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Louis Picard
Photos des
Miracles de
Notre-Dame
de Fatima
Le jardin des Livres
« Les
restes mortels de Jacinta reposèrent provisoirement dans le
caveau de la famille noble d'Alvayazère. Ils avaient été
enfermés dans un cercueil de plomb, condition d'autorisation
du transfert.
Et, à
cause du caractère contagieux de la maladie, recouverts de
chaux vive, laquelle a pour propriété normale de
consumer les chairs et de décaper les os.
Lorsque, à
la demande de l'Évêque de Leiria, le cercueil fut
transféré à Fatima, avant de l'emporter du
caveau des d'Alvayazère, on procéda, selon la règle,
à la reconnaissance de ce qui pouvait rester de ce petit corps
exténué par la maladie et scellé dans cette
bière 15 ans auparavant. Il existe une photo de cette
reconnaissance.
La feuille de
plomb soulevée laisse voir le sourire d'un frais visage
d'enfant figé à jamais dans une expression de paix et
de bonheur. Cette photo fut envoyée par l'Évêque
de Leiria à Lucia »
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«
Or, sur cette
hauteur, pas de source, ni près, ni loin de la Cova.
En 1921,
Les ouvriers
avaient à peine commencé à creuser que l'eau
jaillit, de l'eau de source en telle abondance que jamais elle n'a
fait défaut »
Le Curé de
Fatima :
« Le
13 août 1917 quand les enfants ont été mis en
prison, le curé de Fatima fut plus embarrassé que
jamais. Il crut devoir se disculper publiquement. (...) pour se
défendre, il emprunta la voie des journaux.
Il publia dans
l'Ordem de Lisbonne une lettre datée du 15 août 1917 et
y déclarae que sa vie fut en danger le 13 août.
Puis il donne
les raisons pour lesquelles il s'est abstenu d'aller à la Cova
da Iria tous les 13 du mois : ''Ou ces apparitions sont
véritables, ou bien elles sont fausses. Dans le premier cas,
ma Présence est inutile. Dans le second, elle est
nuisible'' ».
Description
de
Notre-Dame
de Fatima
par
Lucia dos Santos
Et
comme je ne pourrais pas peindre la lumière et la beauté
qui l'ornaient, je supprimerais toutes les parures, à
l'exception d'un mince filet doré sur les bords de la mante.
Cet
ornement brillait sur le fond de lumière comme si c'eut-été
un rayon de soleil brillant plus intensément que le reste.
Cette
comparaison demeure bien en deçà de
la réalité, mais je ne sais comment mieux l'exprimer
Au
Portugal, de 1910 à 1926, il y avait eu 16 révolutions
( une par an ) et 40 ministères, soit 2,5 par an.
Préface
de Pierre Jovanovic
L'apparition
de la Vierge à Fatima et son célèbre miracle du
soleil du 13 octobre 1917 représentent le plus grand événement
surnaturel de l'histoire humaine. J'ai découvert les faits de
Fatima grâce à toute la documentation compulsée
pour mon livre Notre-Dame de l'Apocalypse et ce que j'en ai
retenu, c'est que le fameux miracle du soleil a, si j'ose dire,
éclipsé tous les autres miracles, qui, pris un à
un, auraient pourtant suffi à n'importe quel saint inconnu
pour acquérir instantanément une dimension
internationale et intemporelle.
Prenez
par exemple le miracle des pluies de pétales de roses du 13
septembre 1917. Peu d'auteurs « catholiques »
contemporains en parlent parce que cela ne fait pas très
sérieux quand on aborde le sujet des apparitions de la Vierge.
Et puis, un vrai miracle, c'est avant tout un paralytique qui se lève
soudain et se met à marcher ou bien un aveugle qui jette ses
lunettes noires et s'exclame : « je vois, miracle,
je vois ». La Vierge, elle, aime les manifestations
surnaturelles originales et surtout contradictoires, comme par
exemple faire tomber sur les gens une pluie de roses, ou de pétales
de roses, de toutes les couleurs.
« Ce
13 septembre 1917 (...) un autre phénomène jeta le même
jour les témoins hors d'eux-mêmes. Une pluie de pétales
de roses. Du moins, prit-on ce qui tombait du ciel pour des pétales
de fleurs. Mais ils s'évanouissaient avant de toucher le sol,
se dérobaient dès qu'on voulait les saisir, et les
chapeaux tendus pour les recevoir restaient vides.
