3,
son administration de tutelle, un avis de routine recommandant
d'ignorer les relevés de température fournis par cette
bouée jusqu'à sa remise en état. Cet avis ne fut
pas diffusé auprès de ceux qui auraient pu se soucier
de le décrypter.
Quelques jours plus tard, une
deuxième bouée parut à son tour donner des
signes de dysfonctionnement. Elle appartenait cette fois au Réseau
Mondial d'Observation des Océans ( GOOS4)
et se trouvait dans le Pacifique Méridional, à 1500
kilomètres de l'Antarctique, d'où elle transmettait des
données au Centre Australien d'Études Océanographiques
( AODC ). Dans le cadre du Programme International de Suivi
de la Température et de la Salinité des Océans
( GTSPP5),
AODC transmit l'information au Service canadien des Données
sur le Milieu Marin ( SDMM ). Là encore, le problème
fut consciencieusement enregistré. L'avis d'entretien
toutefois ne fut pas communiqué aux personnes qui avaient eu
connaissance du premier, celui concernant la bouée du banc
Georges. C'était sans intérêt : l'entretien
de la bouée antarctique était à la charge des
Australiens et non des Américains.
La plus grande civilisation de
l'humanité n'avait désormais plus que quelques semaines
à vivre.
Les chercheurs impliqués
dans l'Étude des Changements Climatiques Atlantiques ( ACCE6)
auraient certainement pris ces incidents très au sérieux
s'ils en avaient été informés. Mais leur projet,
consistant à lâcher des bouées dérivantes
sous-marines pour étudier le courant Nord-Atlantique, n'en
finissait pas de se monter, n'en finissait plus d'attendre les
financements.
Malgré l'absence de données
permettant d'affirmer que le plus vaste courant océanique
venait de changer de route, les gens ne tardèrent pas à
s'apercevoir, à Sydney, à Tokyo, à Vladivostok,
à Dusseldorf, à Londres, à Los Angeles, qu'un
terrible chamboulement du temps venait de se produire.
New York était en train de
connaître le mois de février le plus chaud jamais
enregistré, avec une température record de 32,8 °C.
On en aurait ri autrefois. Mais
maintenant personne ne riait plus.
Tout au long de la côte sud
des Etats-Unis, de Brownsville au Texas à Cape Fear en
Caroline du Nord, un étonnant flux d'air méridional
commença à se répandre. Les arbres précoces
du sud du Texas se couvrirent de nouvelles feuilles frissonnantes. De
vénérables chênes du Mississippi se mirent à
danser sur leur base. Sur les côtes de Caroline, le vent
sifflait dans les forêts de pins, un vent qui faisait
s'entrechoquer les branches et gémir les avant-toits, et qui,
dans la nudité du paysage hivernal, avait toute l'apparence
d'un vent froid. L'apparence seulement. Car en réalité,
la température et l'humidité augmentaient. Aux
États-Unis, au plus fort de l'hiver, l'été avait
commencé.
En Australie et en
Nouvelle-Zélande, ce fut le contraire. L'été
austral, relativement normal jusqu'en janvier, donna en février
des signes inaccoutumés de changement. En Nouvelle-Zélande,
la neige se mit à tomber dans les montagnes du sud et un froid
record enveloppa Auckland. Plus au nord, l'Australie restait
prisonnière d'une chaleur record mais un changement s'amorçait
visiblement.
En Russie, le centre de traitement
d'informations météorologiques d'Obninsk isola une
image satellite qui confirmait les rapports des observateurs
terrestres, à savoir qu'une tempête exceptionnelle
venait de naître dans l'Arctique russe. Elle appartenait à
une catégorie dont on n'avait vu que peu d'exemples jusque-là.
La première du genre, apparue près de Dublin en
Caroline du Nord, dans la nuit du 15 avril 1999, avait été
qualifiée de « tornadocane7 »
car elle se présentait comme une énorme super-cellule8
à tornades, dotée d'une circulation cyclonique
caractéristique. Les vents y avaient atteint 265 km/h et un
oeil s'était même formé près du
mésocyclone, cette région de l'orage où naissent
les tornades.
Au premier coup d'oeil,
les scientifiques russes comprirent que la nouvelle tempête
était réellement exceptionnelle et ils la signalèrent
à l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Les Chinois, eux aussi, suivaient de près l'évolution
de la tempête grâce au FY-1, leur satellite
météorologique polaire. Ils adressèrent à
l'OMM un message urgent : le CAPE9
de la tempête semblait augmenter à toute vitesse.
Que faisait une tempête de
cette nature à cet endroit et à cette époque de
l'année ? Mystère. Quant à savoir pourquoi
elle prenait tant de puissance...
Dans toute l'Europe du sud, de
Madrid à Istanbul, un vent du sud, âpre et sec, se leva
en hurlant. New York voyait depuis deux jours s'amonceler vers le
nord des nuages humides et bas. Le vent soufflait désormais à
48 km/h à Atlanta, à 65 km/h à Houston.
Les météorologues du
monde entier étaient en observation. Personne, cependant,
n'avait encore fait le lien entre ces événements
éparpillés à la surface de la planète.
Partout, des laboratoires étudiaient les données
transmises par les satellites russes et chinois 
approches restaient essentiellement locales.
Puis un typhon apparut sur le
Pacifique central. Il se forma en quelques heures, plus vite qu'aucun
typhon connu à ce jour. En l'espace d'une semaine, une tempête
énorme menaçait une zone allant des Philippines au
Japon. Elle était de catégorie 4 sur l'échelle
de Saffir-Simpson10
et fut qualifiée de supertyphon. On la baptisa Max.
Remarquant l'extraordinaire
puissance de cette tempête, le Laboratoire Américain des
Tempêtes Sévères effectua un recueil massif
d'informations. Il constata que la vitesse des vents, près du
coeur du système, dépassait 320 km/h. Des
bulletins météo d'urgence furent envoyés dans
tout le Pacifique.
Pendant ce temps, le Service
Météorologique Australien observait un autre phénomène
apparu au large de la Tasmanie, dans les secteurs sud et ouest :
un système météo qui se déplaçait
suivant une trajectoire jamais vue auparavant.
Cette tempête fut également
signalée à l'Organisation Météorologique
Mondiale.