Ce
phénomène s'est reproduit plus tard plusieurs fois à
l'occasion de grands pèlerinages et l'on en possède des
photos très curieuses. Comme les fois précédentes,
la lumière s'était adoucie et une nuée légère
et agréable avait enveloppé le chêne-vert ».
Cette
pluie de roses s'est renouvelée à plusieurs reprises à
Fatima, et cela toujours un 13, bien après le miracle du
soleil de 1917 qui laisse penser que les faits surnaturels de Fatima
avaient cessé avec l'arrêt des apparitions de la Vierge.
Pas du tout. Cela a continué :
Les
hommes tendaient leur chapeau pour les ramasser, mais lorsqu'ils
voulaient ensuite les prendre, ils ne trouvaient plus rien.
Un
de ces pétales m'est tombé sur l'épaule gauche.
J'ai
voulu vite le prendre avec la main, mais je n'ai plus rien trouvé
!! »
Autre
miracle de Fatima, dans un tout autre registre certes, est celui du
corps demeuré incorruptible de la petite Jacinta ! Un
phénomène surréaliste et ô combien
déstabilisant si l'on tient compte du fait, en plus, que son
corps avait été intégralement recouvert de chaux
vive afin que les chairs et tout virus de la grippe espagnole soient
détruits le plus rapidement possible ( tous les cadavres
de l'époque étaient recouverts de chaux vive ).
Résistant
non seulement à la chaux, le corps de la petite Jacinta a
également résisté à la chaleur et aux
milliards de bactéries qui auraient dû nettoyer ses
chairs jusqu'à l'os, ainsi que le veut la Nature depuis que
les hommes enterrent les hommes. Mais dans le cercueil de la petite
Jacinta, l'ordre naturel des choses n'a pas suivi son cours, et a
obéi à quelqu'un d'autre. À bien regarder, c'est
comme si la Vierge avait voulu rendre un hommage, aussi muet
qu'élégant, à Charles Baudelaire :
Le
soleil rayonnait sur cette pourriture
Comme
afin de la cuire à point,
Et
de rendre au centuple à la grande Nature
Tout
ce qu'ensemble elle avait joint...
Et
pourtant, vous serez semblable à cette ordure
À
cette horrible infection
Vous,
mon Ange et ma passion !
Alors,
Ô ma beauté ! Dites à la vermine
Qui
vous mangera de baisers
Que
j'ai gardé la forme et l'essence divine
De
mes amours décomposés !
La
Vierge a voulu nous montrer à sa façon que ceux qui
portent son message sont dignes de ne point se décomposer,
même si, pour la principale intéressée,
cela ne fait techniquement ni chaud ni froid. En revanche, les
médecins légistes qui ont ouvert le cercueil et qui ont
examiné son corps n'en sont pas revenus. Son visage était
aussi frais que si elle venait tout juste de mourir. Ou de
s'endormir. Pas d'odeurs nauséabondes, ni de vers sortant des
chairs comme dans les films de vampires.
La
Vierge a préservé Jacinta car elle savait que trente
ans plus tard, son cercueil sera ouvert et que des photos
extraordinaires seront prises.
Je
dois reconnaître que celle du cercueil ouvert laissant voir sa
tête en parfait état de préservation me fascine
autant qu'elle me fait frissonner. Voir un miracle en action de ses
propres yeux, car c'est effectivement un miracle toujours en action,
on le voit bien sur la photo, a des effets perturbants. Elle semble
pointer son doigt invisible sur cette petite tête intacte,
comme pour nous signifier que son rayon d'action englobe même
ceux qui se trouvent sous terre, destination que nous aussi finirons
par atteindre un jour ou l'autre.
Le dernier miracle qui mérite aussi notre attention est celui,
méconnu, de la source d'eau de Fatima. Certes, elles n'a pas
été découverte comme à Lourdes, avec une
Bernadette mangeant de l'herbe et creusant avec ses doigts l'endroit
désigné par la Vierge, mais par hasard au début
de la construction du sanctuaire. Et aussi étonnant et curieux
que cela puisse paraître, cette eau coule en abondance depuis,
alimentant les besoins des millions de pèlerins qui s'y
rendent chaque année, des pèlerins infiniment plus
nombreux qu'à Lourdes. Cela rappelle l'apparition de la Vierge
à Kerzinen, en Bretagne, où elle avait promis ( le
6 Août 1949) de donner une source miraculeuse à ce lieu.
Et la Vierge tint parole: le 13 juillet 1952 ( notez qu'on
retrouve le 13 à nouveau ) juste en bas du champ des
apparitions, une source d'eau avait jailli. Depuis, de très
nombreuses guérisons et réponses à des prières
ont été obtenues par cette eau bretonne. Comme avec
celle de Fatima. Et comme avec celle de Lourdes. Ajoutons aussi que
le 8 décembre 1953, puis trois fois de suite en 1954, les
Bretons ont eux aussi vu le soleil danser dans le ciel, exactement
comme au Portugal. Ce déplacement du soleil est même
devenu une sorte de signature,
Aujourd'hui,
peu de prêtres croient au surnaturel en général
et à la Vierge en particulier. C'est pour cela que nous avons
retenu ce texte de Monseigneur Louis Picard, écrit dans les
années 1930 juste avant le début de la Seconde guerre
mondiale. Ce brave prêtre, qui deviendra connu dans les années
1960 pour ses émissions sur la radio-télévision
belge débutante, avait une dévotion extraordinaire pour
Notre-Dame de Fatima et il n'a pas hésité à s'y
rendre quasiment à dos d'âne. Imaginez que lorsqu'il a
écrit ce livre, Fatima n'était même pas encore
développé :
« Encore
actuellement, aux environs de ce lieu de pèlerinage, un des
plus fréquentés du monde, il n'y a ni hôtel, ni
restaurant...
Il
n'y a qu'un hôpital pour les malades, une chapelle pour les
confessions et une basilique, qui est la plus grande église du
Portugal ».
Pourtant, son texte n'a
quasiment pas pris une ride. Il est toujours d'actualité. Nous
avons rajouté de nombreuses photos supplémentaires, ce
qui transforme son livre en un témoignage encore plus étonnant
d'une époque où Fatima n'était pas encore
Fatima, mais juste un champ et un arbre en devenir. Les documents
d'époque nous plongent encore plus dans l'ambiance des
apparitions. Le simple fait de tourner les pages nous permet aussi
d'effectuer un voyage dans le temps et de toucher cette
extraordinaire présence qui y a laissé d'innombrables
preuves de sa grandeur surnaturelle et de sa bienveillance. Lire le
texte de Louis Picard et regarder les photos nous donnerait presque
l'illusion d'y avoir participé. Comme si ces documents
photographiques avaient capturé dans ces pages la présence
invisible de la Vierge. C'est cela sans doute le grand pouvoir des
livres, la capacité de retransmettre l'émotion,
intacte, et le mystère de la plus grande manifestation
surnaturelle de l'Histoire.
Pierre
Jovanovic
~ 1 ~
Le
ciel élève la voix
Le
message de Fatima a une résonance
extraordinaire car la puissance divine l'a enveloppé de
prodiges. Comme à Lourdes, en effet, il y a ici
une, et même deux sources miraculeuses. Et elles ont jailli
d'un sol qui ne tient pas l'eau. La seule source qu'il y eut jamais à
Fatima avant ce jaillissement miraculeux se trouve au-dessous du
bourg. Tandis que le lieu des apparitions est au-dessus, à
plus de 2 km. Comme à Lourdes également, les scènes
de l'Évangile se renouvellent où les aveugles voient,
les sourds entendent, les paralytiques et les estropiés
retrouvent l'usage de leurs membres, les maladies mortelles fondent
comme neige au soleil. Un Bureau des Constatations enregistre et
soumet à la critique scientifique la plus rigoureuse ces
guérisons merveilleuses.