À ce stade, l'OMM se rendit
compte que trois tempêtes particulièrement
exceptionnelles étaient en cours de développement dans
trois zones différentes de la planète. Elle décida
alors de faire appel au Laboratoire Américain des Tempêtes
Sévères pour l'aider à interpréter la
situation.
Max, dont les vents atteignaient
désormais 320 km/h, fut reclassé en catégorie 5.
Il était en bonne voie pour devenir la plus violente tempête
jamais observée. Le « tornadocane » de
l'Arctique russe était en train de s'intégrer au
super-ensemble de tempêtes, centré sur le pôle
Nord, qui se développait à présent.
À Paris, la température
se rapprochait des 32°C. À New York et Toronto, la vitesse
du vent dépassait maintenant 65 km/h.
Le pétrolier géant
Exxon Invincible, qui croisait au large de Cape Race ( Terre-Neuve ),
signala qu'une voie d'eau menaçait de l'éventrer,
faisant craindre la plus grande marée noire de l'histoire. De
Terre-Neuve jusqu'en Caroline du Nord, une alerte générale
fut lancée.
Dallas était remplie des
effluves marins que soufflait vers elle le golfe du Mexique, plus de
450 kilomètres au sud. À Londres, la température,
après avoir atteint un niveau record, était maintenant
à la baisse. Dans l'Europe entière, des tempêtes
s'abattaient en rugissant et la foudre striait le ciel nocturne de
dizaines de villes.
Les climatologues et météorologues
du monde entier le savaient maintenant : le climat de la planète
était en proie à un remue-ménage général.
Au Laboratoire Américain des
Tempêtes Sévères, quelqu'un souleva enfin la
question cruciale : pourquoi ?
~ 1 ~
Présence
du danger
L'année 1999 fut l'année
la plus violente de l'histoire climatique moderne. Comme 1998. Comme
1997. Et comme 1996. Même un regard occasionnel sur les
bulletins météorologiques suffit pour constater que
quelque chose d'extraordinaire est en train de se passer. Quoi
exactement ? Tout le débat est là.
Voilà vingt ans qu'on nous
bombarde d'avertissements disant que le réchauffement mondial
représente un danger réel et actuel. D'autres voix
rétorquent que ce sont des absurdités.
Le 15 mars 1999, des chercheurs des
universités de l'Arizona et du Massachusetts annoncèrent
avoir reconstitué la courbe de température moyenne de
la terre sur les mille dernières années. Les résultats
firent l'effet d'une bombe. Car ils montraient qu'une tendance lourde
au refroidissement, qui durait depuis 900 ans, s'était
brusquement et nettement inversée au cours des 50 dernières
années. En raison de l'augmentation des gaz à effet de
serre - rétenteurs de chaleur - un
réchauffement violent s'est mis en route. Les chercheurs
prévoient que la terre sera bientôt plus chaude qu'elle
ne l'a jamais été en plusieurs millions d'années.
Un cauchemar climatique est en train
de s'abattre sur nous, et l'on peut dire sans craindre de se tromper
que ce sera la pire menace de toute notre histoire.
Pourtant, nos possibilités
d'action sont étonnamment nombreuses. Certaines nous
concernent personnellement, d'autres concernent la société
dans son ensemble.
Elles ne sont ni très
difficiles, ni très coûteuses, que ce soit pour les
gouvernements, les entreprises ou les individus.
Seront-elles efficaces ? C'est
toute la question. À ce jour, notre incapacité à
évaluer précisément les risques du réchauffement
mondial s'est traduite par une absence généralisée
d'actions significatives. Or la situation s'aggrave de plus en plus.
Il est désormais clair que la dégradation de
l'atmosphère - et même de la totalité
de la biosphère - est bien plus rapide que ne
l'imaginaient il y a peu les climatologues les plus impliqués.
Que risque-t-il donc d'arriver ?
Il est vital que nous réussissions
à le comprendre. C'est vital parce que nous devons nous donner
les moyens de l'empêcher. Comment savoir si le pire désastre
climatique ( si inimaginable qu'on ne l'évoque qu'à
voix basse ) n'est pas effectivement en cours ? Comment
savoir si nous ne sommes pas à l'aube d'un emballement
climatique si dévastateur qu'il pourrait priver le monde de
toute nourriture et semer d'incalculables destructions ?
Pour y voir plus clair, nous allons
entreprendre un voyage dans l'histoire du changement climatique
actuel et, au-delà, dans l'étonnante histoire du climat
mondial. Et nous nous rendrons compte que notre civilisation, par son
gigantisme et l'action massive qu'elle exerce sur l'environnement,
est à la merci de tout changement climatique tant soit peu
violent.
L'impensable n'est plus impossible :
notre civilisation pourrait disparaître.
Le climat fonctionne à la
manière d'un élastique qu'on étire et qu'on
relâche brusquement. Pendant des années, voire des
périodes géologiques entières, les contraintes
s'accumulent lentement et la chimie de l'air se modifie. Puis, en
quelques années ou même en quelques mois, un ajustement
s'opère, à une échelle presque inconcevable.
Le climat de la terre semble doté
d'un mécanisme puissant de régulation. Quand la chaleur
atteint un certain niveau, une rupture brutale se produit. L'air
froid dévale du nord et envahit l'hémisphère
nord surchauffé. Une ère de froid commence subitement.
On sait dans les grandes lignes ce qui
se produit à ce moment. Mais la science ne s'est pas encore
penchée sur le point particulier suivant : ce changement
s'accompagne nécessairement d'une libération
phénoménale d'énergie liée à la
réorganisation générale du climat. Cela signifie
concrètement que le rééquilibrage climatique se
manifeste quasi certainement par une énorme tempête, ou
série de tempêtes, dont rien, dans notre expérience,
ne peut nous donner l'idée. Nous sommes convaincus que cela
s'est déjà produit par le passé et que cette
supertempête, comme nous l'appelons, a laissé des
traces fossiles 
brutalement et qu'elle possède un pouvoir destructeur capable
de mettre fin à notre civilisation.