Mais
à la différence de Lourdes, ici, les apparitions
elles-mêmes ont été accompagnées de
miracles de plus en plus impressionnants. Et cette orchestration
prodigieuse de l'entretien de la Reine du Ciel avec trois enfants
pauvres et ignorants atteignit sa puissance maximum le jour de la
dernière apparition, le 13 octobre 1917, lorsque, devant une
foule immense qui entourait l'extase des enfants, il y eut dans
l'azur brusquement balayé de nuages, un des signes les plus
étonnants de tous les temps: une sorte de feu d'artifice
interplanétaire, des feux de Bengale astronomiques. Feu
d'artifice d'une seule pièce mais dont le soleil était
le noyau. Et lorsqu'il eut jeté, dans une rotation
fantastique, tous ses feux multicolores, le soleil parut se décrocher
du ciel et tomber sur la foule, qui vécut alors comme une
anticipation du dernier jour du monde, lorsque la machine céleste
se disloquera et que les étoiles tomberont du ciel.
On
comprend qu'à de tels signes, les âmes se soient
ébranlées. À chaque apparition, le nombre des
témoins, qui, de curieux, s'étaient progressivement
mués en pèlerins, montait de plusieurs milliers, pour
atteindre, le dernier jour, 50.000 selon les plus modestes
estimations. Et depuis, les foules de Fatima n'ont pas cessé
de grandir. Elles ont très vite dépassé celles
de Lourdes. Depuis plus de 10 ans1,
le total annuel des pèlerins surclasse de beaucoup celui des
plus grandes années de Lourdes.
Or
jusqu'à présent, Fatima fut bien plus un sanctuaire
national qu'un lieu de pèlerinage européen ou mondial
comme Lourdes. Mais il semble que ce haut-lieu spirituel sera
désormais un centre religieux d'attraction universelle. La
première période ressembla aux premiers temps de la
prédication évangélique. Celle-ci fut d'abord
limitée à la Palestine. Elle devait ensuite s'étendre
à l'univers. La période, nous allions dire
palestinienne, nous voulons dire portugaise, de Fatima, fut
l'entre-deux-guerres-mondiales. La seconde de ces guerres horribles
marquera le début de l'expansion universelle du rayonnement de
Fatima.
Pour
cette expansion, le Message lui-même s'est enrichi. Car tout
n'en a pas été révélé par les
voyants dès l'origine. Une partie importante en était
restée secrète2.
Elle vient d'être rendue publique. Et elle n'est pas la moins
sensationnelle. Il y est question de la guerre, de la fin de la
guerre, de l'avenir de l'Europe, du monde et de la civilisation
chrétienne. Nous ne voulons par tarder a transcrire cette
partie du Message de Fatima... En voici l'essentiel :
La
guerre va vers la fin
Mais
si l'on ne cesse pas d'offenser le Seigneur, il y en aura une autre,
pire que celle-ci, qui commencera sous le prochain pontificat.
Si
l'on écoute mes demandes, la
Russie se convertira et on aura la paix.
Sinon,
elle répandra ses erreurs dans le
monde, provoquant des guerres et des persécutions
contre l'église ;
Beaucoup
de bons seront martyrisés ;
Le
Saint-Père aura beaucoup à
souffrir 
Plusieurs
nations seront anéanties.
À
la lecture de telles prophéties, on se demande si elles font
bien partie du Message de Fatima, dont le caractère céleste
éclate par la série de prodiges que nous avons dite.
Mais les plus hautes autorités religieuses nous garantissent
que ce passage est bien authentique. Le Cardinal Schuster, archevêque
de Milan, en fait état dans une lettre pastorale écrite
en mai 1942 pour préparer son diocèse à la
consécration au Cœur immaculé
de Marie. Le Cardinal Cerejeira, Patriarche de Lisbonne et Primat du
Portugal, le 13 mai 1942, 25e anniversaire de la première
apparition de Fatima, dans un discours prononcé au lieu même
des apparitions devant une foule innombrable, commenta cette partie
du Message. Et le Pape lui-même, dans le discours radiophonique
qu'il adressa au peuple portugais, en octobre 1942, à
l'occasion de cet anniversaire, fit solennellement la consécration
de l'Église et du monde au Cœur
immaculé de Marie, selon la demande céleste transmise
par les voyants de Fatima. Et dans cette consécration du
monde, il mentionna discrètement la Russie en demandant à
la Reine du Rosaire de bénir particulièrement ce peuple
dont la piété mariale se manifestait par ces icônes
exposées naguère encore dans toutes les maisons à
la place d'honneur, mais qui sont maintenant cachées et tenues
en réserve pour des temps meilleurs.
Lorsque,
plus loin, nous commenterons le Message de Fatima, nous ferons
remarquer qu'il ne contient pas de nouveauté religieuse. La
Révélation est close, comme disent les théologiens.
Les révélations particulières ne nous apprennent
rien d'essentiel. Elles attirent notre attention sur telle vérité
contenue dans le dépôt de la Révélation,
mais dont les chrétiens de telle époque ont
particulièrement besoin et qui est comme obnubilée à
leurs yeux. Tel fut le cas des révélations de
Paray-le-Monial. L'amour du Christ, incarnation de l'Amour éternel,
n'avait plus à être révélé. Mais le
monde refroidi par une époque de naturalisme, de rationalisme
et de jansénisme, avait besoin de se tourner vers cet amour,
admirablement symbolisé par le Cœur
de Jésus blessé pour le salut du monde. Ainsi en
va-t-il du Message de Fatima. Il ne nous apprend pas le rôle de
corédemption et de médiation de la Mère de Dieu.
Mais il nous invite efficacement à y recourir en ces jours où
l'Église et la civilisation chrétienne sont secouées
par une tempête sans précédent.
Il
n'y a aucun doute que ce Message soit destiné au monde entier.
Il y a des apparitions, de la Très Sainte Vierge ou d'autres
habitants du Ciel, voire de Notre-Seigneur Lui-même, qui n'ont
qu'un intérêt local et parfois personnel. De telles
apparitions n'ont pas l'éclat extérieur, ni le contenu
de Paray-le-Monial, ou de Lourdes, ou de Fatima. Une caractéristique
est à noter en outre, des apparitions et messages universels.
Ils font partie d'une sorte de dialogue entre le Ciel et l'Église
universelle s'exprimant par son autorité suprême. Voyez
par exemple, l'histoire de Lourdes. Rome venait de proclamer
solennellement le dogme de l'Immaculée Conception. La Vierge
apparaît à une pauvre enfant ignorante qui ne savait
même pas le sens de ces mots éthérés
Immaculée Conception, et elle lui dit pour se nommer en
patois pyrénéen : « Je suis
l'Immaculée Conception ». Fatima s'insère
aussi dans un de ces dialogues sublimes et grandioses entre l'Église
de la terre et l'Église du Ciel.
*
*
*
Le
5 mai 1917, Benoît XV ordonne une Croisade de prières
pour la Paix. Principalement de prières à Marie. Et
spécialement de Rosaires. Il ajoute aux litanies de la Très
Sainte Vierge, après l'appellation de Reine du Rosaire, celle
de Reine de la Paix. Cette dernière invocation des litanies
mariales date, en effet, de la première guerre mondiale, et
exactement du 5 mai 1917. Or, les apparitions de Fatima commencèrent
le 13 mai 1917. Et elles ont trait à la guerre et à la
paix, et elles demandent de prier et particulièrement de
réciter le Rosaire pour la paix et pour un renouveau chrétien,
condition sine qua non d'une paix véritable. Les
apparitions de Fatima ont répondu en quelque sorte à un
appel de l'Église. Et voici maintenant que l'Église
répond à l'appel des Apparitions. Voici que le
Saint-Père déclenche dans le monde entier un mouvement
de consécration au Cœur
immaculé de Marie selon la requête formelle de
Notre-Dame de Fatima.
Enfin,
il y a des coïncidences saisissantes, que l'on n'a pas
remarquées d'abord. Le 16 avril 1917, un mois après la
révolte qui avait provoqué l'abdication du Tzar Nicolas
II, Lénine et Trotski arrivaient à Pétrograd. Le
7 novembre de la même année, c'était le triomphe
de la révolution bolchevique. Entre ces deux dates, se situent
les apparitions de Fatima. Aux deux extrémités de
l'Europe. D'un côté, le déchaînement d'un
mouvement révolutionnaire qui voulait anéantir la
civilisation chrétienne. De l'autre, une lueur d'espoir, la
Stella Maris, l'étoile sur la mer agitée de
toutes les tempêtes de l'histoire du Christianisme.