Ces affirmations peuvent paraître
sensationnalistes. Nous sommes pourtant en mesure de prouver que
lorsque la nature appuie sur la détente, c'est de façon
brutale, et qu'en conséquence, le rééquilibrage
climatique qui s'ensuit doit être tout aussi brutal et mettre
en jeu des énergies titanesques. Et cela laisse penser que
nous sommes peut-être dès à présent dans
un danger extrême.
Depuis trois millions d'années,
la terre est prisonnière d'un système climatique
exceptionnellement rigoureux. Au cours de cette période, le
climat a oscillé bien des fois entre le froid et le chaud. À
mainte reprise s'est reproduit le scénario suivant : la
terre se réchauffe, devient de plus en plus chaude 
puis, à un certain stade, c'est le retour brutal des glaciers
qui ensevelissent un quart de la planète, parfois pendant cent
mille ans. Certaines fois, la glaciation consécutive au
refroidissement ne dure pas. D'autres fois même, comme ce fut
le cas vers -8000, le brusque refroidissement n'est pas suivi de
glace mais interrompt simplement quelque temps le réchauffement.
Aujourd'hui, les facteurs qui ont
provoqué de brusques changements climatiques dans le passé
redeviennent actuels. Le changement qui s'annonce, dont nous verrons
qu'il s'intègre dans un vaste cycle naturel, a cette fois-ci
été accéléré par l'activité
humaine. Quand il se produira, il sera probablement beaucoup plus
violent que les précédents, comme l'indiquent certaines
données climatiques récentes et inexpliquées sur
lesquelles nous reviendrons.
Nous nous pencherons aussi sur le
dernier grand bouleversement, que nous tenterons de voir à
travers les yeux des hommes qui l'ont vécu. Nous apprendrons
même, grâce aux données fossiles, en quelle saison
il eut lieu. Nous verrons pourquoi cet événement n'a
pas provoqué d'âge glaciaire, et sur quelle base on peut
dire que le prochain en suscitera un ou non.
Pour vous, pour votre famille, à
quoi ressemblera ce changement climatique ? Tout dépend
de l'endroit où vous vivez. Plus vous serez au nord, plus vous
aurez intérêt à filer rapidement vers le sud.
Quand les courants océaniques
chauds qui montent aujourd'hui vers le nord cesseront de le faire,
l'ensemble de notre climat changera. C'est à ce moment, selon
nous, que se rassemblera l'énergie nécessaire à
la formation d'une supertempête.
Supposons que vous habitiez Dallas,
Madrid ou Rome. Vous pourrez soupçonner que la supertempête
est en cours de formation lorsque des bulletins météo
vous annonceront l'arrivée de toute une série de fronts
froids en provenance de l'Arctique. Ce pourra être à
n'importe quel moment de l'année. Vous entendrez dire qu'un
nombre croissant de régions nordiques - Toronto,
Stockholm, Pékin - connaît des conditions
climatiques sévères, caractérisées par
des pluies estivales extraordinaires et des blizzards hivernaux sans
précédent. Cela continuera ainsi pendant une semaine ou
plus, avec une intensité croissante. Des bourrasques soufflant
à plus de 160 km/h apparaîtront dans les
différentes plaines nordiques du globe comme les hautes
plaines américaines ou les steppes d'Asie centrale. Nous
expliquerons ultérieurement pourquoi la situation, selon nous,
devrait même être bien pire.
Des villes comme Edmonton et
Semipalatinsk d'abord, Minneapolis et Moscou ensuite, seront coupées
du monde. L'Alaska et le nord de la Sibérie les auront
précédées dans le silence. En Europe, en Asie,
en Amérique, des populations entières tenteront
désespérément de gagner le sud. Dans
l'hémisphère austral, les courants subiront des
modifications analogues à celles affectant les courants de
l'Atlantique nord. L'Australie et la Nouvelle-Zélande seront
donc touchées elles aussi. L'été s'y changera en
hiver ; l'hiver y sera d'un froid extrême 
énormes dévasteront les côtes sud. Des typhons,
brutalement surgis, viendront pilonner les Philippines, le Japon et
les îles du Pacifique.
Plus vous serez au nord, plus vous
serez soumis à des conditions extrêmes. Jour après
jour, les tempêtes croîtront en complexité et en
taille, revêtant des formes totalement inédites.
De gigantesques mouvements de
population parcourront l'ensemble de l'hémisphère nord.
À la faveur de l'immense désordre qui en résultera,
d'innombrables personnes mourront, rattrapées par la
supertempête.
Une fois la supertempête
dissipée, les effarantes proportions de la catastrophe
apparaîtront peu à peu. Les seuls échos en
provenance d'Europe arriveront du Portugal, du sud de l'Italie et du
sud de l'Espagne. Le Midwest américain, la Sibérie,
l'Europe du nord seront totalement recouverts de glaciers qui
renverront vers l'espace une part considérable de la lumière
et de la chaleur du soleil.
Si la tempête frappe en été,
cette glace aura quelque chance de fondre 
qui se produisit lors de la dernière supertempête dont
les mythologies du monde entier - nous y reviendrons -
semblent avoir conservé la mémoire.
Si, en revanche, la tempête
survient en automne ou en hiver, on peut tout à fait imaginer
que la glace, en quelques mois, se tasse suffisamment et renvoie
suffisamment de chaleur et de lumière pour que l'été
suivant ne puisse la faire fondre.
L'hiver qui viendrait ensuite serait
alors le plus froid de l'histoire.
Un nouvel âge glaciaire aura
commencé, ultime effet du réchauffement dont les
survivants apprécieront sûrement l'ironie.
~ 2 ~
Le
mystérieux passé
de
l'humanité
Il est à peu près
certain que des supertempêtes ont déjà eu lieu,
probablement même en grand nombre. Il n'est pas impossible
d'ailleurs, que les premiers hommes nous aient transmis le souvenir
du dernier épisode de ce type et qu'ils nous aient laissé,
en même temps que sa description, toute une série
d'avertissements que nous devrions désormais cesser d'ignorer.
Mais nous ne sommes que trop enclins, et depuis trop longtemps, à
taxer d'imaginaires les événements que rapportent les
légendes primitives quand ils nous paraissent fantastiques.
Peut-être manquons-nous en cela
de prudence, peut-être devrions-nous porter plus d'attention
au passé et tenter de comprendre ce qu'ont voulu nous dire nos
ancêtres. Nous n'apprenons guère de l'histoire et
tablons plus volontiers sur la science et le futur. Or, il se
pourrait que le passé nous ait envoyé un message dont
dépende notre survie.