De
même, on a remarqué que le Pape actuel fut sacré
Évêque exactement le 13 mai 1917, le jour, et à
peu près à l'heure même, de la première
apparition de Fatima. Recevait donc à cette heure la plénitude
du sacerdoce celui qui était destiné à gouverner
l'Eglise dans la redoutable tempête que venait annoncer la
Reine du Ciel, et à jouer un tel rôle dans le sauvetage
grandiose dont elle promulguait les lois indispensables. Avions-nous
raison de dire que le Ciel enfle la voix et qu'il ne s'agit pas,
comme nous en adjure le Psalmiste, de lui opposer des
cœurs endurcis. Ce livre a pour objet de rapporter
fidèlement le Message de Fatima, d'en raconter les
circonstances émouvantes, pittoresques et prodigieuses, d'en
dégager, en nous inspirant des commentaires les plus
autorisés.
~ 2 ~
La
scène et les acteurs
Les
événements que nous avons à raconter se
déroulent comme un de ces Mystères moyen-âgeux
qui se jouaient sur le parvis des cathédrales. Avant d'en
faire défiler les actes et les intermèdes, il nous faut
en décrire le cadre et présenter les acteurs. La scène
est un amphithéâtre naturel. Un vaste amphithéâtre
choisi sans aucun doute pour d'immenses rassemblements. Il a environ
500 mètres de diamètre. Et s'il devient trop étroit,
il y a de l'espace alentour dans toutes les directions. La
Très Sainte Vierge a voulu son amphithéâtre. Le
paganisme, ancien et moderne, a toujours célébré
dans les amphithéâtres ses fêtes et ces liturgies,
où s'entremêlent monstrueusement, dans une atmosphère
de luxe, la volupté et la cruauté. L'amphithéâtre
de Notre-Dame est remarquable par son austérité. Le sol
de ces pentes qui dominent Fatima est rocailleux. Les paysans n'ont
jamais fini d'en extraire les pierres. Celles-ci s'accumulent au bord
des champs et constituent de véritables murs rustiques qui
séparent et entourent les propriétés. Le terrain
est calcaire, poreux. Il ne tient pas l'eau. Ni source, ni cours
d'eau. Pas d'irrigation possible. La seule source de Fatima, nous
l'avons déjà dit, est au-dessous du bourg. Rien que de
l'eau de pluie pour tous usages. Des citernes creusées dans le
roc et ombragées par le feuillage épais des figuiers la
conservent très fraîche. Ces citernes sont bien
entretenues. L'eau en est potable et même, dit-on, agréable
à boire.
*
*
*
La
culture d'une terre de ce genre, on le devine, nourrit péniblement
ceux qui l'exploitent. Population fruste et laborieuse. Les familles
y sont nombreuses. Il faut des bras pour obliger la terre à
produire. Même les tout petits ont déjà leur
tâche. Ils gardent les brebis. Chaque famille a un petit
troupeau. L'élevage du mouton est une des ressources de la
région.
Oh,
ce ne sont pas de grands troupeaux parqués. Quelques brebis
par famille, gardées par de jeunes enfants. Car, à
partir de 11 ou 12 ans, on est mis à des travaux plus rudes.
C'est la raison pour laquelle la plupart des enfants, à
l'époque dont nous parlons, c'est-à-dire durant la
guerre 14-18, n'allaient pas à l'école. On faisait
cependant exception, généralement, pour l'un ou pour
l'autre mieux doué et montrant plus de goût pour
l'étude. Son instruction servira à toute la famille.
C'est lui, notamment qui fera la lecture à haute voix, les
longues soirées de la saison morte. Mais
l'éducation de tous, surtout leur éducation religieuse,
était très soignée. Les familles ne s'étant
pas déchargées sur l'école de leur obligation
d'instruire et d'élever leurs fils et leurs filles, s'y
employaient elles-mêmes consciencieusement.
Fatima
est dispersé en nombreux hameaux dans les replis d'une
montagne appelée la serra de Aire. L'amphithéâtre
dont nous parlons est situé sur les hauteurs qui dominent
l'ensemble de cette localité. Citons quelques lieux dits des
environs de Fatima. Leurs noms font image et nous aident à
nous représenter le pays. O Cabeço, La Grosse Tête,
colline arrondie. Os Moinhos, Les Moulins, une colline qui porte
quelques moulins à vent ( les moulins à vent sont
les seuls possibles dans cette région sans cours d'eau ).
Os Valinhos, les Vallons, coin plus fertile et fleuri. La Cova da
Iria, le Creux (ou la cuve) d'Iria, notre amphithéâtre.
*
*
*
Et
maintenant, les acteurs. Nous ne parlons pas de l'acteur principal,
venu du ciel. Mais des voyants. Lucia, Francesco, Jacinta,
respectivement 10 ans, 9 ans et 7 ans. Lucia dos Santos, la plus
jeune de 5 enfants. Francesco et Jacinta Marto, frère et sœur,
les deux plus jeunes de 11 enfants. Que de fois en étudiant la
vie de personnages qui ont joué un grand rôle, qui ont
été des héros, des saints, des savants, des
artistes, des bienfaiteurs de l'humanité, ne nous arrive-t-il
pas de heurter ce fait : c'est le plus jeune ou un des plus jeunes
d'une famille nombreuse.
Si
cette famille avait été moins nombreuse ? Si ces
parents avaient eu moins de vaillance ? S'ils avaient été
de ces pusillanimes qui ont peur de la vie ? Lucia est la cousine de
Francesco et de Jacinta. Son père et leur mère étant
frère et sœur. Ils étaient très liés.
Lorsque Lucia, vers l'âge de 8 ans, fut chargée du
troupeau familial pour remplacer sa sœur
aînée, qui montait en grade dans le travail
agricole, Francesco et Jacinta demandèrent à leurs
parents de pouvoir l'accompagner. Mais ils étaient trop
petits, les parents s'y opposèrent.
À
force d'insistance, ils obtinrent d'être promus bergers avant
l'âge. Lucia serait leur ange gardien. Et tous les jours, ils
se donnaient rendez-vous à la Glaisière, une mare
située à la sortie d'Aljustrel, le hameau auquel ils
appartenaient. Là, les deux petits troupeaux étaient
réunis, et on partait pour les hauteurs, où il y a des
bois de chênes-verts et de sapins, séparés par
des landes couvertes de bruyère et de romarin. À cette
époque on récitait un Pater en l'honneur des Anges
Gardiens. À midi, après le déjeuner, on récitait
le chapelet. La journée se passait à jouer en
surveillant les brebis. Ils ont avoué que le jeu les attirait
au point que, parfois, on précipitait la récitation du
chapelet, ne disant sur chaque grain que les deux premiers mots de
l'Ave. C'était de la sorte bien vite expédié.
*
*
*
Ces
enfants ne se lassaient pas d'être et de jouer ensemble. Le
plus effacé était Francesco. Il eut aussi, dans la
grande aventure où ils allaient être jetés, le
rôle le plus modeste. Il vit, mais n'entendit pas Notre-Dame.
De l'entretien de Lucia avec la Dame mystérieuse, il
n'entendait que les questions et les répliques de Lucia. Il
n'en fut pas moins un témoin fidèle et courageux, comme
nous le rapporterons plus loin.
*
*
*
Des
deux fillettes, la plus vivante et la plus charmante est Jacinta.
Elle chérissait fleurs et agneaux, s'extasiait devant les
étoiles, les grands espaces. Elle avait un don inné de
la musique et de la danse. Elle chantait de sa voix juste et
cristalline couplets et cantiques dans la montagne, ravie d'entendre
l'écho répéter ses appels. Le nom que l'écho
répétait le mieux 'était « Maria ».
Lucia est la plus virile des trois voyants. Elle fut naturellement le
porte-parole du groupe.
Ils
avaient été préparés à leur
mission par un premier contact avec le monde invisible : Ce fut
comme le prologue du Mystère auquel nous allons assister. Nous
allons raconter ce prologue tel que Lucia l'a relaté après
l'avoir gardé secret durant de longues années.
Francesco et Jacinta n'en soufflèrent mot à âme
qui vive. Mais entre eux, fréquemment, ils évoquaient
cette scène de Paradis.
*
*
*
Un
jour de printemps, ils s'étaient réfugiés,
pendant un orage, dans une anfractuosité du Cabeço. Là,
ils prirent leurs repas, récitèrent leur chapelet et se
mirent à jouer. L'orage était passé. Mais une
rafale leur fit lever les yeux. Ils virent alors venir vers eux un
personnage de lumière glissant sur les bosquets d'oliviers que
dominait leur regard de l'ouverture de la grotte. « C'était »,
dit la voyante, « comme un être de neige qui
serait traversé et transfiguré par la lumière du
soleil. Il était beau et souple, comme un très jeune
homme, mais d'une beauté incomparable ».