La version consacrée de
l'histoire de l'humanité est la suivante : au cours des
deux derniers millions d'années, des espèces
protohumaines comme Homo Erectus puis l'Homme de Neandertal
ont parcouru les étendues africaines et se sont lentement
répandues en Europe et en Asie. On sait qu'ils faisaient usage
d'outils grossiers puisqu'on en a retrouvé certains. On sait
aussi qu'ils ne possédaient pas un langage évolué
car la brièveté de leur cou ne permettait pas un
contrôle suffisant du souffle et n'autorisait que des mots
simples. Puis, voici 100.000 ans environ, est apparu l'homme de
Cro-Magnon. Bâti très différemment, il avait la
tête haute et un crâne large et léger, dépourvu
de lourdes et simiesques arcades sourcilières. Son long cou
était adapté au langage complexe, facteur qui rendit
possible le développement de la civilisation. Enfin, il y a
7.000 ans environ, surgirent les premières bourgades puis,
quelque mille ans plus tard, les premières cités.
Jusqu'en 1995, cette vision du passé
était un véritable dogme scientifique qu'étayaient
des années de recherches archéologiques minutieuses.
Mais depuis quelque temps, des chercheurs non conventionnels comme
Graham Hancock, Richard Thompson ou William Corliss nous invitent à
jeter sur notre passé un regard plus incisif.
Hancock avance par exemple, dans des
livres comme L'empreinte des dieux, que d'anciennes
civilisations ont peut-être atteint un niveau scientifique
beaucoup plus élevé qu'on ne le pensait. De son côté,
Corliss s'est plongé dans les travaux de recherche abandonnés
et en a exhumé des centaines de découvertes
inexpliquées qu'il a exposées dans la série
Sourcebook, rappelant délicatement par la même
occasion à la communauté scientifique qu'elle a la
fâcheuse habitude de remiser ce qu'elle ne sait expliquer au
lieu d'élaborer des théories meilleures.
La science officielle, qui est par
nature plus prudente que les chercheurs oeuvrant aux frontières
du spéculatif, commence enfin à répondre aux
questions soulevées par ces derniers. On prend aujourd'hui
conscience que les anciens étaient peut-être de fins
observateurs de leur monde, et partant, que les récits qu'ils
nous ont légués sous forme de mythes et de légendes
pourraient être le reflet, non d'une imagination primitive mais
d'observations d'une importance vitale et actuelle.
Mais avant de nous pencher sur le
passé de l'humanité, nous allons remonter beaucoup plus
loin et nous intéresser aux premiers milliards d'années
d'existence de la terre, bien avant la première étincelle
de vie terrestre. Cette courte digression, qui pourrait paraître
hors de propos, se justifie par une étrange découverte
que nous pensons avoir faite sur l'histoire de l'humanité, à
savoir que l'évolution des sociétés semblerait
obéir à une certaine planification. Serait-ce un
message laissé par nos ancêtres à notre
intention, et si oui, quel est ce message et quelles raisons
extraordinaires purent les pousser à nous apporter leur aide ?
La réponse est que nous présentons une singularité
tout à fait étonnante que nous allons découvrir
en retournant aux origines mêmes de la terre.
À cette époque, la terre
n'était encore qu'un nuage de poussière luisante
renfermant en son centre une boule fondue grande comme la moitié
de la planète actuelle. Cette masse, qui orbitait autour du
soleil depuis l'aube des temps géologiques, grossissait
peu à peu à mesure qu'elle refroidissait et que la
poussière, tombant vers le centre, assombrissait celui-ci et
le transformait en planète.
C'est alors que survint un événement
improbable - improbable mais pas impossible car le système
solaire primitif était alors dense et sillonné de
comètes. Un énorme objet vint fracasser la boule de
roche et de lave que nous appelons aujourd'hui la terre, la
métamorphosant en une planète double. Le petit fragment
se mit à orbiter autour du gros, d'abord très vite,
puis plus lentement au fur et à mesure qu'il s'en éloignait.
L'impact avait été
gigantesque 
aujourd'hui l'océan Pacifique.
Il y aurait désormais une
planète dotée d'une énorme lune orbitant de plus
en plus lentement. Avec le temps, l'attraction exercée par
cette lune ralentit le vent dû à la rotation de la
terre, qui sans cela soufflerait à plus de 320 km/h.
L'équilibre du système
terre-lune semble calculé au plus juste. Que la lune ait eu
une taille à peine différente, que son mouvement autour
de la terre ait été à peine différent, et
rien de plus complexe qu'un lichen ne serait apparu. La vie sur terre
n'aurait même pas commencé.
Nous sommes donc en présence,
non pas d'un, mais de deux événements improbables.
D'une part, une lune arrachée de la terre sans que l'ensemble
de la planète vole en éclats. D'autre part, le fait
qu'en orbitant autour de la terre, la lune ait suffisamment ralenti
le vent de rotation pour créer un environnement climatique
propice au développement de formes de vie évoluées.
De faibles vitesses du vent sont essentielles pour que se développent
à la surface de la terre des créatures de grande
taille, et sans une lune comme la nôtre, la vie serait donc
impossible pour nous et même pour des insectes 
la lune, par son mouvement particulier, qui empêche
l'atmosphère d'acquérir, par effet d'entraînement,
une vitesse égale à une fraction significative de la
vitesse orbitale de la planète.
On peut toujours mettre un événement
improbable sur le compte du hasard. Voire deux 
il y en a d'autres, beaucoup d'autres. Prenons par exemple l'effet
Jupiter. Donnez à Jupiter une taille différente, ou une
orbite qui ne soit pas parfaitement circulaire, et la terre serait
moins éloignée du soleil qu'elle ne l'est. Il suffirait
qu'elle se rapproche de 80.000 kilomètres pour n'être
plus vivable, puisque trop chaude. Qu'elle s'éloigne au
contraire de quelques milliers de kilomètres et ce serait une
planète gelée.
L'univers, dira-t-on, est immense et
le système terre-lune, tout improbable qu'il est, pourrait
devoir son apparition au hasard. La probabilité que ce soit
vrai, en tout cas, est incroyablement faible.
Combien existe-t-il de systèmes
planétaires de ce type dans l'univers ?
Pas beaucoup, sans doute, voire très
peu. Au mieux, l'univers ne contient vraisemblablement qu'un infime
saupoudrage d'espèces intelligentes, dispersées et
extraordinairement isolées.
D'autres facteurs contribuent à
la rareté des formes de vie évoluées. D'abord,
le fait que la plupart des galaxies semblent être des « sources
de sursauts gamma ». Les galaxies de ce type émettent
périodiquement des bouffées de rayons gamma d'une
puissance si phénoménale qu'ils empêchent les
formes de vie évoluées telles que les plantes et les
animaux - ne parlons même pas des créatures
intelligentes - de survivre ou d'évoluer,
stérilisant ainsi la totalité de la galaxie. Ainsi, la
plupart des galaxies sont probablement mortes.
Ce n'est pas tout.
Notre soleil est une « naine
jaune ». Plus gros, il rayonnerait trop puissamment pour
qu'existe à son voisinage une zone propice à la vie 
plus petit, il n'émettrait pas assez de chaleur. Les naines
jaunes sont en fait assez communes, ce qui favoriserait le
développement de la vie sans les énormes éruptions
stellaires qu'émettent un si grand nombre d'entre elles. Si
notre soleil était semblable à la majorité des
étoiles jaunes étudiées jusqu'ici, il
projetterait des flambées dévastatrices jusqu'à
Jupiter et la planète Terre ne serait qu'un gros caillou
noirci.
Un autre élément, qui
concerne l'évolution des espèces, laisse lui aussi
penser que nous sommes extrêmement rares. Les extinctions, qui
se produisent d'une façon apparemment aléatoire, ont
joué un très grand rôle dans l'évolution
de la vie terrestre. Or elles présentent une particularité
méconnue qui est cruciale pour la connaissance que nous avons
de nous-mêmes. Nous l'illustrerons en examinant ce qui arriva
après l'événement qui tua les dinosaures :
75% des espèces moururent alors. Ce fut le cas de la majorité
des grands animaux : sur mille vivant avant l'événement,
dix seulement survécurent.
Pourtant, un phénomène
se produisit à ce moment, qui s'est aussi produit après
tous les événements de ce type : la terre ne
devint pas stérile, la vie ne repartit pas de zéro. De
nouvelles créatures jaillirent du paysage dévasté
qui allait retrouver, dix millions d'années plus tard, son
pullulement animal. Les nouvelles créatures étaient
encore plus performantes qu'auparavant 
plus intelligentes, plus fortes et plus adaptables que celles qui
avaient été détruites.
Chaque coup reçu semble inciter
la Terre à adopter un modèle meilleur que le précédent,
les données fossiles le montrent clairement. Le système
terre-lune est une machine à créer la vie, et l'effet
réel des extinctions périodiques semble être
d'accélérer l'évolution. Si l'on ajoute à
cela l'heureux hasard qui a donné à la lune son orbite
particulière, et créé l'effet Jupiter, on ne
peut que s'interroger : une telle accumulation de hasards
est-elle possible ? quelle somme de hasards peut expliquer que
les extinctions de masse débouchent sur l'apparition de
créatures plus parfaites et plus efficaces, pour remplacer
celles qui ont péri ? On voit mal comment le hasard
pourrait être le seul à l'oeuvre. Il est
impossible, vu le nombre d'inconnues en jeu, de déterminer la
courbe de probabilité à laquelle répond
l'évolution de l'humanité. Cette probabilité
doit assurément être infime.
Carl Sagan défendait l'idée
que l'univers contiendrait des milliards d'espèces
intelligentes. Mais il ne prenait en compte ni la nécessité
d'une lune capable de ralentir les vents de rotation, ni les autres
improbabilités que nous avons vues. Au fond, notre société
est persuadée que l'univers grouille de vie, et la conséquence
en est que nous avons tendance à nous sous-évaluer.
N'ayant pas conscience de notre rareté, nous ne nous rendons
pas compte que lorsqu'un danger menace l'espèce humaine,
il vaut terriblement mieux pécher par excès de
prudence. Nous ne pouvons nous permettre de risquer l'extinction.
Nous ne pouvons nous permettre de jouer avec l'avenir de nos
enfants.
Peut-être, dans un lointain
passé, quelqu'un de plus sagace que nous avait-il perçu
cette rareté qui nous caractérise et s'était-il
inquiété de nous, plus que nous ne le faisons
nous-mêmes. Quand on réalise cela, on commence à
voir l'humanité d'un autre oeil, à comprendre
l'urgence folle d'un projet comme Le Grand Bouleversement du
Climat à entrevoir les motifs pour lesquels nos ancêtres,
piégés dans le maelström d'une
supertempête, tentèrent peut-être de nous
transmettre un avertissement.
L'idée que, du fond des âges,
une civilisation ou quelque chose d'approchant ait pu vouloir nous
laisser un message est spéculative, nous en sommes conscients.
Mais nous verrons par la suite que les conceptions sur le passé
de l'humanité connaissent aujourd'hui une révision
radicale. Loin de nous d'ailleurs de vouloir peindre les
scientifiques sous des traits conservateurs et conventionnels, car
nous devons reconnaître que certaines des remises en question
les plus hardies sur le passé de l'humanité proviennent
actuellement de la communauté scientifique officielle.
Des découvertes bien plus
incroyables que les spéculations les plus aventureuses de gens
comme Hancock sont aujourd'hui admises sans réelle
contestation. Mais nous sommes encore bien éloignés de
réaliser que des hommes aient pu, dans un passé que
nous jugeons primitif et qui remonte à 8.000 ans au moins,
découvrir sur la nature humaine et la nature en général
quelque chose qui les incita à nous lancer un message à
travers les âges.
Si ce message existe, il est urgent
que nous le déchiffrions car les vents se font de jour en jour
plus violents et il n'est pas loin, le temps où nous devrons
nous protéger de leur puissance.
Les extinctions, en effet, n'ont pas
toutes été causées par la chute de corps
célestes. Le climat joue un rôle immense, plus important
peut-être que tout le reste.