Il
les rassura avec douceur, se nomma l'Ange de la Paix, puis leur dit
qu'il venait leur apprendre une prière. La voici :
« Mon
Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime !
Je
vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas,
qui n'espèrent pas et qui ne vous
aiment pas »
Cette
prière, assura l'Ange, aurait le don d'émouvoir les
Cœurs très saints de Jésus et de Marie. L'Ange
lui-même récita cette prière devant eux,
profondément incliné, le front touchant terre. Que de
fois, dans la même attitude prosternée, n'ont-ils pas
récité cette prière. Francesco et Jacinta,
lorsqu'ils furent malades à mourir et incapables de se lever,
la disaient encore, tout désolés de ne pouvoir plus se
prosterner comma l'Ange le leur avait appris.
Quelques
mois après cette apparition, ils reçurent encore la
visite de l'Ange, dans le jardin de la maison Santos, derrière
le bouquet de figuiers qui ombrage la citerne. Il leur recommanda
avec une nouvelle insistance de prier pour la paix et pour la Patrie.
Il se dit alors l'Ange Gardien du Portugal.
Une
troisième fois, l'Ange leur apparut. Cette fois, comme la
première, c'était dans la grotte du Cabeço, où
ils s'étaient rendus pour dire leur chapelet et la prière
« Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère...»
Le céleste Messager se présenta tenant en mains un
calice et une hostie. De l'hostie, des gouttes de sang tombaient dans
le calice. L'Ange lâcha le calice et l'hostie qui restèrent
d'eux-mêmes suspendus en l'air, et il se prosterna en
adoration, disant la formule suivante :
«
Très Sainte Trinité, Père, Fils et
Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le
très précieux Corps, Sang,
Ensuite,
l'Ange communia les enfants. Lucia communiait depuis l'âge de 7
ans. Les deux autres attendaient encore, avec quelle impatience, le
beau jour de leur première communion. Mais n'ont-ils pas fait
ce jour-la leur première communion ? L'Hostie fut donnée
à Lucia. Le Calice, partagé entre Francesco et Jacinta.
Le lecteur se demande peut-être où l'Ange est aller
chercher cette Hostie et ce calice consacrés. Car les anges ne
sont pas prêtres et n'ont pas reçu le pouvoir d'opérer
la transsubstantiation. Comme si la
puissance de Dieu était liée au sacerdoce qu'Il a
institué et comme s'Il ne pouvait pas dépasser les lois
de l'ordre surnaturel aussi bien que celle de l'ordre naturel !
Ces
apparitions de l'Ange eurent lieu durant la belle saison de 1916, un
an avant celles de la Cova da Iria. L'Ange était venu préparer
ces âmes d'enfants à la visite de la Reine du Ciel et à
leur grande mission. Nous pouvons maintenant nous les représenter
tels qu'ils étaient à la veille des événements
de 1917. Natures saines et frustes. Pieux et affectueux, sans l'ombre
de mièvrerie. Même Jacinta, si fine et artiste-née.
Ils aiment la nature, la liberté, la vie. Ils sont exactement
le contre-pied de ces êtres de nervosité morbide qu'une
certaine science déclare prédisposés aux visions
et aux révélations. Mais dans leur simplicité et
leur ignorance – nous ne disons pas leur inintelligence,
car ils ont fait preuve tous les trois, nous le verrons, d'un grand
bon sens en même temps que d'un ferme caractère – ils
étaient comme de plain-pied avec le surnaturel et le monde
invisible.
*
*
*
La
Très Sainte Vierge a bien choisi ses témoins. Comme
elle a bien choisi, répétons-le, l'endroit de ses
manifestations, cet amphithéâtre dépouillé
et austère, loin de tout luxe et de tout confort. Encore
actuellement, il n'y a aux environs de ce lieu de pèlerinage,
un des plus fréquentés du monde, ni hôtel ni
restaurant 
chapelle pour les confessions et une basilique, qui est la plus
grande église du Portugal. Et ce n'est pas sans raisons non
plus que le Portugal a été choisi par Notre-Dame.
Fatima est (suite dans le livre)
1Nous
sommes dans les années 1930.
2Il
s'agit des « secrets » 1 et 2.
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