Et le passé pourrait détenir
à ce sujet des informations vitales.
Les
mécanismes
du
destin
Si la supertempête est l'élément
le plus spectaculaire du changement climatique nous menant à
un nouvel âge glaciaire, elle n'en est pas le point de départ.
Plusieurs étapes préalables, respectant un ordre
précis, conditionnent sa venue. Voilà pourquoi les
supertempêtes - si tant est qu'elles surviennent
parfois, et nous pensons que c'est le cas - sont très
rares.
L'ordre des événements
est le suivant. Tout commence par la mise en place d'un effet de
serre qui entraîne un réchauffement climatique. Qu'il
soit assez intense, et l'Arctique lui-même se met à
fondre 
ainsi libérée vient tiédir l'océan
Arctique 
soit suffisant, et l'écart de température entre les
eaux arctiques et tropicales se réduit au point d'affaiblir la
force du courant Nord-Atlantique.
Le courant ne pénétrant
plus les eaux arctiques, celles-ci se refroidissent à nouveau.
Alors l'air tropical, après être monté vers le
nord, s'arrête et l'air froid de l'Arctique plonge vers le sud
et vient heurter les masses d'air chaud. Le froid extrême
régnant dans la stratosphère renforce ce phénomène
et va ainsi exacerber la violence des tempêtes qui vont naître.
Lorsque ces conditions sont réunies,
il est inéluctable qu'apparaissent de grandes tempêtes,
et possible qu'elles se fondent en une seule supertempête. Une
telle situation s'est rencontrée il y a 8000 ans, époque
à laquelle le réchauffement mondial atteignit un niveau
analogue à celui que nous connaissons actuellement et où
un déluge d'eau douce se déversa dans l'océan.
D'ores et déjà, selon des océanographes
australiens, d'immenses régions de l'océan sont
devenues moins salées ( New Scientist du 31
juillet 1999, p. 22 ) et l'Arctique perd en moyenne 67.000 km2
de glace par an ( New Scientist du 7 août 1999, p.
5 ).
L'Arctique est en train de fondre.
Désormais, semble-t-il, nous n'avons plus que quelques années
à attendre pour voir s'installer une fonte estivale générale
et se mettre en place les conditions de la supertempête.
Au terme de la tempête, soit
quatre à six semaines plus tard probablement, l'hémisphère
Nord aura subi d'énormes dommages. Une part substantielle de
sa moitié nord sera vraisemblablement couverte de neige durcie
et en grande partie congelée. La suite dépendra de la
saison au cours de laquelle la tempête aura frappé. Soit
la glace s'incrustera, et ce sera le début d'une nouvelle
glaciation 
des déluges aux proportions bibliques.
Combien de temps nous reste-t-il
encore ? Difficile à dire, tant nous avons de mal à
concevoir un événement aussi colossal et aussi soudain.
Mais il se pourrait que le délai restant à courir se
compte en années. Dès lors, et puisque nous savons
désormais que le passé du climat est tissé de
violence, nous devrions accorder aux phénomènes actuels
une attention maximum et chercher quels sont nos moyens d'action.
Avant tout, il importe de prendre
l'exacte mesure de la situation actuelle. Parmi les phénomènes
en cours, certains constituent peut-être des signes
avant-coureurs de la supertempête. Il y a notamment le problème
de l'Antarctique. Certes, il ne participe pas directement à la
genèse de la supertempête. Mais la fonte des glaces
australes, en déversant de vastes quantités d'eau douce
dans l'océan Antarctique, pourrait faire monter rapidement la
température estivale de l'eau et accroître la
difficulté, pour les zones septentrionales, d'attirer les
courants vers le nord.
Tandis que la couche d'ozone s'amincit
au-dessus de l'Antarctique, les glaces révèlent des
changements spectaculaires. Dès 1988, d'énormes
icebergs commencèrent à essaimer de la banquise Larsen
située face à la pointe de l'Amérique du Sud.
En 1998, la moitié de cette
banquise était déjà disloquée et l'autre
moitié menaçait de fondre.
En 1994, un gigantesque fragment de
77x35 kilomètres, le plus massif depuis de nombreuses années,
s'est détaché de la banquise Larsen, faisant dire au
glaciologue argentin Rodolfo Del Valle : « Nous
avions annoncé qu'il partirait avant dix ans, et il lui a
suffi de deux mois ».
Le processus s'est poursuivi au-delà
des pires craintes de Del Valle. En février 1998, un énorme
bloc de 410 km2 a quitté la banquise
Larsen-B. Ted Scambos, du National Snow and Ice Data Center1
de Boulder ( Colorado ), estime que cette scission pourrait
avoir déstabilisé la banquise environnante au point de
provoquer son émiettement : « des éléments
stables depuis des siècles sont désormais devenus
instables ».
En mars 1998, la banquise Larsen a
lâché un nouveau tronçon et reculé en deçà
de son minimum historique, ce que Scambos commente ainsi :
« c'est peut-être le début de la fin ».
Le British Antarctic Survey2
a enregistré en cinq ans un recul extraordinaire des banquises
antarctiques. Dès janvier 1995, la plate-forme Larsen-A était
complètement désintégrée et avait perdu
quelque 2500 km2. Chaque kilomètre carré de
glace qui fond fait baisser la salinité des eaux, paramètre
qui est crucial pour la circulation des courants océaniques
mondiaux, notamment aux extrémités arctique et
antarctique de ces courants. La cause du phénomène ne
saurait être plus simple. Les pôles se réchauffent,
et se réchauffent vite. Depuis 1940, la température
annuelle moyenne a augmenté d'environ 3,3°C dans
l'Antarctique, 4,4°C dans l'Arctique. Mais ce n'est encore rien
auprès de l'immense quantité d'eau douce qui irait
rejoindre l'océan si les banquises les plus épaisses de
l'Antarctique, comme celles de Ross et de Filchner-Ronne, ainsi que
les banquises qui ceinturent entièrement le continent,
venaient à se résorber. Les observations actuelles et
les prévisions de réchauffement mondial indiquent que
cela devrait se produire à terme. Pour autant, la plupart des
experts ne voient pas là de menace immédiate - opinion
dont on appréciera toute la valeur en se rappelant qu'en 1985,
pas un expert, ou presque, n'imaginait que la fuite des glaces
prendrait l'ampleur qu'elle connaît aujourd'hui.
Dans un article sur l'état
actuel de la banquise antarctique occidentale, publié le 23
juin 1998 dans Nature, Michael Oppenheimer estimait qu'il y
avait de fortes chances que la banquise finisse par fondre, et que
dans ce cas les côtes du monde entier seraient noyées.
Les zones côtières, soit dit en passant, abritent à
ce jour 20 à 25 des plus grandes métropoles de la
planète et plus d'un milliard d'êtres humains. Mais
l'article se voulait rassurant au moins sur un point : il
paraissait peu probable que cela se produise avant 500 ans. Les
hypothèses d'Oppenheimer, précisons-le, n'intégraient
pas les évolutions rapides que l'on observe aujourd'hui dans
l'état de la glace.
Un rapport inquiétant sur un
glacier dont dépend la stabilité de la banquise
antarctique occidentale est paru le 28 juillet 1998 dans Science.
E. J. Rignot, du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, y affirmait en
effet que le glacier Pine Island, qui se jette dans la mer
d'Amundsen, était en recul depuis quatre ans. Plus
précisément, la ligne charnière du glacier - à
savoir celle qui joint les points d'attache du glacier, au-delà
de laquelle la glace flotte dans l'eau - a reculé
de 1200 mètres entre 1992 et 1996. À ce rythme, le
glacier finira par se briser et rejoindra alors rapidement la mer. Le
problème est que ce glacier, selon les chercheurs, est
essentiel à la stabilité de l'ensemble de la banquise
antarctique occidentale. Les glaciers étant des créatures
éminemment changeantes, rien ne permet pour le moment de
préciser la gravité de la menace. Mais on ne voit guère
que celui-ci puisse survivre encore 500 ans, et tout montre au
contraire qu'il pourrait commencer à se briser à chaque
instant.
Les deux fondements du climat actuel
sont la stabilité du courant Nord-Atlantique et la température
de la haute atmosphère. Plus l'écart de température
entre la haute et la basse atmosphères est grand, plus le
climat est violent. Or, nous l'avons vu, la température de la
haute atmosphère est en train de chuter rapidement du fait que
les gaz à effet de serre piègent une quantité
croissante de chaleur près du sol. Ainsi, les conditions
propices à un changement de climat sont en train de
s'installer sur l'ensemble de la planète.
Voyons à présent le
problème de l'Arctique. En 1997-98, des chercheurs
remarquèrent pour la première fois un amincissement
sans précédent de la glace. Le permafrost fondant, des
immeubles commencèrent à s'écrouler en Sibérie
et des millions d'arbres, racines noyées, se mirent à
mourir en Alaska. En septembre 1998, la National Oceanic and
Atmospheric Administration annonça que le monde venait de
connaître le mois d'août le plus chaud jamais enregistré.
Le mois écoulé, commentait la NOAA, était le
huitième d'une série de « mois le plus
chaud » et s'inscrivait sur une « chaîne
sans précédent de records de températures ».
Une hausse de 0,7°C par rapport à
la normale fut relevée cette année-là dans le
monde entier. Il fit 37,8°C à Paris et New Delhi battit
toutes les autres villes avec 52°C. La flambée dépassa
largement les prédictions - établies trois
ans auparavant seulement - de la plupart des modèles
les plus radicaux de réchauffement mondial. L'année
1998 fut l'année la plus chaude jamais enregistrée, et
il devint clair à partir de 1999 que la croissance de la
température était beaucoup plus rapide qu'on ne le
pensait jusque-là.
À première vue, on peut
donc avoir l'impression que le monde entre dans une phase
d'emballement des températures. Dans un tel scénario,
la terre ne parvient plus à se débarrasser de la
chaleur par rayonnement et l'atmosphère s'engage dans un
réchauffement rapide que rien ne peut arrêter. En
quelques années, la température atteint un niveau
critique où l'environnement subit un bouleversement général
et où la survie de l'homme - et à terme de
toute espèce évoluée - devient
impossible. Il semblerait, cependant, que le climat puisse revenir à
l'équilibre avant que cette limite soit franchie. Les grottes
de glace du Groenland révèlent ainsi qu'avant le
dernier refroidissement, la température arctique s'éleva
brusquement de plus de 28°C, sans doute en une ou deux saisons.
La circulation océanique, en
redistribuant la chaleur sur la planète, détermine le
climat. Quand les grands courants changent, le climat change aussi 
et comme les courants changent brusquement, le climat change
brusquement. En 1997, Stefan Ramstorf, du Potsdam Institute for
Climate Impact Research, a signalé un affaiblissement du Gulf
Stream imputable au volume croissant d'eau douce que reçoit
l'Atlantique nord. Observant qu'« il existe un seuil,
dans la circulation de l'Atlantique nord, au-delà duquel cette
circulation peut brutalement basculer », Ramsdorf
précisait que ceci pourrait se produire au cours du XXIIe
siècle mais que « ce pourrait être bien
plus tôt » ( New Scientist du 14
novembre 1998, p. 15 ).
Nos modèles du réchauffement
mondial sont basés sur la quantité de dioxyde de
carbone ( CO2 ) que
l'homme, par ses différentes activités - utilisation
de moteurs à combustion, création de chaleur et
d'énergie à partir de pétrole et de charbon,
etc. - rejette dans les airs. Ce gaz a pour
caractéristique de réduire la capacité de l'air
à dissiper la chaleur reçue du soleil. Les activités
humaines libèrent actuellement autant de CO2
qu'un petit volcan, à la différence près que
nous sommes en état d'éruption permanente. Aucun de ces
modèles ne prévoit de réduction des émissions
de CO2 
indiquent que la quantité de gaz dans l'atmosphère va
continuer, comme au cours du XXe siècle, à
augmenter rapidement.
Au départ, elle était
pourtant très faible. Pendant 3 millions d'années, le
niveau de CO2
atmosphérique est même resté incroyablement bas
et il l'est encore tellement que son effet isolant est minime. Dans
l'histoire de la terre, ce niveau n'a été aussi bas
qu'une fois. C'était il y a 300 millions d'années, bien
avant les dinosaures, à une époque où les
conditions étaient assez proches des actuelles et où
une énorme calotte glaciaire recouvrait ce qui devait devenir
l'Afrique du Sud 
régnait alors.
Dans le passé, le retour à
des conditions glaciaires a toujours été précédé
d'une augmentation des gaz à effet de serre, suivie d'une
baisse brutale - baisse peut-être liée au brusque
changement de climat dont nous parlons. Nous sommes quelque part sur
le chemin qui conduit à ce changement : les températures
stratosphériques sont en chute, tandis que les températures
de surface s'élèvent, tout particulièrement dans
l'Arctique.
Début 1999, des chercheurs
annoncèrent, après un an passé sur le
brise-glace canadien Des Groseilliers, que la calotte
glaciaire du pôle Nord fondait à une vitesse
inattendue 
pour cette mission, intitulée SHEBA ( pour Surface
Heat Budget of the Arctic ) et destinée à
mesurer l'état de la glace arctique. La disparition des glaces
septentrionales semblait être plus sérieuse encore qu'en
Antarctique. Dans les années 1970, l'épaisseur de la
glace arctique avoisinait 3 mètres en moyenne. Or voici ce que
constata en 1997 la mission SHEBA, selon son chef Donald K.
Perovitch : « La première difficulté
fut de trouver une banquise suffisamment épaisse, car la glace
ne dépassait pas 1,5 à 2 mètres d'épaisseur ».
En une vingtaine d'années, la glace s'est donc amincie de
moitié.
En fondant, la glace fait baisser la
salinité de l'eau environnante, rendant cette eau plus
réactive aux réchauffements et refroidissements.
L'océan Arctique, qui n'est guère profond, peut changer
rapidement en cas d'arrivée massive d'eau douce. Les mesures
révélèrent qu'il était plus chaud et
moins salé que 22 ans auparavant, ce qui prouve qu'une grande
quantité de glace avait fondu avant l'été où
démarra la mission SHEBA. On commence donc à penser
qu'une grande partie des glaces arctiques aura fait place à la
mer d'ici quelques années - en tout cas pendant
l'été - et que 75% de la glace auront
disparu dans les 25 ans à venir.
Ce n'est pas tout. En mars 1999, la
revue Science annonça que les glaciers du Groenland
étaient en régression. Ce sont, comme en Antarctique,
des glaciers terrestres, de sorte que leur fonte fera monter le
niveau de la mer. Le phénomène de dislocation qui
guette l'Antarctique pourrait aussi se produire au Groenland,
occasionnant des inondations mondiales et l'arrivée massive
d'eau douce dans les océans. Dans certains secteurs du
Groenland oriental, non suivis jusqu'alors, on a mesuré en
cinq ans un amincissement des glaces d'une vingtaine de centimètres
par an, vitesse qui atteint 90 centimètres par an à
proximité de la côte. Il semble que les glaciers du
Groenland soient en train de partir à la mer bien plus vite
que prévu, ce qui pourrait laisser présager un
effondrement soudain dans l'océan.
Gerard Bond, du laboratoire
Lamont-Doherty de l'université de Columbia, considère
que cette multiplication des icebergs, en déversant un
surcroît d'eau douce dans l'océan, risque de créer
des anomalies de circulation océanique comme celles que nous
avons évoquées. George Alley estime de même qu'on
ne peut exclure que « l'injection de nouveaux surplus
d'eau douce dans l'Atlantique déclenche un changement
précipité ». L'effet, selon les termes
du New York Times du 5 mars 1999, pourrait être
« analogue à une pression sur un interrupteur.
Rien ne se passe tant qu'on appuie doucement. Mais au-delà
d'un certain point, tout bascule d'un seul coup ».
Nous avons cité maints exemples
de tels basculements survenus dans le passé. Combien de temps
nous sépare encore du moment où l'interrupteur va
céder ? Selon Alley, les scientifiques n'ont « pas
le moindre indice » à ce sujet.
En définitive, les conditions
nécessaires à un brusque changement climatique et à
l'apparition d'une supertempête sont réunies :
1 ) En surface, l'air emprisonne
de plus en plus de chaleur par effet de serre. La haute atmosphère,
par contrecoup, devient de plus en plus froide. Plus grand sera cet
écart de température, plus violentes seront les
intempéries.
2 ) Les calottes glaciaires
fondant et les icebergs se multipliant, l'océan Arctique
devient de moins en moins salé et de plus en plus chaud.
3 ) Les glaces antarctiques sont
également en train de fondre et inondent l'Atlantique sud
d'eau douce.
4 ) Les courants océaniques
s'affaiblissent.
Quelle est la conséquence de
tout cela, et quand la supertempête aura-t-elle lieu ?
Nous ( SUITE DANS LE LIVRE )
Service de Presse :
Marie Guillard
Tous droits réservés
éditions Le jardin
des Livres
Boîte Postale
40704,
Paris 75008
Dépôt
légal : mars 2005
1Haut-fond
qui s'étend devant la côte est des Etats-Unis, à
la hauteur du Massachusetts et du Connecticut.
2Branche
nord du Gulf Stream.
3National
Oceanic and Atmospheric Administration : direction des océans
et de l'atmosphère, rattachée au ministère
américain du Commerce.
4Global
Ocean Observing System.
5Global
Temperature-Salinity Profile Program.
6ACCE
est l'un des volets de l'Etude de la Circulation Océanique
Mondiale ( WOCE ), programme international lancé en
1990 pour comprendre la circulation des océans et son impact
sur le climat.
7Contraction
de tornade et de hurricane ( ouragan ).
8La
cellule est la structure de base des orages et comporte un
courant d'air ascendant et un courant d'air descendant. Les
formations orageuses dotées de cellules de très grande
taille sont appelées supercellules et engendrent parfois des
tornades.
9Convective
Available Potential Energy ( énergie potentielle
disponible de convection ) : indicateur mesurant la partie
de l'énergie du cyclone susceptible de se transformer en
mouvements de montée-descente de l'air ( convection ).
10Classification
des cyclones suivant les dégâts causés :
1 = minimes, 2 = modérés,
3 = intenses, 4 = extrêmes,
5 = catastrophiques.
1Centre
américain d'étude de la neige et de la glace.
2Mission
britannique de mesures de l'Antarctique.
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